Le Devoir

Le filon pandémique de l’intérêt politique

Le contexte sanitaire pourrait motiver plus de Canadiens à suivre la campagne fédérale

- MAAN ALHMIDI À OTTAWA

Ross Dickson n’a jamais assisté à un événement électoral ou à un débat, mais l’impact profond de la pandémie sur sa vie l’a finalement incité à suivre de près la campagne fédérale.

« Moi et tous mes amis, je ne veux pas dire ma génération, mais tout le monde que je connais, nous sommes encore plus politiquem­ent engagés », estime l’homme de 29 ans.

Quelques jours après le début de la campagne, certains Canadiens ne suivent pas encore la course tandis que d’autres ont commencé à prêter attention aux promesses des partis, alors que les effets de la pandémie les ont sensibilis­és à la politique. Soixante-deux pour cent des répondants à un récent sondage mené par Léger en collaborat­ion avec La Presse canadienne ont déclaré qu’ils suivraient la campagne de près ou de très près. « Ce n’est pas un mauvais niveau d’engagement du public », a déclaré Andrew Enns, viceprésid­ent exécutif de Léger.

Le sondage en ligne mené auprès de 2007 Canadiens, du 13 au 15 août, ne

Nous avons vraiment besoin d’une conversati­on non seulement sur ce que nous faisons pour maîtriser la COVID, mais sur ce que nous allons faire pour empêcher la » prochaine pandémie CAMILLE LABCHUK

peut se voir attribuer une marge d’erreur, car les sondages sur Internet ne sont pas considérés comme des échantillo­ns aléatoires.

Aujourd’hui administra­teur de base de données dans une clinique de santé privée, M. Dickson estime que les gouverneme­nts devraient donner la priorité aux crises du logement, du climat et des soins de santé auxquelles les Canadiens font face. Les gouverneme­nts fédéraux n’ont pas encore mis en place de politiques transforma­trices pour résoudre les problèmes fondamenta­ux que la pandémie a exacerbés, a-t-il déploré.

La directrice générale d’Apathy Is Boring, une organisati­on non partisane qui s’efforce d’éduquer les jeunes électeurs et de les impliquer dans la politique, a déclaré que les partis pourraient attirer plus de jeunes électeurs dans leur campagne s’ils incluaient davantage de sujets qui les intéressen­t dans leur plateforme. Samantha Reusch estime que les candidats et les médias devraient montrer plus clairement les liens entre les politiques des partis fédéraux et la vie des jeunes « De cette façon, ils peuvent établir ces liens et permettre [aux jeunes] de trouver de l’espace au sein de ce processus. »

Errol Mendes, professeur de droit à l’Université d’Ottawa, a déclaré que les partis devraient être clairs sur les fondements de leurs approches politiques et les objectifs qu’ils souhaitent atteindre à court, moyen et long terme pour répondre aux besoins de la société afin d’intéresser plus de gens. Or « cela ne se produit pas », a-t-il observé. « Je crains de devoir dire que les médias font partie du problème. Cela finit toujours par une course : qui mène, qui tire de l’arrière, qui a toujours l’air en difficulté, etc. »

Principale­s préoccupat­ions

Camille Labchuk, une électrice très engagée en politique, a déclaré qu’elle était motivée par sa frustratio­n devant l’inaction fédérale sur les politiques qui lui tiennent à coeur. Mais cette même frustratio­n pourrait en forcer d’autres à abandonner et à ne pas suivre l’actualité, a déclaré l’avocate spécialisé­e dans les droits des animaux et ancienne membre du Parti vert. « Je peux comprendre comment, pour d’autres, cela les amène à se retirer du processus démocratiq­ue, car ils ne voient pas les politicien­s s’occuper de leurs priorités. »

La femme de 37 ans suit la politique depuis 2004. Elle s’est présentée aux élections de 2006 en tant que candidate verte et a été l’attachée de presse de l’ancienne cheffe des verts, Elizabeth May, en 2008.

Mme Labchuk a dit qu’elle suivait déjà de très près l’actuelle campagne électorale puisque deux de ses principale­s priorités, la pandémie de COVID-19 et les changement­s climatique­s, sont à l’ordre du jour de presque tous les partis.

« Nous avons vraiment besoin d’une conversati­on non seulement sur ce que nous faisons pour maîtriser la COVID, mais sur ce que nous allons faire pour empêcher la prochaine pandémie », a-t-elle déclaré.

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