La Grèce soupire, l’Europe du Sud s’inquiète
Si les feux majeurs ont été maîtrisés en Grèce, des foyers de l’Italie au Portugal gardent les autorités sur le qui-vive
Soupir de soulagement vendredi en Grèce, où les incendies dantesques ont finalement été maîtrisés, même si toute l’Europe du Sud reste sur le qui-vive face à la multiplication des feux favorisés par la canicule.
« Il n’y a plus de front actif majeur, juste des poches éparses », a assuré un porte-parole des pompiers grecs, à la faveur des précipitations tombées sur plusieurs régions et de la chute des températures.
Les équipes de pompiers déployés par centaines, avec des renforts étrangers, restent toutefois mobilisées face aux risques de résurgence sur l’île d’Eubée, frappée la plus durement par ces feux, et dans la région d’Arcadie, sur la péninsule du Péloponnèse, alors que de forts vents sont prévus ce week-end.
Au total, plus de 116 000 hectares sont partis en flammes en Grèce depuis fin juillet, donnant lieu à des scènes d’apocalypse. Des centaines d’habitations et de petites entreprises ont été détruites à Eubée, à 200 km au nord-est d’Athènes, dans une partie du Péloponnèse et dans la grande périphérie de la capitale.
Le premier ministre grec, Kyriákos Mitsotákis, a promis des centaines de millions d’euros dans la reconstruction, la reforestation et la protection contre les inondations, ainsi qu’une hausse de quelque 1,7 milliard d’euros (soit plus de 2,5 millions de dollars canadiens) du budget de la protection civile, déplorant une catastrophe sans précédent qu’il a directement attribuée au changement climatique.
Signe que la guerre de l’Europe contre les feux cet été est loin d’être terminée et que le front s’est seulement déplacé : trois avions-citernes français dépêchés jusqu’en Grèce ont aussitôt été redéployés en Sicile, aux prises avec des incendies tout comme sa voisine de la Calabre, la pointe de la Botte italienne. À Tivoli, près de Rome, une centaine de personnes ont été évacuées en raison d’un incendie dans une réserve naturelle.
« Un défi permanent »
Un anticyclone baptisé Lucifer traverse actuellement l’Italie, faisant exploser les thermomètres, avec notamment un record de 48,8 degrés enregistré mercredi en Sicile, qui, s’il est homologué, constituerait un nouveau record européen.
Face à ces incendies ayant fait quatre morts, le premier ministre d’Italie, Mario Draghi, a annoncé jeudi soir « un programme de secours pour les personnes et entreprises affectées, parallèlement à un plan spécial de reforestation et de sécurisation du territoire ».
En Espagne, accablée elle aussi par la chaleur, un incendie qui faisait rage depuis jeudi en Catalogne a été maîtrisé vendredi matin après avoir détruit environ 75 hectares dans une zone forestière protégée sur la côte de la province de Tarragone.
L’Agence nationale de météorologie a averti que le risque d’incendie restait « élevé », « très élevé » ou « extrême » sur la quasi-totalité du territoire espagnol vendredi, au troisième jour de cette vague de chaleur.
« Nous devons nous préparer à l’éventualité que des records de température soient battus, avec des températures supérieures à 50 degrés à l’avenir en Europe », a averti un responsable de l’Organisation météorologique mondiale, Bob Stefanski.
Au Portugal, le gouvernement a placé 14 des 18 régions en alerte incendie jusqu’à lundi minuit. « Nous savons déjà que les prochains jours vont être difficiles », a prévenu jeudi le premier ministre Antonio Costa, évoquant « un défi permanent qui est le résultat des changements climatiques ».
Nous devons nous préparer à l’éventualité que des records de température soient battus, avec des températures supérieures à 50 degrés à » l’avenir en Europe BOB STEFANSKI