Une pression nommée Navalny
Londres et Washington ont annoncé une deuxième série de sanctions contre de hauts responsables, en lien avec l’empoisonnement de l’opposant au Kremlin, toujours détenu
Londres et Washington ont annoncé vendredi de nouvelles sanctions contre de hauts responsables des services de sécurité russes pour leur rôle présumé dans l’empoisonnement de l’opposant au Kremlin Alexeï Navalny, survenu il y a exactement un an, à bord d’un avion en Sibérie.
Le ministère britannique des Affaires étrangères a ciblé sept personnes, identifiées comme étant membres des services de sécurité russes (FSB). Ces individus sont frappés par des interdictions de voyager et par le gel de leurs avoirs, des mesures « prises aux côtés de nos alliés américains », a-t-il précisé dans un communiqué.
Le Trésor américain, lui, a indiqué dans un communiqué distinct que neuf hauts responsables et deux laboratoires scientifiques étaient visés au total par cette troisième vague de sanctions américaines. Le département d’État américain a désigné « deux laboratoires scientifiques du ministère russe de la Défense qui se sont engagés dans des activités visant à développer les capacités d’armes chimiques de la Russie », a expliqué le Trésor.
De son côté, la diplomatie russe a dénoncé vendredi soir ces sanctions
Parmi [les individus sanctionnés], trois agents présumés du FSB, Alexeï Alexandrov, Vladimir Panyaev et Ivan Vladimirovich Ossipov qui, selon Londres, étaient présents à Tomsk au moment de l’empoisonnement de Navalny
« unilatérales illégitimes ». « La Russie a appelé à plusieurs reprises la GrandeBretagne et ses partenaires […] à appuyer les accusations avec des preuves. Mais la Grande-Bretagne et ses partenaires continuent de faire fi de ces appels », a écrit la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Maria Zakharova, sur l’application Telegram.
Les sanctions annoncées vendredi par le Royaume-Uni dans l’affaire Navalny sont les deuxièmes après celles annoncées en octobre 2020 contre six responsables, dont le patron du FSB, Alexandre Bortnikov, et l’un des responsables de l’administration présidentielle, Sergueï Kirienko, en lien avec l’empoisonnement.
Les individus sanctionnés cette foisci « sont directement responsables de la préparation ou de l’exécution de l’attaque contre M. Navalny, à Tomsk, le 20 août 2020 ». Parmi eux, trois agents présumés du FSB, Alexeï Alexandrov, Vladimir Panyaev et Ivan Vladimirovich Ossipov qui, selon Londres, étaient présents à Tomsk au moment de l’empoisonnement de Navalny. Quatre membres de haut rang du FSB dont un général et un colonel sont aussi visés.
Dernière rencontre Merkel-Poutine
À l’occasion de son dernier déplacement en Russie, Angela Merkel a réclamé de Vladimir Poutine, vendredi, la libération de l’opposant Alexeï Navalny, tout en insistant sur la nécessité d’un dialogue avec la Russie. Dès le début de leur conférence de presse commune, la chancelière a souligné « la situation tragique » d’Alexeï Navalny, incarcéré pour fraude dans une affaire largement considérée comme relevant de la répression politique.
M. Poutine lui a opposé une fin de non-recevoir, assurant que son adversaire n’était pas détenu « pour ses activités politiques », mais pour « une infraction criminelle ». Il n’a pas évoqué l’empoisonnement de Navalny alors que l’Allemagne, qui le soignait, a établi qu’il avait été intoxiqué par un produit militaire soviétique, le Novitchok. L’opposant russe avait été deux jours dans le coma dans un hôpital sibérien avant d’être transféré à Berlin pour y être soigné.
Alexeï Navalny est emprisonné en Russie, où il est revenu en janvier 2021.
Dans une déclaration commune, Londres et Washington « appellent la Russie à se conformer pleinement à la Convention sur les armes chimiques (CAC), y compris à ses obligations de déclarer et de démanteler son programme d’armes chimiques ». Les deux alliés « regrettent que les autorités russes n’aient pas mené d’enquête et n’aient pas expliqué de manière crédible l’utilisation d’une arme chimique contre M. Navalny sur le territoire russe ».