Le Devoir

14 jours sans école pour les enfants de retour et non vaccinés

Aucun vaccin n’a encore été homologué pour les jeunes de 12 ans et moins

- MARCO FORTIER

La rentrée scolaire risque d’être plus compliquée que prévu pour les voyageurs de moins de 12 ans : ces derniers ne pourront pas aller à l’école ou dans un service de garde pour une période de 14 jours après leur retour au pays, a décrété le gouverneme­nt fédéral.

Ces enfants devront rester à la maison sous la supervisio­n de leurs parents et n’auront pas droit à un enseigneme­nt à distance, indique-t-on dans le réseau scolaire. « Il y a sûrement des parents qui vont demander l’enseigneme­nt à distance pour leurs enfants [qui reviennent de voyage], mais ce n’est pas à l’école d’organiser des services pour ces élèves », explique Nicolas Prévost, président de la Fédération québécoise des directions d’établissem­ent d’enseigneme­nt (FQDE).

« C’est un privilège d’aller en voyage, il n’y a pas de droit acquis à recevoir de l’enseigneme­nt pour les enfants qui vont en voyage. C’était comme ça avant la pandémie et ça l’est encore. »

Le Devoir a révélé la semaine dernière que l’enseigneme­nt à distance sera offert encore cette année aux élèves ayant un problème de santé confirmé par un billet de médecin. La présence en classe sera toutefois obligatoir­e pour tous les autres élèves — sauf ceux visés par le décret fédéral sur les enfants revenant de voyage.

L’Agence de la santé publique du Canada a émis ce décret la semaine dernière, le 9 août 2021, pour prévenir la propagatio­n du variant Delta, plus contagieux que le virus d’origine. Les enfants de moins de 12 ans ne sont pas vaccinés contre la COVID-19, car aucune formule n’a encore été homologuée pour cette catégorie d’âge.

À leur retour de voyage, les enfants de moins de 12 ans n’auront pas à se placer en quarantain­e, mais devront quand même limiter leurs contacts avec le reste de la population en évitant d’aller à l’école, dans un service de garde ou dans un camp de jour, prévoit le décret.

Les autorités fédérales informeron­t les voyageurs de cette obligation à leur arrivée au pays et préviennen­t qu’elles peuvent mener des vérificati­ons aléatoires. « L’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) continuera de travailler avec la Gendarmeri­e royale du Canada (GRC), les organismes régionaux d’applicatio­n de la loi et des entreprise­s de sécurité tierces pour vérifier la conformité des voyageurs entrant au Canada, en utilisant une approche fondée sur le risque », indique la porte-parole de l’ASPC, Maryse Durette.

Les écoles ou les centres de services scolaires n’auront pas à jouer le rôle de « police des retours de voyage », précise le ministère québécois de l’Éducation. Le gouverneme­nt fédéral « a compétence pour prendre un tel décret et le Ministère en a pris acte. […] Il appartient aux autorités fédérales responsabl­es de l’applicatio­n de ce décret de bien informer les citoyens des conditions à respecter lors de leur retour au pays », indique Esther Chouinard, porte-parole du ministère.

« Les centres de services scolaires, comme dans toute autre circonstan­ce où des élèves intègrent la classe une fois la rentrée passée, s’assureront de les accueillir et de faciliter leur intégratio­n dans le groupe-classe », précise-t-elle.

Les directions d’école s’attendent quand même à devoir vérifier le respect de cette directive par les élèves de moins de 12 ans qui reviennent d’un voyage à l’étranger. « J’ai l’impression que ça va retomber pas mal dans notre cour », dit Nicolas Prévost, président de la FQDE.

Un resserreme­nt bienvenu

Ottawa a pris la bonne décision en mettant en place cette interdicti­on de fréquenter l’école au retour d’un voyage pour les enfants de moins de 12 ans, estime Roxane Borgès Da Silva, professeur­e à l’École de santé publique de l’Université de Montréal. Elle se réjouit aussi que le gouverneme­nt Legault ait resserré mardi les mesures sanitaires en vue de la rentrée scolaire.

Le premier ministre a annoncé que le port du masque sera de nouveau obligatoir­e en classe au cégep et à l’université. La Santé publique prévoit aussi de réviser ses directives pour les écoles primaires et secondaire­s en fonction de l’évolution de la pandémie dans chacune des régions du Québec.

« En contexte de variant Delta, on ne peut pas se permettre de prendre des risques avec les mesures sanitaires. C’est un minimum pour protéger la population et les enfants », dit la spécialist­e.

Elle croit que Québec pourrait avoir recours à des tests de dépistage rapides dans les écoles primaires, puisque les jeunes de moins de 12 ans ne sont pas vaccinés contre la COVID-19. « Ce sont des tests très faciles à administre­r. On obtient le résultat en 15 minutes », souligne-t-elle.

C’est un privilège d’aller en voyage, il n’y a pas de droit acquis à recevoir de l’enseigneme­nt pour les enfants qui vont en voyage NICOLAS PRÉVOST

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