Des éleveurs de porcs bientôt contraints de procéder à l’abattage
Le temps est compté pour régler le conflit à l’abattoir de Vallée-Jonction avec la canicule qui est mal tolérée par les animaux, surtout en surnombre
À l’approche d’une vague de chaleur qui pourrait incommoder encore plus les porcs entassés dans leur parc, les Éleveurs de porcs du Québec lancent « un cri du coeur » pour demander à la direction d’Olymel et aux employés syndiqués de l’usine d’abattage de porcs de Vallée-Jonction de trouver une solution pour mettre fin à la grève.
Le temps est compté pour éviter le gaspillage alimentaire. L’association recense 136 000 porcs en attente d’abattage. Certains producteurs pourraient être contraints de procéder à l’abattage humanitaire « d’ici la fin de la semaine », prévient David Duval, président des Éleveurs de porcs du Québec, en conférence de presse lundi matin. « Pour certains producteurs, ça pourrait être d’ici la fin de la semaine. Pour d’autres, ça pourrait être d’ici une semaine ou deux. »
Le porc est un animal qui a de la difficulté à tolérer les canicules, explique M. Duval. Cette expérience est encore plus difficile pour les animaux lorsqu’ils sont plus nombreux et de plus grande taille dans leur parc. « Chaque fois qu’il y en a un qui se lève, il dérange tout le monde. Alors, ça fait en sorte qu’ils peuvent se mordre ou se battre. »
Les éleveurs de porcs sont des « victimes collatérales » d’un conflit dans lequel ils n’ont pas leur mot à dire, déplore M. Duval. « C’est nous qui payons le prix de cette grève-là, c’est nous qui faisons des pieds et des mains pour éviter le gaspillage alimentaire. »
Pour Lori-Anne Berthiaume, copropriétaire d’un élevage porcin à SaintElzéar, il s’agit du pire moment de ses quinze années de carrière. « C’est une situation extrêmement stressante », raconte-t-elle. Elle rapporte que 10 % de sa production annuelle n’a pas été abattue jusqu’à maintenant. « C’est peut-être 10 % de mes revenus que je pourrais perdre. »
Marcel Groleau, président de l’Union des producteurs agricoles du Québec (UPA), a indiqué qu’Olymel représente 80 % de la capacité d’abattage de porcs au Québec. « Lorsqu’elle n’arrive pas à respecter ses engagements, les conséquences sont importantes. Autant que le syndicat, Olymel a une responsabilité morale et éthique à trouver une solution. »
Proposition rejetée
Au même moment où les éleveurs appelaient les parties à s’entendre, les travailleurs d’Olymel ont rejeté une proposition de quart de travail de l’employeur, en assemblée. Les employés qui font le quart de soir à l’usine de Vallée-Jonction ont voté contre la proposition d’instaurer un horaire de travail de 10 heures sur 4 jours, lors d’une assemblée lundi matin. La proposition a été rejetée à 82 %, confirme une source syndicale.
Chez Olymel, on accuse le syndicat de porter « l’odieux » du prolongement de la grève, qui a commencé le 28 avril. Paul Beauchamp, premier viceprésident d’Olymel, accuse le syndicat de revenir sur sa parole et affirme que les parties s’étaient entendues sur l’horaire de soir. « On ne peut pas donner sa parole et ensuite la retirer en pensant faire avancer la négociation. »
À la CSN, on juge préférable de ne pas commenter les négociations, pour le moment, afin d’éviter de jeter de l’huile sur le feu. On assure prioriser la négociation pour permettre un dénouement le plus rapide possible du conflit.
Les éleveurs devront toutefois prendre leur mal en patience, prévient M. Beauchamp. Conclure une entente approuvée par les employés n’est pas la seule étape, ajoute-t-il. Une fois une entente votée, il faudra inspecter le bâtiment et désinfecter les installations.
Cela fait maintenant 22 séances de conciliation qui échouent entre les parties. Les points encore en litige sont le salaire des employés, les horaires de travail et la durée de la convention collective.
Olymel a une responsabilité morale et éthique à trouver une solution
MARCEL GROLEAU »