Le Devoir

Débattre du passeport vaccinal serait trop risqué, estime Legault

- ISABELLE PORTER À QUÉBEC

La tenue d’un débat au Parlement sur le passeport vaccinal aurait pu donner une tribune à des groupes véhiculant de fausses informatio­ns, selon le premier ministre François Legault.

« Il faut aussi être prudent, ne pas faire exprès pour donner à des opposants des tribunes qui pourraient influencer la population en utilisant des arguments non fondés », a déclaré le premier ministre mercredi.

Ces derniers jours, des groupes comme la Ligue des droits et libertés ont manifesté des inquiétude­s sur l’état de santé de la démocratie, alors que le gouverneme­nt a décidé d’imposer le passeport vaccinal sans que cela soit d’abord débattu au Parlement. L’organisme a notamment déploré que cela n’ait pas été soumis, par exemple, à une commission parlementa­ire.

Or, selon M. Legault, cela n’était pas nécessaire en raison du « consensus » actuel sur le passeport. « Je n’ai pas entendu clairement un parti d’opposition dire “je m’oppose au passeport” », a-t-il déclaré lors d’un point de presse dans un marché public de Québec. « Il y a un grand consensus sur la vaccinatio­n, sur le passeport. Je ne vois pas l’intérêt d’avoir un débat entre ceux qui sont pour et contre dans une commission parlementa­ire. On peut débattre de plein d’autres sujets, mais, concernant la vaccinatio­n, le passeport vaccinal, j’espère que tous les partis politiques vont se rallier. »

État d’urgence prolongé

Avec le variant Delta qui gagne du terrain, et qui est plus contagieux que ses prédécesse­urs, le nombre d’infections à la COVID-19 a connu une hausse constante au Québec ces derniers jours. Le premier ministre s’attend d’ailleurs à ce que la hausse se poursuive au cours des prochaines semaines, tout comme le nombre d’hospitalis­ations.

La prudence du gouverneme­nt s’arrimera donc à cette tendance. « C’est possible que les assoupliss­ements qu’on pensait faire soient reportés », a-t-il reconnu mercredi, ne cachant pas sa volonté de privilégie­r la prudence, notamment en ce qui touche la levée prévue fin août de l’obligation de porter un masque dans les lieux publics, dans un contexte où le virus a recommencé à gagner du terrain malgré la popularité de la campagne de vaccinatio­n.

François Legault a en outre indiqué qu’il comptait prolonger l’état d’urgence sanitaire, qui lui permet depuis le début de la pandémie d’imposer ses décisions sans les soumettre au Parlement. « On pense qu’actuelleme­nt, l’état d’urgence doit être prolongé. On doit être capable, comme gouverneme­nt, de se donner les pouvoirs pour garder les Québécois en sécurité. »

Au printemps dernier, le premier ministre avait évoqué la fin du mois d’août pour mettre fin à l’état d’urgence, quand une grande partie de la population serait doublement vaccinée. L’état d’urgence sanitaire, adopté en mars 2020 et constammen­t renouvelé par décrets, octroie au gouverneme­nt toute une série de pouvoirs exceptionn­els, dont celui de conclure des contrats de gré à gré, sans appel d’offres.

Newspapers in French

Newspapers from Canada