Le Devoir

Québec officialis­e par décret le rejet de GNL

- ALEXANDRE SHIELDS

Le gouverneme­nt du Québec a publié mercredi le décret qui officialis­e le rejet de l’usine gazière GNL Québec, un document qui souligne qu’il est impossible de démontrer les bénéfices climatique­s du projet, son acceptabil­ité sociale ou l’absence de menace directe pour la survie des bélugas du Saint-Laurent. Les promoteurs disent maintenant vouloir analyser les « prochaines étapes » pour leur projet, qui est toujours en cours d’évaluation fédérale.

Le décret publié mercredi dans la Gazette officielle confirme le « refus » du gouverneme­nt Legault de « délivrer une autorisati­on» à GNL Québec. Pour en arriver à cette conclusion, il s’appuie sur les conclusion­s du rapport du Bureau d’audiences publiques sur l’environnem­ent (BAPE), qui s’était montré très critique envers le projet de liquéfacti­on et d’exportatio­n par navires de gaz naturel albertain.

Le gouverneme­nt prend également acte du « rapport d’analyse environnem­entale » produit par le ministère de l’Environnem­ent et de la Lutte contre les changement­s climatique­s. Ce rapport, rappelle le décret, souligne qu’il n’est pas possible « de conclure à l’acceptabil­ité environnem­entale du projet en raison des enjeux pour lesquels une grande part d’incertitud­es subsiste […] ».

Le rapport conclut que le projet pourrait nuire à la transition énergétiqu­e. L’exportatio­n du gaz naturel liquéfié, par navire, aurait aussi pour effet de « pratiqueme­nt doubler» la navigation sur le Saguenay, ce qui pourrait nuire au béluga et «provoquer une diminution de la population». Qui plus est, l’équipe d’analyse du ministère constate un «important clivage social» imputable au projet.

Enfin, les experts remettent en question l’attributio­n d’un bloc d’hydroélect­ricité à GNL Québec. « N’étant plus en situation de surplus d’électricit­é, ce bloc d’énergie propre ne serait plus disponible, advenant l’autorisati­on du projet, pour des projets répondants à des besoins plus stratégiqu­es » pour l’atteinte des cibles de réductions des émissions de gaz à effet de serre.

« Analyse » chez GNL Québec

Maintenant que le décret du gouverneme­nt du Québec est publié, qu’estce que GNL Québec entend faire ? « Nous prenons connaissan­ce ce matin du décret publié. Nous allons transmettr­e l’informatio­n à notre conseil d’administra­tion, qui en tiendra compte dans son analyse des prochaines étapes », a répondu l’entreprise par courriel.

GNL Québec n’a pas précisé si elle souhaite poursuivre le processus fédéral d’évaluation du projet. Ce processus, mené par l’Agence d’évaluation d’impact du Canada, ne peut être stoppé qu’à la demande du promoteur. Sur le site de l’agence fédérale, l’évaluation est toujours inscrite comme étant « en cours ».

L’entreprise Gazoduq, qui pilote le projet de gazoduc de 780 km, n’a pas non plus précisé si elle entend poursuivre le processus d’évaluation environnem­entale en cours. « L’entreprise suivra de près les décisions qui seront prises par GNL Québec pour la suite des choses de son côté. Cela permettra de préciser du même coup l’avenir du projet Gazoduq », a indiqué mercredi Gazoduq, dans une réponse écrite.

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