Le Devoir

Plaisirs éphémères dans la Vieille Capitale

Si vous n’avez pas encore eu l’occasion de vous arrêter à Québec cet été, il est toujours temps de profiter des exposition­s, expérience­s, restaurant­s et autres espaces temporaire­s disséminés un peu partout dans la ville

- MARIE-JULIE GAGNON JOURNALIST­E ET CHRONIQUEU­SE VOYAGE

Expos pour tous

Dedans ou dehors, l’art se veut plus accessible que jamais. La grande vedette de l’été à Québec ? Picasso, qui fait l’objet de deux exposition­s. Alors que Picasso – Figures, au Musée national des beaux-arts du Québec, présente jusqu’au 12 septembre des oeuvres qui n’étaient pas destinées au public et aborde la délicate question de la diversité corporelle, Imagine Picasso, au Centre des congrès de Québec, propose une expérience immersive jusqu’au 6 septembre. Bien que statique, la première partie d’Imagine Picasso est aussi digne d’intérêt. Une belle façon de (re)découvrir l’univers de l’artiste.

Avec Ô merde, un surprenant voyage dans l’univers fécal, le Musée de la civilisati­on démontre une fois de plus que tout est une question de perception… et d’éducation. « Et si la merde n’était pas qu’un déchet, mais une ressource ? » peut-on lire en pénétrant dans la salle. Conçue et réalisée avec tact et humour, l’exposition aborde des sujets sérieux comme l’accès aux installati­ons sanitaires dans le monde, l’importance du microbiote, considéré par les scientifiq­ues comme un second cerveau, et les préoccupat­ions environnem­entales, tout en présentant une foule d’informatio­ns étonnantes. Particuliè­rement réussies, les parodies de jeux vidéo font sourire tant les enfants des années 1980 que leur progénitur­e. Entre « Caca-Man », dans lequel les joueurs doivent aider le personnage à acquérir de bonnes habitudes sanitaires et à éviter d’attraper de dangereux microbes transmis par les matières fécales et « Super microbiote », qui nous met au défi d’amasser 30 000 milliards de bons micro-organismes pour éliminer la bactérie C difficile, les éclats de rire fusent.

Présenté par EXMURO arts publics et la Ville de Québec, Passages insolites est également à ne pas manquer. Jusqu’au 11 octobre, ce parcours d’art public se décline en une foule d’oeuvres et de performanc­es spontanées dans différents quartiers de la ville. En plus de la vingtaine de créations inusitées réalisées par des artistes d’ici et d’ailleurs, le parcours est ponctué de prestation­s qui sèment le doute dans l’esprit des visiteurs : ces drôles de personnage­s croisés au hasard de nos pas sont-ils en train de jouer ou assiste-t-on à une réelle scène de la vie quotidienn­e ? Le MOBA (« Musée du Bad Art ») propose pour sa part de découvrir « l’art trop mauvais pour être ignoré ».

La terrasse du Diamant

Bien sûr, il y a la superbe vue sur la ville. Juste en bas, la place d’Youville, parée de couleurs vives, a des airs de plage cet été. À l’horizon, l’édifice Price et le Château Frontenac se détachent du paysage. Mais on réserve aussi sa plage horaire sur le toit-terrasse du Diamant pour pénétrer dans ce lieu de création exceptionn­el, qui sert d’écrin à la compagnie Ex Machina de Robert Lepage et de salle de spectacle, dans un bâtiment qui l’est tout autant.

Ici, le passé côtoie le futur. Érigé en 1879, le bâtiment inspiré du style Second Empire dessiné par JosephFerd­inand Peachy a connu plusieurs vies. À l’extérieur, l’oeuvre Atome ou

le fruit des étoiles de Claudie Gagnon évoque le nom du lieu. Nous pénétrons dans le bâtiment à l’endroit où se trouvait le hall de l’ancien Cinéma de Paris, place d’Youville. Au rez-de-chaussée, une murale de Zilon rappelle les belles années du mythique bar le Shoeclack déchaîné, qui y a eu pignon sur rue dans les années 1980. À l’étage, on découvre les structures en bois des anciennes cloisons récupérées et réinstallé­es et les plafonds moulurés du foyer. Si le piano Steinway recouvert d’or attire inévitable­ment le regard, les véritables vedettes restent pour moi les poutres d’origine restaurées lors des travaux. On prend ensuite place sur la terrasse en se demandant quels fantômes se trouvent parmi nous…

Plaisirs éphémères

Pendant l’été, Au jardin Chez Muffy a pris ses quartiers dans la salle Cabaret de l’Auberge Saint-Antoine, au rez-de-chaussée de Chez Muffy. On s’y rend tant pour son design biophile (même le code QR pour accéder au menu est dans un pot de plante) que pour ses cocktails avec ou sans alcool et ses plats qui mettent à l’honneur les produits locaux et biologique­s. Les colonnes et poutres en bois massif de 1822 sont merveilleu­sement mises en valeur. Des caisses à vin en bois ont été recyclées pour créer une exposition de plantes vivantes. Les serres utilisées sur les terrasses pour l’expérience repas sous les étoiles d’octobre à mai trouvent aussi leur place dans la pièce. Ne partez pas sans avoir goûté le « Chou rouge », savoureux smash burger de sanglier !

Ouvert tous les jours de midi à 21 h jusqu’au 6 septembre. saint-antoine.com/fr/dining/ au-jardin-chez-muffy

Notre journalist­e était l’invitée de l’Office du tourisme de Québec.

 ?? AU JARDIN CHEZ MUFFY | © LA MATIÈRE, STEPHANIE LIM ??
AU JARDIN CHEZ MUFFY | © LA MATIÈRE, STEPHANIE LIM
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada