La musique dans le sang
Kiana Cross, DJ
Étant donné le manque d’information sur les cultures autochtones, j’ai fini par sentir la responsabilité de partager mes connaissances et d’être une voix pour ma communauté
KIANA CROSS
Manger une Pop-Tart, ces pâtisseries de Kellogg’s qui vont dans le grille-pain, fait partie des premiers souvenirs d’enfance de Kiana Cross. « J’avais des Pop-Tart avec des petits bonbons Pokémon dessus », raconte la jeune Mohawk, dont le nom d’artiste est DJ Poptrt.
Mme Cross a aussi grandi à la fin des années 1990 dans le salon de coiffure de sa mère, à Kahnawake, « l’une des entreprises les plus anciennes de la communauté », et en regardant cette dernière accomplir du perlage traditionnel mohawk.
Ces influences, la DJ aux cheveux blond platine les intègre dans son travail et son art. Elle aime l’acid house, les dessins animés et l’esthétique de Windows 95. « Je suis en train d’apprendre à produire de la musique et je veux aussi incorporer des éléments de ma culture, comme des crécelles et des tambours, avec des sons électroniques de synthétiseurs », souligne celle qui a étudié le design graphique et les arts médiatiques. Lors d’un événement en ligne, elle a projeté des images des oeuvres de sa mère.
« Au début, je ne mettais pas en avant le fait d’être autochtone. Mais étant donné le manque d’information sur les cultures autochtones, j’ai fini par sentir la responsabilité de partager mes connaissances et d’être une voix pour ma communauté », souligne-t-elle.
Cette dernière constate d’ailleurs un respect grandissant dans la société envers les Premières Nations, elle qui s’est retrouvée par le passé dans des « situations inconfortables » au secondaire et au cégep. « Il y a cinq ans, je devais faire un travail sur un génocide et j’ai choisi le génocide autochtone. Mon enseignant m’a dit qu’il n’y avait pas eu un tel génocide, parce que j’étais encore vivante, raconte celle qui fréquente aujourd’hui l’Université Concordia. Maintenant, dans les classes, je sens un changement de direction. » Elle apprécie également que les organisateurs de divers événements musicaux reconnaissent publiquement être situés sur des territoires autochtones non cédés.
La pandémie a empêché Mme Cross de pratiquer son gagnepain lors de mariages, d’anniversaires et de départs à la retraite, mais elle croit avoir gagné au change. Sa participation à de nombreux événements en ligne lui a permis de mettre en valeur son identité et de vendre de la marchandise portant son nom, comme des tuques et des chandails.
Les formations en entrepreneuriat et en gestion qu’elle a suivies avec la Commission de développement économique de Kahnawake lui ont été très utiles pour transformer sa passion en source de revenus. Pour elle, l’avenir sera fait de musique et de poignées de main.