Les leçons à tirer de la PCU et de la PCRE
Les employeurs n’ont jamais eu autant de difficultés à trouver des employés. Plusieurs blâment la PCU et la PCRE, qui sont venues garantir un revenu de 2000 $ par mois à des gens qui ne gagnaient pas ce salaire même en travaillant à temps plein.
Un employé (célibataire sans enfants à charge) au salaire minimum de 13,50 $ l’heure qui travaille 40 heures par semaine gagnera net 476,11 $ par semaine. Pour franchir le cap des 500 $ nets par semaine, il faut gagner 14,30 $ l’heure et travailler 40 heures par semaine.
Ce que la PCU et la PCRE ont démontré aux employeurs et aux gouvernements, qui fixent le salaire minimum, c’est la limite du salaire crève-la-faim que les employés sont prêts à accepter, que leurs salaires étaient insuffisants et que le salaire minimum est indécent. J’entends déjà les employeurs hurler : « Mais on ne peut pas payer plus cher. Personne ne va venir acheter chez nous si on monte nos prix. » Je vous comprends, j’ai déjà été employeur. J’ai eu des employés à ma charge et je comprends votre dilemme.
Et si ce n’était pas vous, les employeurs, le problème ? Si ce n’était pas vous, le problème, mais bien vos clients qui cherchent toujours le prix le plus bas. Je sais que ça semble complètement déluré et décérébré de dire cela, puisque, comme consommateurs, on est programmés à toujours vouloir payer le prix le plus bas possible. Et comme commerçants, on veut toujours offrir nos produits et services au meilleur prix pour en vendre plus. C’est la base du capitalisme. L’offre et la demande.
Les employeurs, surtout dans le commerce de détail et dans la restauration, où la pénurie semble pénible, auraient avantage à se positionner comme des employeurs « équitables ». C’est-à-dire des employeurs qui paient leurs employés bien au-delà du salaire minimum pour leur offrir une qualité de vie acceptable. Si cette idée semble venir de la « gau-gauche », elle est néanmoins enracinée dans un pragmatisme d’affaires.
Employeur « équitable »
Prenons comme exemple un magasin de chaussures de quartier, ou d’un petit centre-ville de région. Si, comme consommateur, je vais à ce magasin et dois payer mes chaussures cinq ou dix dollars de plus, mais que je sais qu’ainsi j’assure une meilleure qualité de vie aux employés qui y travaillent, alors, personnellement, je serai d’accord pour payer un peu plus cher.
Évidemment, il y a une foule d’activités de communication et de marketing à faire pour faire comprendre au consommateur que l’entreprise dans laquelle il magasine est un employeur « équitable ». Quitte à afficher dans le magasin le taux horaire qu’il offre à ses employés !
Je suis convaincu que les employeurs qui adopteraient cette approche n’auraient plus de difficulté à trouver des employés, puisqu’ils offriraient de meilleurs salaires et que les gens iraient même jusqu’à rechercher les employeurs « équitables ».
Si les gens recherchent ces employeurs, ces derniers auront alors l’embarras du choix et pourront embaucher seulement les personnes qui conviennent à leur entreprise. Ils auront donc les meilleurs employés de leur industrie. Ces derniers offriront un meilleur service, ce qui distinguera l’employeur « équitable » des autres et justifiera facilement l’augmentation des prix. Si les employés sont heureux, l’employeur n’aura pas à gérer un roulement de personnel, l’absentéisme et tous les autres problèmes de gestion des ressources humaines qu’on peut connaître en entreprise.
Il faudra toujours surveiller les scélérats qui vont tenter de profiter du concept d’employeur « équitable » en augmentant les prix mais pas le salaire de leurs employés, mais des profiteurs, il y en a partout.
Avec la pénurie de maind’oeuvre, pour certains employeurs dans certains domaines, le jeu en vaut certainement la chandelle, puisqu’ils risquent tout simplement de devoir mettre la clé sous la porte si la situation perdure.
Comme consommateurs, nous avons aussi un examen de conscience à faire. Est-il vraiment impératif d’acheter tout ce qu’on peut et ce qu’on veut en tout temps dès que c’est à portée de main parce que ce n’est pas cher ? Ne pourrait-on pas se modérer un peu et faire des choix plus responsables et intelligents dans des entreprises d’ici qui valorisent les gens d’ici ? Poser la question c’est y répondre.