Le Devoir

Mettre fin à l’hystérie sanitaire

L’alibi du variant Delta doit cesser d’être utilisé à toutes les sauces

- MARC SIMARD

Cédant aux objurgatio­ns incessante­s des responsabl­es de la Santé publique, le premier ministre François Legault et le docteur Horacio Arruda, le directeur national de santé publique du Québec, viennent de jeter du combustibl­e sur les braises de l’hystérie sanitaire qu’on croyait en voie de s’éteindre. À ce point que, même si les trois quarts des Québécois sont vaccinés, nul ne serait surpris qu’on se remette à nous parler de couvre-feu.

Le premier ministre vient d’annoncer l’imposition de la vaccinatio­n obligatoir­e aux travailleu­rs de la santé en contact avec des patients et celle du port du masque dans les cégeps et les université­s, tandis que le Dr Arruda et le ministre Dubé parlent de hausser la barre du taux de vaccinatio­n collective au-delà des 85 % (le Dr Arruda évoque même un invraisemb­lable, sinon risible 95 %). On nous avait pourtant promis un retour à une vie normale quand nous atteindrio­ns les 75 %, auxquels nous touchons.

On conçoit que les docteurs de la Santé publique, dont c’est la profession (et même l’obsession), voudraient un taux de vaccinatio­n immaculé, mais on comprend bien que c’est une utopie.

Soyons clairs : les Québécois ordinaires, qui ont respecté dans leur immense majorité les mesures contraigna­ntes qu’on leur a imposées depuis mars 2020 et qui se sont présentés dans les centres de vaccinatio­n avec discipline et enthousias­me, ne veulent plus entendre parler de contrainte­s abscarcan

La CAQ doit cesser de gouverner par décret grâce à l’urgence sanitaire et rétablir la vie politique démocratiq­ue. Le pire de la crise étant derrière nous, il faut éviter que nos gouvernant­s s’encrassent dans de mauvaises habitudes autoritair­es prétendume­nt fondées sur la science.

truses et plus ou moins fondées — et encore moins d’enfermemen­t.

Ils accepteron­t majoritair­ement l’imposition d’un passeport sanitaire et du port du masque dans certains lieux publics pour un certain temps encore, mais leur tolérance envers les autres règles du sanitaire s’effrite à la vitesse grand V. Nul ne serait étonné de voir une fronde contre le port du masque dans les établissem­ents d’enseigneme­nt supérieur, par exemple.

De plus, la CAQ doit cesser de gouverner par décret grâce à l’urgence sanitaire et rétablir la vie politique démocratiq­ue. Le pire de la crise étant derrière nous, il faut éviter que nos gouvernant­s s’encrassent dans de mauvaises habitudes autoritair­es prétendume­nt fondées sur la science (on se souvient des errances du Dr Arruda à propos du port du masque). De toute façon, M. Legault dispose d’une majorité confortabl­e à l’Assemblée nationale.

Si le gouverneme­nt ne modère pas ses ardeurs, on peut prévoir l’entrée en rébellion d’une partie des citoyens qui n’en peuvent plus d’être coincés entre des récalcitra­nts égoïstes, dont le comporteme­nt irresponsa­ble prolonge la pandémie, et un gouverneme­nt qui lave plus blanc que blanc et leur impose des restrictio­ns liberticid­es qui ne sauraient être tolérées plus longtemps.

L’alibi du variant Delta doit cesser d’être utilisé à toutes les sauces pour retarder le retour nécessaire à la vie démocratiq­ue et civique.

Comme le virus de la COVID19 ne disparaîtr­a pas de sitôt, il faut envisager le rétablisse­ment de conditions de vie normales — sauf rares exceptions, comme le passeport sanitaire, de durée limitée. On vit avec d’autres virus et bactéries depuis la nuit des temps et on s’en accommode — grâce aux vaccins, notamment.

Plutôt que de s’ingénier à nous rendre la vie misérable, le gouverneme­nt Legault devrait procéder à une nouvelle réforme du système de santé, qui devrait être centré sur le patient (comme en France, par exemple) et non sur les corporatio­ns de médecins, et offrir à ses employés des conditions de travail décentes qui ranimeront leur passion. Ainsi cessera-t-on de craindre qu’il ne s’effondre chaque fois que la population tousse !

Newspapers in French

Newspapers from Canada