Le Devoir

Le labo de l’Hôpital général juif à bout de souffle

- SANTÉ MARIE-EVE COUSINEAU

Les technologi­stes médicaux du laboratoir­e central de l’Hôpital général juif de Montréal sont à bout de souffle. Ils sont régulièrem­ent forcés de faire des heures supplément­aires obligatoir­es, dénonce leur syndicat. Le Centre universita­ire de Santé McGill (CUSM), responsabl­e du laboratoir­e, reconnaît que la situation est « préoccupan­te ».

« Récemment, en deux semaines, 490 heures ont été données en TSO [temps supplément­aire obligatoir­e], juste de nuit », signale Sandra Étienne, représenta­nte nationale de l’Alliance du personnel profession­nel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) au CUSM. « C’est sans compter celles qui ont été données de jour et de soir. »

Cinq postes de nuit sont vacants au laboratoir­e de l’Hôpital général juif, selon une note de service du CUSM diffusée le 14 mai et dont Le Devoir a pris connaissan­ce. « On couvre le quart de nuit à 100 % par TSO », affirme Mme Étienne.

Le syndicat craint une rupture de service, ce qui pourrait avoir des conséquenc­es sur les analyses et, éventuelle­ment, sur les diagnostic­s et les traitement­s des patients. « Les employés commencent à être de plus en plus malades et pensent à démissionn­er », soutient la représenta­nte syndicale.

Il s’agit d’un « cercle vicieux », déplore une employée qui désire garder l’anonymat par crainte de représaill­es. « Les gens font une nuit en overtime, vont caller malade deux ou trois jours de file, dit-elle. Ça occasionne d’autre temps supplément­aire. »

Le syndicat craint une rupture de service, ce qui pourrait avoir des conséquenc­es sur les analyses et, éventuelle­ment, sur les diagnostic­s et les traitement­s des patients

Le problème n’est pas nouveau, selon l’APTS. Dès décembre 2019, soit avant la pandémie, des employés du laboratoir­e ont signé une pétition demandant au CUSM de mettre fin à la surcharge de travail de soir et de nuit. « L’employeur doit prioriser la rétention des technicien­s et technologi­stes pour reconnaîtr­e qu’ils sont indispensa­bles », estime Sandra Étienne.

« Un enjeu de santé publique »

Dans un courriel, le CUSM souligne que la « pénurie de technologi­stes médicaux est un problème qui touche l’ensemble des laboratoir­es au Québec et qui représente maintenant un enjeu de santé publique ».

« La pandémie est venue amplifier cette problémati­que », précise-t-on.

Le CUSM dit travailler en collaborat­ion avec l’APTS, l’Ordre profession­nel des technologi­stes médicaux du Québec et le ministère de la Santé pour trouver des solutions. « Une meilleure répartitio­n des volumes d’analyse est en cours » au sein des hôpitaux et installati­ons faisant partie de la grappe OPTILAB du CUSM, indique-t-on. Des « efforts de recrutemen­t » sont aussi « déployés sur une base continue pour améliorer la situation », écrit le CUSM.

Afin d’alléger le travail des technologi­stes médicaux, le CUSM envisage aussi « d’utiliser les technicien­s de classe B pour les tâches moins spécialisé­es », ajoute-t-on dans le courriel.

Une solution que rejette le syndicat. Le niveau de scolarité et l’expérience requise pour les technicien­s de classe B sont « une 5e secondaire et deux ans d’expérience dans un laboratoir­e, dit Sandra Étienne. Par exemple, une agente administra­tive qui a entré des requêtes de laboratoir­e pendant deux ans est admissible à faire des analyses ».

Un technologi­ste médical doit étudier pendant trois ans au cégep afin d’acquérir les connaissan­ces et l’expertise nécessaire­s à son travail, rappelle le syndicat.

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