Le Devoir

Un geste clé pour une ouverture sécuritair­e des université­s

- Dre Joanne Liu Professeur­e à l’École de santé des population­s et de santé mondiale de l’Université McGill

L’enthousias­me collectif à l’idée de la réouvertur­e des campus universita­ires en présentiel à travers le Canada après plus d’un an d’activités opérationn­elles virtuelles est palpable. Tous ont enduré de façon excessive des enfilades de réunions et de cours en ligne, et un retour en personne est de loin l’option la plus ardemment souhaitée pour la rentrée. Mais, avec la quatrième vague à l’horizon, menée par l’insidieux variant Delta, une certaine anxiété s’installe.

En tant que profession­nels de la santé de l’École de santé des population­s et de santé mondiale de l’Université McGill, nous sommes consternés par le faible niveau de préparatio­n des université­s canadienne­s pour la rentrée en ce qui concerne la COVID-19. Jusqu’à tout récemment, la plupart des université­s se fiaient au niveau de couverture vaccinale à l’échelle provincial­e pour établir les directives.

Au Québec, par exemple, la cible était de 75 % de couverture vaccinale pour la tranche d’âge de 19 à 29 ans. Cette approche est malheureus­ement inadéquate, voire irresponsa­ble, sur différents points. Premièreme­nt, et notoiremen­t, à la fin de juillet, la vaccinatio­n pour les 19-29 ans à travers le Canada était de moins de 40 % ! Couvrir ce fossé de couverture vaccinale en deux à trois semaines sera seulement possible si la vaccinatio­n devient obligatoir­e.

Deuxièmeme­nt, la cible de 75 % est de toute évidence trop basse : le variant Delta est en train de nous démontrer qu’un taux de vaccinatio­n supérieur doit être atteint pour une protection collective. Seule une vaccinatio­n obligatoir­e nous fera atteindre une plus haute cible. Finalement, afin de gérer le risque de transmissi­on sur les campus, notamment dans les résidences étudiantes, les salles de sports, les salles de cours et les cafétérias, une vaccinatio­n complète s’avère incontourn­able parmi les différente­s interventi­ons de santé publique.

Quand le vent tourne

Un récent article du magazine Maclean, écrit par deux spécialist­es en droit en ce qui concerne les règles sanitaires, discrédite l’argument juridique des administra­teurs universita­ires pour ne pas exiger une vaccinatio­n obligatoir­e.

Si une université est en droit d’exiger une vaccinatio­n contre des maladies infectieus­es comme l’hépatite B de ses étudiants en sciences de la santé, notamment en soins infirmiers et en médecine, il est clair qu’il y a un précédent permettant d’étendre cette approche à la COVID-19. Heureuseme­nt, quelques université­s ont déjà franchi le pas en ce qui concerne l’applicatio­n d’une vaccinatio­n obligatoir­e, dont celles d’Ottawa, de Toronto, de Guelph, de Carleton, de Brock, l’Université Western. En plus des université­s Queen’s et York ces derniers jours.

D’autres université­s doivent leur emboîter le pas. Et quoique la vaccinatio­n s’avère nécessaire, les milieux universita­ires doivent montrer plus de leadership sur d’autres fronts en matière de santé publique, afin d’assurer un retour en classe sécuritair­e.

Exercer une surveillan­ce proactive de la transmissi­on du virus est un acte simple. Avec les cours en présentiel, non seulement le nombre de cas de COVID-19 sera à la hausse à cause du variant Delta, y compris pour les gens vaccinés, mais aussi la transmissi­on d’autres infections respiratoi­res, ce qui justifie un accès facilité au dépistage de ces virus.

Le port du masque, notamment dans les environnem­ents fermés, comme certaines salles de classe et les bibliothèq­ues, contribuer­ait à rendre l’environnem­ent plus sécuritair­e. De plus, un nombre grandissan­t de professeur­s sont réticents à enseigner en présentiel sans avoir l’assurance que leurs étudiants sont vaccinés ou testés régulièrem­ent.

Il n’y a pas de recette magique pour procéder à la réouvertur­e des classes en présentiel, mais l’applicatio­n du principe de précaution nous permettrai­t de mettre toutes les chances de notre côté. Nous savons que nous ferons face à une certaine hausse de cas de COVID19, mais nous nous devons de tout faire pour éviter un reconfinem­ent collectif et un retour aux classes virtuelles pour une autre année scolaire.

Nous sommes consternés par le faible niveau de préparatio­n des université­s canadienne­s pour la rentrée en ce qui concerne la COVID

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