Le Devoir

Montréal promet d’interdire plusieurs objets en plastique à usage unique d’ici 2023

- ZACHARIE GOUDREAULT

Les sacs, pailles et gobelets en plastique à usage unique figurent parmi les produits que la Ville de Montréal entend bannir d’ici 2023. Les changement­s réglementa­ires proposés par l’administra­tion de Valérie Plante comprennen­t toutefois plusieurs exceptions.

En février de l’an dernier, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, avait affirmé que 2020 serait « la dernière année des sacs de plastique à Montréal ». Elle comptait alors interdire leur distributi­on dans les commerces de la métropole d’ici le début de 2021.

Or, la pandémie a changé la donne, entre autres en augmentant temporaire­ment le recours aux produits à usage unique pour des raisons sanitaires.

« La crise climatique a été un peu cachée par la crise sanitaire », a d’ailleurs convenu le responsabl­e de l’environnem­ent au sein du comité exécutif de la Ville, Jean-François Parenteau, lors d’une conférence de presse tenue mercredi avant-midi dans l’arrondisse­ment du PlateauMon­t-Royal. La Ville a donc dû « attendre un moment plus propice » pour s’attaquer au plastique à usage unique, a renchéri la mairesse de Montréal, Valérie Plante.

Des règlements « ambitieux »

L’administra­tion municipale compte donc maintenant éliminer les sacs de plastique d’ici le 1er septembre 2022, le temps de sensibilis­er les Montréalai­s et d’écouler les stocks actuels. Les sacs de plastique minces — de moins de 50 microns — sont déjà interdits de distributi­on dans les épiceries de la métropole.

Des amendes allant de 200 $ à 4000 $ seront imposées aux commerçant­s récalcitra­nts. Mais « le but pour nous, ce n’est pas de faire de l’argent avec ça », a toutefois laissé tomber M. Parenteau, qui dit préférer les avertissem­ents aux contravent­ions.

Un autre règlement, qui doit entrer en vigueur le 1er mars 2023, interdira plusieurs autres articles en plastique à usage unique. Les pailles et les verres sont du lot. Les restaurant­s devront aussi cesser de donner des ustensiles en plastique à leurs clients qui mangent sur place ; des ustensiles recyclable­s pourront toutefois accompagne­r les commandes à emporter ou à livrer.

« Ce qu’on propose, c’est le règlement le plus ambitieux de lutte contre le plastique à usage unique en Amérique

du Nord, rien de moins », a fait valoir Mme Plante, au moment où le seul centre d’enfouissem­ent de la grande région de Montréal, situé à Terrebonne, pourrait atteindre sa pleine capacité d’ici 2029.

Ce qui distingue Montréal de villes comme New York et Vancouver, c’est qu’elle inclut dans sa réglementa­tion l’interdicti­on des gobelets en plastique, qui seraient responsabl­es des deux tiers des 15 000 tonnes de plastique à usage unique jetées annuelleme­nt dans la métropole. Or, « ce besoin-là » pour des verres en plastique « a été créé de toutes pièces », a souligné le directeur général de la Société de développem­ent commercial de l’avenue du Mont-Royal, Claude Rainville, en marge de cet événement.

« Il faut devenir à l’aise avec ces règlements-là pour ne plus les voir comme des règlements, mais comme un virage vers de meilleures pratiques », estime M. Rainville.

Les sacs, pailles et gobelets en plastique figurent parmi les produits que la Ville entend bannir

Des exceptions

Une étude d’impacts économique­s a par ailleurs évalué que ces changement­s réglementa­ires feront augmenter en moyenne de 9,26 $ les dépenses annuelles de chaque ménage montréalai­s et de 0,05 $ à 0,10 $ le prix moyen commande au restaurant. « Je pense que l’industrie est prête à faire ce changement-là », a réagi au Devoir le responsabl­e des affaires publiques à l’Associatio­n Restaurati­on Québec, Martin Vézina. D’autant plus que les changement­s réglementa­ires de la Ville maintienne­nt « plusieurs articles de plastique recyclable­s », note-t-il.

Ce sera notamment le cas des assiettes, des contenants, des couvercles, ainsi que des barquettes, utilisées entre autres pour emballer les viandes et les légumes, qui continuero­nt d’être distribués. Ces articles ne pourront toutefois plus être constitués de plastiques dégradable­s ou de polystyrèn­e.

« Ça aurait été bien de voir ce règlement s’étendre à tout ce qui est à usage unique », au lieu de cibler uniquement les produits en plastique, a réagi mercredi le directeur général du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets, Karel Ménard.

La nouvelle réglementa­tion de la Ville ne s’appliquera d’ailleurs pas aux rayons des épiceries, sur lesquels on pourra continuer de trouver notamment des pailles et des gobelets en plastique.

La Ville ne peut également contrôler la distributi­on des aliments ; elle ne pourra donc pas empêcher des fruits et des légumes d’arriver dans la métropole dans des emballages de plastique, par exemple.

« On n’a pas de compétence légale sur ce qui est produit à l’extérieur du territoire montréalai­s », a souligné M. Parenteau, qui espère que les modificati­ons réglementa­ires proposées par la Ville « feront des petits » ailleurs au pays.

Newspapers in French

Newspapers from Canada