Le Devoir

Des correctifs profitable­s pour la Caisse de dépôt

L’institutio­n affiche un rendement de 5,6 % au cours des six premiers mois de l’année

- ÉRIC DESROSIERS

Des correctifs à ses stratégies d’investisse­ment ont permis à la Caisse de dépôt et placement du Québec de faire mieux que ses indices de référence en première moitié d’année. Elle s’attend maintenant à devoir continuer à s’ajuster pour tenir compte du ralentisse­ment de la reprise, d’une montée de l’inflation et de son devoir de réduire encore plus son empreinte carbone.

La quarantain­e de déposants de la Caisse ont eu droit à un rendement moyen pondéré de 5,6 % durant les six premiers mois de 2021. C’était mieux que les 4,4 % de son indice de référence et cela a permis d’ajouter 20 milliards de dollars à son actif net pour le porter à presque 390 milliards.

« Durant la première moitié de 2021, nos équipes ont poursuivi le travail afin de mieux positionne­r nos portefeuil­les pour faire face à un nouveau contexte, particuliè­rement en immobilier et en marchés boursiers, où nous voyons déjà les premiers résultats probants des initiative­s en cours », a déclaré le président et chef de la direction de la Caisse, Charles Emond, dans le communiqué dévoilant ces résultats.

Principal secteur d’investisse­ment de l’institutio­n, avec un actif net totalisant 192 milliards, les placements en actions ont affiché un rendement (12,1 %) similaire à l’indice de référence (12 %), à raison d’une meilleure performanc­e du côté des marchés boursiers (11,4 % contre un indice de 9,3 %) et de résultats plus faibles du côté des placements privés (13,5 % contre 16,8 %).

Des leçons

Dans le premier cas, on a notamment su tirer des leçons des résultats décevants de l’année passée en ajustant la politique de placement afin d’avoir une gestion « plus dynamique », capable de mieux tirer parti des secteurs les plus susceptibl­es de profiter de la reprise économique. Dans le second cas, la Caisse a notamment fait les frais de sa présence plus faible dans les secteurs des institutio­ns financière­s et de l’énergie traditionn­elle, comme le pétrole.

On observe tout le contraire du côté des énergies éolienne et solaire qui, à l’instar des secteurs de la nouvelle économie, de la logistique et des télécommun­ications, ont bien servi la Caisse dans le domaine des actifs réels (73 milliards d’actifs), avec un rendement de 4,1 % comparativ­ement à un indice de seulement 0,4 %. Là encore, on commence notamment à recueillir les fruits d’un effort de reposition­nement, mais cette fois dans le secteur immobilier, où sa filiale Ivanhoé Cambridge a continué de se défaire de centres commerciau­x et de bureaux principale­ment au profit d’immeubles dans les secteurs de la logistique, des technologi­es et des sciences de la vie.

Le dernier grand secteur d’investisse­ment de la Caisse, les revenus fixes (122 milliards d’actifs), a fait les frais de la remontée des taux d’intérêt avec un rendement négatif de 1,8 % (contre un indice de –2 %).

Au Québec, la Caisse a continué de se faire « très active », a noté Charles Emond, avec plus d’une trentaine de nouveaux investisse­ments importants en six mois.

Elle a notamment injecté plus d’un milliard dans la société Énergir et 475 millions dans CAE en plus de poursuivre la constructi­on du Réseau express métropolit­ain (REM) dans la région montréalai­se et s’est associée à un projet d’acquisitio­n et de rénovation de 1500 logements abordables.

Si l’an dernier la Caisse avait enregistré un rendement inférieur à ses indices de référence (7,7 % contre 9,2 %), sa performanc­e à plus long terme fait meilleure figure, à raison d’un rendement annualisé de 8,5 % sur cinq ans (contre un indice de 8,3 %) et de 8,8 % sur dix ans (contre un indice de 8,3 %).

Le monde à venir

Il faut s’attendre désormais à ce que le rythme de la reprise économique ralentisse et à ce que les rendements des investisse­ments dépendent de plus en en plus des forces propres à chaque secteur et même à chaque entreprise, a observé le chef des marchés liquides à la Caisse, Vincent Delisle. La remontée graduelle des taux d’intérêt des banques centrales contribuer­a à ce phénomène et pourrait même s’accélérer si le récent retour de l’inflation venait à les inquiéter. On devra aussi avoir le regard particuliè­rement aiguisé pour dénicher les bonnes affaires avec l’abondance de capitaux d’investisse­urs à la recherche de rendements.

Présente partout dans le monde, la Caisse devra également tenir compte des grandes variations entre les pays dans l’évolution de la pandémie de COVID-19, le rythme de la reprise et les politiques des gouverneme­nts, a ajouté Charles Emond. L’institutio­n compte aussi annoncer cette année de nouveaux objectifs plus ambitieux en matière de réduction de son empreinte carbone. « L’agilité et la capacité à s’adapter seront des clés. Le monde va continuer d’évoluer. Notre portefeuil­le également. »

 ?? JACQUES NADEAU LE DEVOIR ?? Au Québec, la Caisse a continué de se faire
« très active », avec plus d’une trentaine de nouveaux investisse­ments importants en six mois, selon le p.-d. g. Charles Emond.
JACQUES NADEAU LE DEVOIR Au Québec, la Caisse a continué de se faire « très active », avec plus d’une trentaine de nouveaux investisse­ments importants en six mois, selon le p.-d. g. Charles Emond.

Newspapers in French

Newspapers from Canada