Le passeport sanitaire entre dans la vie quotidienne des Français
La mesure entre en vigueur dans une certaine fébrilité, malgré la contestation dans la rue
Bars, restaurants, cinémas, hôpitaux, transports : le passeport sanitaire a fait son entrée lundi dans la vie quotidienne des Français pour tenter d’enrayer la propagation de la COVID-19, malgré la contestation dans la rue.
Face à la nécessité de ne pas admettre dans leurs établissements les clients qui n’en seraient pas munis, des professionnels ont entamé la journée avec une certaine fébrilité.
« Si je commence à habituer les gens à la tolérance, je suis foutu. » À la brasserie Le Passage Saint-Michel de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, le patron, Stéphane Latour, vient de refuser de servir en terrasse une jeune femme, une cliente habituelle qui n’a pas encore reçu sa deuxième dose de vaccin, et tente de calmer son mécontentement. Toutefois, « à part quelques-uns, les gens comprennent. S’ils n’ont pas le passeport, ils prennent des cafés à emporter », confie-t-il. Quelques rues plus loin, Mathilde Cotto, serveuse à la Villa Tourny, est plus inquiète : « On perd des clients, et ce midi, pour l’instant, on n’a aucune réservation, alors que normalement, nous sommes complets à chaque fois. »
Le gouvernement assure que la tolérance sera de mise ces premiers jours de mise en oeuvre du passeport, considéré comme une « incitation à la vaccination » et une « préservation de la liberté », selon les mots du ministre délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, avec l’objectif de pouvoir éviter ainsi de nouveaux couvre-feux et confinements.
Déjà en vigueur dans plusieurs pays européens — et dans les lieux de culture de France depuis le 21 juillet — , le passeport sanitaire prend la forme d’un code QR qui doit dorénavant être présenté pour aller au restaurant, au cinéma, au musée, au théâtre et dans les transports sur de longues distances. Et s’il n’est pas demandé chez le médecin généraliste, il l’est en revanche dans les hôpitaux.
Dans les endroits où il est en vigueur, le port du masque ne sera plus obligatoire.
Un passeport sanitaire valide témoigne d’une vaccination complète, d’un certificat attestant de la guérison de la COVID-19 au cours des six derniers mois ou d’un test négatif datant de « moins de 72 heures ». En pleine saison touristique, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères a aussi annoncé la mise en place d’un dispositif spécifique permettant aux touristes étrangers adéquatement vaccinés d’obtenir un passeport sanitaire valable.
Contrôles « massifs » à prévoir
Gare aux fraudeurs. Ceux qui présentent un passeport « qui n’est pas le leur encourent de fortes amendes », et les passeports « abusivement utilisés seront placés sur liste noire et rendus inutilisables », a prévenu dimanche le secrétaire d’État au Numérique, Cédric O.
Dans les transports, les contrôles « seront massifs », promet JeanBaptiste Djebbari, mais « pas systématiques » en regard du nombre de voyageurs quotidiens dans les trains (400 000). Les forces de l’ordre vont en priorité cibler les zones urbaines et touristiques. Un professionnel qui n’appliquerait pas les contrôles requis encourt, si ce manquement est constaté « à plus de trois reprises au cours d’une période de 45 jours », jusqu’à 9000 euros d’amende et un an d’emprisonnement.
L’introduction de ce passeport sanitaire est contestée dans la rue : des manifestations se sont déroulées pour le quatrième week-end consécutif, et près de 240 000 personnes ont défilé dans le calme samedi, selon les autorités.
Au sein de l’exécutif, on affirme néanmoins que l’allocution télévisée du président Emmanuel Macron le 12 juillet a donné un coup de fouet à la campagne de vaccination. Il a aussi diffusé début août 12 vidéos sur les réseaux sociaux, vues plus de 60 millions de fois, pour répondre aux interrogations sur ce sujet.