Le Devoir

Le milieu culturel souhaite que le passeport vaccinal permette des assoupliss­ements

- CORONAVIRU­S CAROLINE MONTPETIT

Plusieurs organismes du milieu culturel auraient souhaité que le passeport vaccinal permette un assoupliss­ement des mesures de fréquentat­ion des spectacles, ce qui n’est pas envisagé pour l’instant.

Il semble que seuls les bibliothèq­ues et les musées seront exemptés d’exiger le passeport vaccinal à leur clientèle, selon des informatio­ns obtenues par la directrice générale du Conseil québécois du théâtre, Catherine Voyer-Léger, lors d’une réunion tenue en début de semaine entre une cinquantai­ne de représenta­nts d’organismes culturels et le ministère de la Culture.

Dans le milieu des gros festivals, on se plaint notamment de la règle qui veut que l’on doive aménager des zones accueillan­t un maximum de 500 personnes chacune. « Il n’y a pas d’assoupliss­ements prévus […] en lien avec le passeport vaccinal », se désole Martin Roy, le p.-d.g. du Regroupeme­nt des événements majeurs internatio­naux (REMI). « Il faut des contrepart­ies, parce qu’on ne voit pas comment on va y arriver. »

Les festivals ont techniquem­ent le droit d’accueillir 15 000 personnes, mais pour ce faire ils devraient aménager 30 zones distinctes de 500 personnes chacune. « Avec des entrées et des sorties indépendan­tes, c’est impossible de faire ça. Il faut des assoupliss­ements », dit M. Roy. Pour ce même festival hypothétiq­ue, il faudrait

Il semble que seuls les musées et les bibliothèq­ues seront exemptés d’exiger ce document à leur clientèle

aussi disposer d’un espace de 30 000 mètres carrés, alors que « la place des Festivals mesure un peu plus de 6000 mètres carrés », note-t-il. Or, « on ne fait pas venir Lady Gaga pour 2500 personnes ».

De l’avis du p.-d.g. du REMI, avec l’imposition du passeport vaccinal, il faudrait soit carrément abolir les zones indépendan­tes, soit modifier le métrage carré minimal, soit modifier le nombre de surveillan­ts requis, qui est d’un surveillan­t pour 125 personnes.

« Sauver l’automne, s’il peut l’être »

Du côté de l’Associatio­n des salles de spectacle indépendan­tes du Québec (ASSIQ), on aurait souhaité voir une réduction de la distanciat­ion obligatoir­e avec l’arrivée du passeport vaccinal. « Notre principale préoccupat­ion, c’est de sauver l’automne, s’il peut l’être, dit Michel Sabourin, président de l’ASSIQ. À l’heure actuelle, les artistes et les producteur­s ne se précipiten­t pas. »

En laissant un mètre de distance entre chaque personne, les salles fonctionne­nt en moyenne à 40 % de leur capacité, ce qui compromet la rentabilit­é de plusieurs spectacles, dit-il. « En ce moment, il y a beaucoup de gens qui se demandent s’il y a une carrière à avoir dans le domaine culturel. » Les salles de spectacle devront également embaucher du personnel supplément­aire pour vérifier le passeport vaccinal, et ce, en pleine pénurie de maind’oeuvre.

Du côté du Conseil québécois du théâtre, on aurait souhaité que les petites salles soient libérées du fardeau de vérifier le passeport vaccinal de leurs visiteurs. On s’inquiète aussi pour l’avenir des sorties étudiantes. « Ce qu’on entend, c’est que les sorties scolaires au primaire et au secondaire ne seraient pas concernées » par le passeport vaccinal, dit Catherine Voyer-Léger. Elle dit cependant craindre que des professeur­s des cégeps et des université­s s’abstiennen­t de prévoir des activités au théâtre afin d’éviter de pénaliser les étudiants non vaccinés.

Du côté des festivals comme du côté des salles de spectacle, on craint aussi les possibles altercatio­ns si l’on refuse l’entrée à une personne non vaccinée.

Déjà, des appels d’offres ont été lancés par le gouverneme­nt pour deux spectacles tests — l’un à l’intérieur, l’autre à l’extérieur — qui se tiendraien­t le 25 septembre à Québec afin de mesurer la possible propagatio­n du virus. Or, selon Martin Roy, du REMI, ces tests ne serviront à rien s’ils sont tenus avec les restrictio­ns actuelles. Selon lui, il faudrait y assouplir les mesures pour vérifier si une propagatio­n a bel et bien lieu.

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