Le monde en noir et blanc
Il y a blanc et blanc, et ces deux tribus s’affrontent. Un camp semble accepter les conclusions de la théorie critique de la race, l’autre semble s’en servir comme épouvantail idéologique.
Le premier groupe admet de plus en plus le racisme passé ou présent.
Avant l’assassinat filmé de l’Afro-Américain George Floyd le 25 mai 2020, près d’un Canadien à la peau blanche sur deux considérait que le racisme à l’égard des Noirs n’était pas un problème. Cette proportion est passée à 18 % à la fin de l’été 2020. D’ailleurs, près de quatre Canadiens à la peau noire sur cinq disent être discriminés sur une base régulière — et pas seulement par des Blancs.
Une chose est certaine : la reconnaissance des préjugés envers les Autochtones n’a pas attendu la révélation de la découverte de tombes anonymes près d’anciens pensionnats. Déjà, en août 2020, neuf Québécois non autochtones sur 10 estimaient que les Premières Nations étaient victimes de racisme et de discrimination, selon un sondage.
L’autre tribu blanche se soude plutôt autour d’une identité blanche.
Le groupe se perçoit comme une minorité menacée et agit en conséquence. Ashley Jardina, professeure de science politique de l’Université Duke, parle de « white identity politics » (c’est aussi le titre de son livre) pour décrire cette tendance. Elle avance qu’entre 30 % et 40 % des Américains s’identifient à leur blancheur pour faire des choix électoraux. Cette solidarité ne mène pas nécessairement au racisme, note-t-elle, mais signale sans conteste une division idéologique sur laquelle Donald Trump a beaucoup misé.
Au cours des derniers mois, 26 États américains ont d’ailleurs tenté d’adopter des lois restreignant ce qui peut être enseigné dans les écoles et les universités , et 11 ont réussi à le faire. Une loi du Tennessee (SB 0623), par exemple, interdit dorénavant les enseignements qui pourraient faire en sorte qu’un individu « ressente de l’inconfort, de la culpabilité, de l’angoisse et d’autres formes de détresse psychologique simplement à cause de la race ou du sexe de cet individu ».
Qui a dit que les wokes étaient les seuls militants animés par une volonté de censure ?