Protocoles à définir
Les taux de vaccination des élèves du secondaire soulèvent aussi des inquiétudes. Le Devoir a révélé jeudi qu’au 30 juillet, les deux tiers des écoles secondaires du Québec avaient atteint un taux de vaccination de plus de 75 % pour la première dose. Mais à peine 16,5 % des écoles comptaient une majorité d’élèves ayant reçu deux doses, selon les chiffres du ministère de la Santé et des Services sociaux.
« Les profs qui vont retourner au secondaire avec des classes où il y a 30 % d’élèves vaccinés doivent-ils se considérer comme à risque ? Pourrontils voir leurs parents vieillissants ? » demande Catherine Beauvais St-Pierre, présidente de l’Alliance des professeures et des professeurs de Montréal.
Certaines régions ont un taux de vaccination impressionnant, mais d’autres quartiers, notamment à Montréal, craignent le pire à cause de la faible proportion d’élèves ayant reçu deux doses. « Les mesures sanitaires doivent s’adapter à nos milieux », dit-elle.
Le déploiement de cliniques de vaccination mobiles est prévu entre le 30 août et le 8 septembre dans les écoles secondaires et dans d’autres lieux bien ciblés de l’ouest de l’île de Montréal, indiquent nos sources. Dans le réseau scolaire, tout le monde s’attend aussi à ce que le port du masque soit obligatoire partout, même en classe, et non seulement dans les aires communes.
Autre sujet de mécontentement : les directives de la Santé publique pour gérer les éclosions de COVID-19 en classe se font encore attendre, à moins d’une semaine de la rentrée. Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, a expliqué cette semaine qu’il doit attendre les directives de la Santé publique.
Gare aux inégalités
« Le début de la quatrième vague et la présence soutenue du variant Delta changent la donne », explique Robert Maranda, porte-parole du ministère de la Santé et des Services sociaux.
« Les critères de prise de décision de la Santé publique sont nombreux. Les experts maintiennent une vigie constante et, dès qu’il est possible de le faire, nous transmettons les directives aux parents par l’entremise du ministère de l’Éducation puis des centres de services scolaires », ajoute-t-il.
Ces retards dans l’élaboration des mesures sanitaires inquiètent Sylvain Martel, président du Comité de parents du Centre de services scolaire de Laval. Il craint que la prochaine année scolaire amplifie encore les inégalités entre élèves. « Les mesures sanitaires vont probablement varier d’une région à l’autre en fonction des situations locales. Ça m’apparaît raisonnable, mais ça prend un plan pour que les élèves de partout au Québec soient au même niveau à la fin de l’année scolaire », dit-il.
Les deux grands syndicats d’enseignants — la Fédération des syndicats
Les mesures sanitaires doivent s’adapter à »
nos milieux CATHERINE BEAUVAIS ST-PIERRE
de l’enseignement (FSE-CSQ) et la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) — tiennent d’abord et avant tout à la prévisibilité des décisions. « Il est minuit moins une. Ce que détestent les enseignants, c’est “avance, recule, avance, recule”. Ça les a tués l’an dernier. Ils ont le sentiment qu’on joue avec eux, qu’on passe notre temps à réajuster des choses parce qu’on planifie mal », dit Josée Scalabrini, présidente de la FAE.
Les porte-parole de l’opposition en éducation sont extrêmement critiques envers le gouvernement Legault pour les questions sans réponse, à moins d’une semaine du retour en classe. Marwah Rizqy (Parti libéral) reproche à Québec de minimiser l’importance de la ventilation pour freiner la propagation du virus par les airs. Christine Labrie (Québec solidaire) redoute la pénurie de toutes les catégories de personnel. Véronique Hivon (Parti québécois) rappelle que le flou persiste sur les activités sportives et parascolaires qui seront réservées aux élèves vaccinés.