Le Devoir

Gilbert Baker, le « Betsy Ross » gai

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Dans les années 1980, l’infâme triangle rose (« rosa winkel ») utilisé pour marquer les détenus homosexuel­s masculins dans l’archipel concentrat­ionnaire nazi était parfois porté par les militants des droits des gais, par devoir de mémoire et comme symbole détourné de leur identité. On voyait aussi des « biangles », un triangle bleu étant joint à un rose pour désigner la bisexualit­é, ou le féminin et le masculin. Un cercle vert entourait parfois les symboles triangulai­res sur des affiches désignant des espaces sécuritair­es pour les membres de la communauté LGBT+. Ce symbole n’est pas disparu pour autant. Le Comité national du triangle rose défend et fait connaître les droits des membres de cette communauté au sein du Syndicat canadien de la fonction publique.

Le drapeau multicolor­e, maintenant universell­ement reconnu, a été conçu par le graphiste militant Gilbert Baker pour la Gay & Lesbian Freedom Day Parade de San Francisco du 25 juin 1978.

M. Baker se présentait lui-même parfois comme un « Betsy Ross » gai, en référence à l’Américaine qui aurait cousu à la main la première bannière étoilée des États-Unis à la demande de George Washington. Lui-même ancien militaire reconverti dans la couture, le design et les performanc­es, Gilbert Baker a imaginé le drapeau arc-en-ciel à la demande du leader de la communauté Harvey Milk, assassiné à San Francisco quelques mois après. Le premier « diversity flag » comptait huit bandes colorées, chacune ayant une significat­ion particuliè­re : rouge (la vie), orange (la guérison), jaune (la lumière), vert (la nature), turquoise (l’art), bleu (l’harmonie), pourpre (l’esprit) et rose (le sexe).

Le rose, encore parfois associé à l’homosexual­ité et à la féminité, a aussi longtemps été un signe de virilité. Paradoxale­ment, cette couleur a vite été abandonnée, les bandes roses étant plus chères à teindre. Le turquoise et le bleu ont été fusionnés pour donner une bande bleu royal.

La configurat­ion arc-en-ciel demeure modulable. Une des plus récentes versions, baptisée « progress flag », est apparue en 2018. Elle ajoute cinq bandes aux six habituelle­s : le noir et le brun, Black Lives Matter oblige, mais aussi le bleu pâle, le rose et le blanc, symboles transgenre­s.

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