Le Devoir

Les déchets pèsent plus lourd depuis la pandémie

- ZACHARIE GOUDREAULT

Après avoir connu une baisse continue dans les dernières années, la quantité de déchets produits par les Montréalai­s est repartie à la hausse en 2020, en bonne partie en raison de la pandémie. Ce sont par ailleurs près de la moitié de ces matières qui ont pris le chemin de l’enfouissem­ent.

Le comité exécutif de la Ville de Montréal a adopté à huis clos, mercredi, le bilan 2020 de la gestion des matières résiduelle­s dans l’ensemble de l’agglomérat­ion. Celui-ci concerne essentiell­ement les déchets collectés à la porte des résidents de l’île de Montréal, dont le poids a augmenté de 3,8 % en 2020 par rapport à l’année précédente, pour atteindre une moyenne annuelle de 461 kg par habitant. C’est 62 kg de plus que la cible que s’est fixée l’administra­tion de Valérie Plante pour 2025, dans l’espoir de « tendre vers le zéro déchet » d’ici 2030.

La Ville, qui mise notamment sur la réduction à la source pour atteindre ses cibles en matière de gestion des déchets, voit toutefois cette hausse comme étant circonstan­cielle au contexte de la pandémie, qui a stimulé le télétravai­l et les livraisons à domicile.

« On était vraiment cloué à la maison et on l’a vu, les matières collectées ont augmenté de façon massive », souligne au Devoir le responsabl­e des services aux citoyens au comité exécutif, Jean-François Parenteau. L’augmentati­on de la quantité de carton et de papier collectée dans les bacs de recyclage des Montréalai­s a d’ailleurs permis à la Ville de cesser d’opérer ses centres de tri à perte. Avant la crise sanitaire, « ça nous coûtait plus cher de recycler que ce que ça nous rapportait […] Maintenant, on peut retirer des bénéfices du recyclage », indique M. Parenteau.

Le chemin à parcourir

Le rapport fait par ailleurs état d’un taux d’éliminatio­n globale de 48 %, ce qui signifie que près de la moitié des matières résiduelle­s — incluant les matières recyclable­s et compostabl­es — terminent dans le site d’enfouissem­ent de Terrebonne, qui atteindra sa pleine capacité en 2029. « C’est sûr que c’est élevé » comme pourcentag­e, confirme le directeur général du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets, Karel Ménard, qui réclame notamment la création de plusieurs petits sites d’enfouissem­ent dans la région de Montréal afin d’y « stabiliser la gestion des déchets ».

« Ça souligne le reste du chemin qui reste à parcourir », note pour sa part l’analyste en réduction à la source à Équiterre, Amélie Côté. Pour atteindre ses cibles, la Ville devra aller plus loin que l’interdicti­on de plusieurs articles de plastique à usage unique, comme elle entend le faire d’ici 2023, note l’experte. « Il faut accélérer la transition vers une économie plus circulaire. Il faut se donner les moyens de cette transition », estime Mme Côté.

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