Le Devoir

La recharge des véhicules électrique­s dans la joute électorale municipale

Le plan d’électrific­ation de Valérie Plante pourrait influencer la stratégie de candidats d’autres municipali­tés

- ÉLECTIONS MUNICIPALE­S ALAIN MCKENNA

Où brancher son auto électrique quand on habite dans un immeuble de logements ou qu’on doit se garer de nuit dans la rue ? Cela turlupine bien des automobili­stes en ville et en banlieue. Des spécialist­es pensent que le plan d’électrific­ation de la mairesse montréalai­se, Valérie Plante, pourrait transforme­r ce dossier en un enjeu des élections municipale­s d’octobre prochain.

Dans l’ombre d’une campagne électorale fédérale qui accaparera toute l’attention jusqu’à la fin de septembre se tient une campagne municipale plus tranquille. La publicatio­n en début de semaine par la mairesse Valérie Plante d’un plan stratégiqu­e d’électrific­ation de 885 millions de dollars qui regroupe une série de mesures déjà annoncées par la Ville de Montréal pourrait ramener pour un certain temps les projecteur­s sur l’actualité municipale.

Pour la première fois, la Ville dit qu’elle souhaite légiférer pour imposer aux nouveaux immeubles de logements l’obligation d’inclure l’infrastruc­ture nécessaire pour que leurs occupants puissent installer des bornes de recharge pour véhicules électrique­s. En vertu du Code du bâtiment révisé par la Régie du bâtiment du Québec en 2018, seuls les immeubles neufs comptant quatre logements ou moins sont tenus de le faire à l’heure actuelle.

La Régie ne reverra pas son code avant quelques années encore, mais elle a déjà indiqué qu’elle conseiller­ait les municipali­tés intéressée­s sur la meilleure approche pour adopter une réglementa­tion similaire à celle proposée par la mairesse montréalai­se.

« C’est aux municipali­tés de faire avancer ce dossier », explique David Corbeil, p.-d.g. et cofondateu­r de la société RVE à Laval. La PME conçoit entre autres des systèmes simplifian­t l’installati­on de bornes de recharge pour véhicules électrique­s dans des copropriét­és et des immeubles de logements. M. Corbeil pense que l’annonce de Valérie Plante pourrait avoir un effet d’entraîneme­nt ailleurs au Québec.

« Avec Montréal qui promet de s’y attaquer, cela va influencer d’autres municipali­tés ailleurs au Québec. L’infrastruc­ture de recharge pourrait devenir un enjeu dans les élections municid’une

Où brancher son auto électrique quand on habite dans un immeuble de logements ou qu’on doit se garer de nuit dans la rue ?

pales de l’automne, puisque c’est une promesse “payante” à faire, étant donné que sa mise en place ne coûte en principe rien aux citoyens. »

M. Corbeil, dont l’entreprise fait des affaires ailleurs au pays, dit avoir constaté un tel effet d’entraîneme­nt en Colombie-Britanniqu­e après que la Ville de Vancouver a décidé d’imposer l’inclusion d’une infrastruc­ture de recharge dans ses nouveaux immeubles multiplex. Tout près d’une dizaine d’autres municipali­tés environnan­tes lui ont emboîté le pas par la suite.

« Le plan montréalai­s a pris 18 mois à être produit. D’autres villes à proximité, comme Brossard ou Longueuil, en connaissai­ent déjà les détails et pourraient proposer d’encadrer de façon similaire la recharge dans les futurs immeubles multilogem­ents », prédit M. Corbeil.

Branchemen­t difficile

Au Québec, le parc de véhicules électrique­s double tous les 12 à 18 mois. À l’heure actuelle, la plupart des acheteurs qui en possèdent un vivent dans une demeure avec une entrée privée ou un garage où il est facile de se brancher. Les gens vivant en copropriét­é ou en appartemen­t, et qui se garent dans un stationnem­ent partagé ou carrément dans la rue, sont dans une situation plus compliquée.

Québec mise sur une électrific­ation à peu près complète du parc automobile d’ici une quinzaine d’années. Les propriétai­res d’immeubles de logements multiples et les municipali­tés devront trouver un moyen d’assurer à leurs résidents qu’ils peuvent se brancher à peu de frais près de là où ils demeurent. Les organismes faisant la promotion de l’électrific­ation des transports, y compris Hydro-Québec, ont d’ailleurs commencé ces derniers mois à proposer des guides et des recommanda­tions aux gens souhaitant installer des bornes de recharge dans leur immeuble ou dans un stationnem­ent partagé.

Le problème n’est pas toujours technique : souvent, des copropriét­aires s’inquiètent à tort ou à raison de devoir assumer les coûts d’installati­on d’une borne qu’eux n’utiliseron­t pas nécessaire­ment. Une politique favorisant l’installati­on de bornes dans les nouveaux immeubles devrait contribuer à minimiser ces inquiétude­s.

Pour les entreprise­s spécialisé­es dans l’infrastruc­ture de recharge, c’est aussi une occasion à saisir, conclut David Corbeil. « Pour nous, même si nous n’installons pas de bornes en tant que tel, le potentiel d’une telle politique est colossal. »

[L’infrastruc­ture de recharge], c’est une promesse “payante” à faire, étant donné que sa mise en »

place ne coûte en principe rien aux citoyens

DAVID CORBEIL

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VALÉRIAN MAZATAUD LE DEVOIR Une voiture électrique en train de se recharger à une borne de Montréal.

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