Le Devoir

« On n’est pas sortis du bois »

La hausse constante des cas inquiète la Santé publique de Montréal et de Laval

- CORONAVIRU­S JEAN-LOUIS BORDELEAU MARIE-EVE COUSINEAU

Les directions régionales de santé publique de Montréal et de Laval s’attendent à un automne occupé. Les cas de COVID-19 sont en constante hausse sur leur territoire, et ce, avant même la rentrée scolaire et le retour des employés au bureau.

« On n’est pas sortis du bois », a laissé tomber le Dr David Kaiser, de la Direction régionale de santé publique de Montréal, en mêlée de presse jeudi. Son équipe a recensé 617 nouvelles infections à la COVID-19 depuis sept jours, de même que 18 nouvelles hospitalis­ations. Un tel niveau de contaminat­ion n’a pas été vu depuis la fin du mois de mai.

La région de Laval ne fait guère mieux. Elle a enregistré 187 nouveaux cas de COVID-19 durant la semaine du 1er août. Et elle est en voie de dépasser ce bilan hebdomadai­re, a prévenu le directeur régional de santé publique de Laval, le Dr Jean-Pierre Trépanier, lors d’une conférence de presse parallèle. En effet, 166 nouvelles infections ont été dénombrées depuis le début de la semaine du 8 août.

« Quand on regarde ça, la dernière semaine [celle du 1er août], on avait un nombre de cas déclarés trois fois supérieur à ce qu’on avait l’année dernière à la même période, dit le Dr Jean-Pierre Trépanier. Avoir déjà une augmentati­on comme celle-là avant même que la grande rentrée se fasse, oui, à certains égards, c’est vraiment préoccupan­t. »

D’autant, ajoute-t-il, que les enfants de moins de 12 ans ne peuvent être vaccinés contre la COVID-19, aucun vaccin n’ayant encore été homologué pour cette catégorie d’âge.

Selon lui, il faudra mettre en place des « mesures particuliè­res pour la gestion des éclosions » dans les écoles primaires. « Avec les orientatio­ns du ministère de l’Éducation qui ont été présentées [hier], on nous annonce quand même une rentrée scolaire avec des mesures minimales, si on les compare avec celles qui avaient été mises en avant pour la rentrée 2020 », estime-t-il.

Une rentrée surveillée

Le ministre Jean-François Roberge a annoncé mercredi la fin du masque obligatoir­e en classe. Le concept de « bulles-classes » ne sera pas non plus de retour à la rentrée. Le Dr Jean-Pierre Trépanier souligne que ce plan est « très semblable à ce qui avait été annoncé au début de l’été ou à la fin du printemps ».

« Or, la situation épidémiolo­gique, elle a évolué, ajoute-t-il. Elle est en évolution. Je pense qu’il faut prendre acte quand même de ce qui se passe et agir en conséquenc­e. Je pense qu’il va y avoir une certaine marge de manoeuvre en fonction de l’évolution. Je ne peux pas vous dire exactement la mécanique, le chemin que ça va prendre, parce qu’on a encore des discussion­s à faire là-dessus. »

Même son de cloche à Montréal : si les contaminat­ions continuent de s’accélérer, le masque pourrait être de nouveau exigé partout dans les écoles. « C’est exactement le type de mesure qu’il va falloir évaluer en fonction de la situation épidémiolo­gique au moment de la rentrée », a confirmé le représenta­nt de la Santé publique montréalai­se. « Si la situation épidémiolo­gique le demande, on va devoir instaurer d’autres mesures, c’est déjà dans le plan. Mais ce qu’on veut, c’est éviter ça en ayant le maximum de monde vacciné et en freinant la transmissi­on. »

Les autorités tablent sur une campagne de vaccinatio­n massive dans les écoles secondaire­s « pour rejoindre le maximum de jeunes là où ils sont », ajoute le Dr David Kaiser. Il estime que les efforts de vaccinatio­n dureront encore deux mois dans la métropole.

Près de 75 % des 12 à 17 ans ont reçu au moins une dose au Québec, mais seulement 47 % sont adéquateme­nt vaccinés, selon les données de l’INSPQ. Environ 40 % des adolescent­s montréalai­s et lavallois ont reçu leurs deux doses.

Le Dr Jean-Pierre Trépanier dit mener « une guerre de tranchées » pour tenter de convaincre la population de se faire vacciner. La Santé publique a contacté en juillet quelque 7600 adolescent­s âgés de 12 à 17 ans qui n’avaient toujours pas reçu leur première dose. « On a réussi quand même à en rejoindre 60 % après deux appels », indique le directeur régional de santé publique, qui affirme être satisfait de l’opération. Montréal a emboîté le pas et procède aussi à des appels ciblés pour convaincre les jeunes les plus réticents.

Des brigades d’intervenan­ts sillonnent aussi la ville de Laval afin d’encourager les gens non vaccinés à se rendre aux cliniques éphémères installées dans leur quartier. Selon le Dr Jean-Pierre Trépanier, la mise en place du passeport vaccinal incite des Lavallois à emboîter le pas. La moitié des gens qui se présentent actuelleme­nt dans des cliniques le font pour obtenir une première dose, précise-t-il.

Les voyageurs responsabl­es

Le tiers des nouveaux cas de COVID19 à Montréal proviennen­t des voyageurs « hors Canada », a souligné le Dr David Kaiser. « C’est très important, parce que c’est aussi comme ça qu’on voit entrer beaucoup de variants Delta. Et là-dedans, malheureus­ement, il y a aussi des voyageurs qui sont doublement vaccinés et qui n’ont pas l’obligation de s’isoler. » En étant adéquateme­nt immunisé, « on risque de ne pas être malade, parce que les vaccins sont très efficaces pour ça, mais on peut transmettr­e » le virus, a-t-il rappelé en soulignant l’importance d’éviter les situations à haut risque de contaminat­ion.

La Direction régionale de santé publique de Montréal recense quelques points chauds « dans le Nord-Est et dans le Sud-Ouest », mais elle ne peut désigner de véritable épicentre de contagion, selon le Dr David Kaiser. « On ne voit pas d’éclosion dans les milieux habituels. Les écoles sont fermées, on n’a pas d’éclosion dans les services de garde, très peu d’éclosions en milieu de travail. Ça fait que c’est vraiment diffus sur le territoire. »

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GRAHAM HUGHES LA PRESSE CANADIENNE Près de 75 % des 12 à 17 ans ont reçu au moins une dose au Québec, mais seulement 47 % sont adéquateme­nt vaccinés.

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