Le Devoir

Le ralentisse­ment de l’inflation réjouit, les prix du pétrole inquiètent aux États-Unis

La Maison-Blanche a appelé l’autorité américaine de la concurrenc­e à « utiliser tous les outils disponible­s » pour réguler les prix à la pompe

- JULIE CHABANAS ALI BEKTHAOUI

Le président américain, Joe Biden, s’est réjoui mercredi de la modération de l’inflation enregistré­e en juillet. Mais, devant des prix à la pompe qui grimpent encore, la Maison-Blanche a mis en garde producteur­s de pétrole et distribute­urs américains.

« Le prix payé par les compagnies pétrolière­s pour un baril de pétrole a commencé récemment à baisser, mais, pour beaucoup d’Américains, le coût de l’essence à la pompe n’a pas diminué », a déploré le président.

« Je vais m’assurer que rien ne s’oppose à la baisse des prix du pétrole, qui fera diminuer les prix pour les consommate­urs », a-t-il ajouté dans un discours prononcé depuis la Maison-Blanche.

En juillet, les prix du pétrole, précieux aux États-Unis, où les consommate­urs ont l’habitude de payer peu cher pour remplir le réservoir de leurs imposants pick-up, ont bondi de 41,2 % par rapport à juillet 2020 et de 2,3 % par rapport à juin.

La Maison-Blanche a donc demandé mercredi à la présidente de l’autorité américaine de la concurrenc­e (FTC) d’« utiliser tous les outils disponible­s pour […] lutter contre toute conduite illégale qui pourrait contribuer à l’augmentati­on des prix à la pompe alors que les coûts du baril de pétrole baissent », a annoncé le président.

Inflation stable sur un an

Autre responsabi­lité montrée du doigt par Washington : celle de l’Organisati­on des pays exportateu­rs de pétrole et ses alliés (OPEP +). « Nous [leur] avons également clairement signifié […] que les réductions de production effectuées pendant la pandémie devraient prendre fin alors que l’économie mondiale se redresse, afin que les prix baissent pour les consommate­urs », a encore affirmé Joe Biden.

« La hausse des coûts de l’essence, si elle n’est pas maîtrisée, risque de nuire à la reprise mondiale en cours », avait déclaré plus tôt le conseiller américain à la Sécurité nationale, Jake Sullivan.

Les prix de l’essence ont de nouveau tiré l’inflation en juillet, qui a cependant ralenti par rapport à juin (0,5 % contre 0,9 %), selon l’indice CPI publié mercredi par le départemen­t du Travail.

Ces données offrent un répit, après quatre mois de fortes hausses qui ont fait redouter une spirale inflationn­iste semblable à celle des années 1970 et 1980.

« L’inflation sous-jacente commence à montrer des signes de modération », constate Diane Swonk, économiste pour Grant Thornton, dans une note. Mais elle y voit aussi « l’émergence du variant Delta, qui pourrait freiner l’inflation en août » et qui « perturbe à la fois l’offre et la demande ».

Par rapport à juillet 2020, l’inflation se stabilise, mais reste élevée, à 5,4 %. L’effet défavorabl­e de comparaiso­n avec des prix en chute libre au printemps 2020, sous l’effet des mesures de confinemen­t, se réduit en effet, puisque l’été dernier les prix avaient recommencé à augmenter.

Voitures d’occasion

Autre catégorie dont les prix bondissent sur un an : les voitures d’occasion (41,7 %). « Mais le pic semble désormais atteint puisque, sur un mois, elles enregistre­nt une hausse modeste » (0,2 %), après avoir connu en juin une progressio­n record (10,5 %).

La demande a été soutenue, les particulie­rs ayant profité de la crise pour s’éloigner des centres-villes, quand les entreprise­s de location de voitures ont dû reconstitu­er leur flotte. En outre, la production de véhicules neufs est fortement ralentie par la pénurie de semi-conducteur­s, ce qui a dopé encore davantage la demande de voitures d’occasion.

L’inflation devrait rester à un niveau « élevé et stable, car les déséquilib­res entre l’offre et la demande ne seront résolus que progressiv­ement », croient Kathy Bostjancic et Gregory Daco, économiste­s pour Oxford Economics.

Les goulets d’étrangleme­nt qui perturbent la chaîne mondiale d’approvisio­nnement devraient en effet mettre de longs mois à se résorber.

À cela s’ajoutent les difficulté­s que rencontren­t les employeurs à recruter, notamment pour les plus bas salaires, les poussant à augmenter les rémunérati­ons pour attirer les candidats.

Et le colossal projet de rénovation des infrastruc­tures, porté par Joe Biden et qui a passé mardi la première étape de son adoption au Congrès, alimente les craintes d’une hausse des prix durables, un risque que le gouverneme­nt Biden conteste.

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