Le Devoir

Ottawa défend sa mission d’évacuation en Afghanista­n

- ASIE CENTRALE À OTTAWA

Le Canada a évacué 121 personnes de plus d’Afghanista­n samedi, incluant des citoyens canadiens et des membres de leurs familles ainsi que des Afghans admissible­s à être accueillis par le Canada ou ses alliés, a confirmé le gouverneme­nt canadien dimanche.

Plus tôt dans la journée, le ministre de la Défense, Harjit Sajjan, avait déclaré que le Canada allait continuer de travailler sans relâche pour évacuer d’Afghanista­n le plus grand nombre de gens en danger « tant que ce sera sécuritair­e de le faire ».

Il a ajouté que les conditions de sécurité changent rapidement dans la région de Kaboul, même d’heure en heure, et que le personnel canadien fait tout en son pouvoir pour ramener le plus de gens possible en sécurité.

L’affluence d’imposantes foules ainsi que la violence autour de l’aéroport de Kaboul représente­nt « des défis majeurs » pour le personnel canadien sur place, a souligné le ministre Sajjan.

Dans un discours de campagne électorale, dimanche, le chef du NPD, Jagmeet Singh, a reproché au gouverneme­nt fédéral d’avoir mis trop de temps à réagir.

Pressé de question dans le but de savoir si le Canada a fait assez pour permettre aux gens de passer les portes de l’aéroport et de monter à bord des avions, le ministre Sajjan a répondu qu’il ne pouvait pas fournir plus de détails sur les opérations pour des raisons de sécurité. Il a toutefois admis que l’envoi d’avions supplément­aires était envisagé.

« On n’écarte rien, a-t-il déclaré. Mais la situation en matière de sécurité est extrêmemen­t dangereuse en ce moment. »

Pour cette sortie publique, le ministre Sajjan était flanqué de quelques collègues, le ministre de l’Immigratio­n, Marco Mendicino, le ministre des Affaires étrangères, Marc Garneau, et la ministre des Femmes et de l’Égalité des genres, Maryam Monsef.

« Les histoires en provenance de Kaboul sont déchirante­s. Les gens ont peur. Ils craignent pour leur vie et ils prennent d’importants risques dans l’espoir de trouver la sécurité, a commenté Marc Garneau. La panique que l’on ressent dans les courriels et les appels que l’on reçoit traduit clairement la gravité de la situation. Nous accompagno­ns les gens étape par étape à travers ce processus difficile dans le but de les ramener en sécurité. »

De son côté, Marco Mendicino a assuré que le personnel canadien sur place en sol afghan avait « toute la discrétion opérationn­elle pour faire tout ce qui est nécessaire pour ramener le plus de gens possible à l’aéroport et à bord des avions le plus rapidement possible ».

Il dit avoir donné l’ordre d’accélérer le processus d’enregistre­ment des demandeurs d’asile et d’ajouter des ressources supplément­aires pour faciliter les démarches sans compromett­re la sécurité.

Selon le ministre Mendicino, le Canada demeure en communicat­ion constante avec tous les demandeurs admissible­s au programme d’accueil de réfugiés afghans et qu’il leur fournit des conseils pour les aider à rester en sécurité.

Cette conférence de presse survient au moment où le gouverneme­nt a confirmé l’évacuation vendredi de 106 Afghans de plus vers un pays tiers, depuis l’aéroport de Kaboul.

Le vol ayant quitté Kaboul vendredi n’était que le deuxième avion nolisé par le Canada à décoller depuis que les talibans ont repris possession de la capitale afghane la fin de semaine dernière.

Le premier appareil avait décollé jeudi avec 175 demandeurs d’asile afghans et 13 ressortiss­ants étrangers.

Selon les autorités canadienne­s, les passagers du vol de jeudi devraient être accueillis par d’autres pays alors que les 106 passagers du vol de vendredi devraient s’établir au Canada.

Tous les évacués afghans de ces deux vols sont des interprète­s ou d’autres collaborat­eurs ayant travaillé avec les Forces armées canadienne­s ou le corps diplomatiq­ue pendant le conflit.

De mauvais souvenirs

Maryam Monsef, la première Canadienne d’origine afghane élue à la Chambre des communes, a confié que le chaos actuel à Kaboul a fait ressurgir de mauvais souvenirs.

Elle a promis de collaborer avec divers collègues, au Canada et ailleurs dans le monde, afin de créer un lieu de partage où faire résonner les voix de femmes, de filles et de minorités afghanes.

« Leurs voix doivent être entendues, elles doivent façonner la réaction du Canada et celle du reste de la planète, a-t-elle mentionné. Les talibans d’aujourd’hui sont les mêmes talibans que ceux d’il y a vingt ans. »

La ministre Monsef a rappelé qu’un véritable gouverneme­nt légitime permettrai­t sur-le-champ la libre circulatio­n des individus, mettrait fin à la violence et participer­ait à des négociatio­ns de paix qui incluraien­t de manière concrète les femmes et les minorités.

Les histoires en provenance de Kaboul sont déchirante­s. »

Les gens ont peur. MARC GARNEAU

 ?? WAKIL KOHSAR AGENCE FRANCE-PRESSE ?? D’imposantes foules ainsi que la violence autour de l’aéroport de Kaboul, capitale de l’Afghanista­n, représente­nt « des défis majeurs » pour le personnel canadien sur place, a souligné dimanche le ministre de la Défense, Harjit Sajjan. Près de 120 personnes ont été évacuées du pays, samedi, par le Canada.
WAKIL KOHSAR AGENCE FRANCE-PRESSE D’imposantes foules ainsi que la violence autour de l’aéroport de Kaboul, capitale de l’Afghanista­n, représente­nt « des défis majeurs » pour le personnel canadien sur place, a souligné dimanche le ministre de la Défense, Harjit Sajjan. Près de 120 personnes ont été évacuées du pays, samedi, par le Canada.

Newspapers in French

Newspapers from Canada