Les dossiers autochtones prennent l’avant-scène
Des chefs des Premières Nations interpellent les chefs et demandent des actions concrètes
Au sixième jour de la campagne électorale, vendredi, les leaders autochtones du pays se sont invités, en personne ou par publication de communiqués, dans la campagne fédérale.
À Winnipeg, trois chefs des Premières Nations ont réclamé et obtenu une rencontre avec le chef libéral, Justin Trudeau, qui passait dans une épicerie pour son arrêt de campagne du jour.
En point de presse, M. Trudeau n’a pas voulu s’engager à ouvrir une enquête criminelle sur les enfants disparus des pensionnats autochtones. « Ce n’est pas une décision politique de déposer des accusations », a rappelé M. Trudeau, en affirmant qu’un gouvernement libéral s’assurerait que des sévices commis dans le passé s’attirent « des conséquences ».
« La découverte de ces sépultures anonymes crée une opportunité de guérison pour nous tous », a fait remarquer Arlen Dumas, chef à l’Assemblée des Premières Nations du Manitoba, pendant un point de presse qui a suivi celui du chef libéral.
« J’encourage tout simplement tous les Canadiens à nous parler, à tendre la main, parce qu’il n’y a personne qui va s’en aller nulle part », a renchéri la cheffe régionale de l’Assemblée des Premières Nations, Cindy Woodhouse.
Engagement contractuel
Le chef conservateur, aussi à Winnipeg, s’y est fait interpeller par l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL) qui veut, elle aussi, « un contrat » comme celui qu’Erin O’Toole poste à chaque citoyen québécois.
« Cette idée d’un contrat me semble excellente. Il est plus difficile de rompre un contrat que de renier de simples promesses électorales. J’encourage M. O’Toole à s’engager dès maintenant et personnellement dans cette voie avec les Premières Nations », a écrit Ghislain Picard dans un communiqué publié vendredi matin.
L’APNQL veut, entre autres, être assurée que les recommandations répétées des enquêtes et des commissions continueront à être mises en oeuvre. « M. Trudeau, je sais, a cette question à coeur, mais il n’agit jamais. Avec un gouvernement conservateur, nous aurons plus que des mots, nous aurons des actions », a déclaré M. O’Toole à propos de la réconciliation.
Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, lui, a mis le dossier autochtone à son horaire du jour, sans se le faire demander. M. Singh s’est présenté dans une communauté autochtone de la Saskatchewan pour visiter les sépultures anonymes de la Première Nation de Cowessess, vendredi après-midi. « Cela est un génocide, le pire crime possible. Ce que nous devons faire, c’est poursuivre cette affaire comme un crime, ce qui veut dire nommer un procureur spécial », a-t-il dit. M. Singh s’engage à nommer pareil procureur si un gouvernement néodémocrate est élu.
Le chef du NPD a été incapable de retenir ses larmes lorsqu’un journaliste lui a demandé l’effet que sa visite a eu sur lui, maintenant qu’il attend son premier enfant. « Je ne veux pas que ce soit à propos de moi », a-t-il dit d’une voix chevrotante, aux côtés de sa conjointe enceinte. « Bien sûr que ça frappe autrement, maintenant que je suis un parent », a-t-il soufflé après un long silence. « Ce n’est pas à propos de moi comme parent, s’est-il repris. C’est à propos des peuples autochtones à qui on a refusé la justice, à qui on a refusé la dignité. »
Questions d’environnement
De son côté, le chef bloquiste YvesFrançois Blanchet voulait plutôt parler de la crise climatique, vendredi. Il a tenu son premier point de presse du jour à Sainte-Marthe-sur-le-Lac, une municipalité durement éprouvée par des inondations en 2019.
M. Blanchet y a accusé le gouvernement Trudeau d’inaction en matière de lutte contre changements climatiques.
« Quelle est la différence entre nier les changements climatiques ou refuser d’agir pour contrer les changements climatiques ? À la fin de la journée, c’est la même chose », a lancé M. Blanchet, tentant d’écorcher dans une même phrase conservateurs et libéraux.