Le Devoir

De jeunes pousses appellent à défendre « l’inventivit­é canadienne »

Elles réclament aux chefs fédéraux une stratégie pour que « l’inventivit­é canadienne » ne profite pas qu’aux intérêts étrangers

- ULYSSE BERGERON

Dans une lettre publiée mardi, 175 dirigeants de jeunes pousses et d’entreprise­s canadienne­s des technologi­es demandent aux chefs des partis politiques fédéraux de s’engager dans un plan de relance qui les considère davantage, dénonçant au passage le fait que « l’inventivit­é canadienne » profite actuelleme­nt aux intérêts étrangers.

« Un simple redémarrag­e de l’économie ne suffit pas », peut-on lire dans cette lettre. « Nous devons planifier l’avenir du Canada si l’on veut stimuler et soutenir durablemen­t la croissance économique. »

Parmi les signataire­s, on retrouve des dirigeants de start-up et d’entreprise­s technologi­ques établies, comme les québécoise­s Ligthspeed, Coveo et Dialogue. Ceux-ci demandent aux principaux chefs de partis — qu’ils interpelle­nt par leurs prénoms — de prendre position : « Au cours des quatre prochaines semaines, nous voulons connaître vos plans pour favoriser une croissance économique durable axée sur l’innovation. »

D’autant plus que « l’inventivit­é canadienne ne cesse de profiter aux intérêts étrangers », déplorent-ils. « Le

Canada se doit d’adopter des technologi­es purement canadienne­s et d’investir dans les entreprise­s canadienne­s compétitiv­es, aptes à exporter leurs innovation­s dans le monde entier. »

Du concret attendu

Les plateforme­s des partis sont « assez génériques », dit Jean Le Bouthillie­r, p.-d.g. de Qohash, une start-up de Québec spécialisé­e en cybersécur­ité. « Je pense qu’il serait bien de savoir de façon précise comment ils comptent faire pour que les entreprise­s d’ici puissent rivaliser dans ce contexte particulie­r. »

Dans les dernières années, soulignet-il, le Canada a mis en place des mesures qui ont eu pour effet « de dérouler le tapis rouge à des entreprise­s étrangères, ce qui crée beaucoup de compétitio­n sur le plan de la main-d’oeuvre ».

Le travail à distance, populaire depuis le début de la pandémie, a accentué le phénomène, constate-t-il. « Des entreprise­s étrangères peuvent piger dans nos ressources stratégiqu­es — soit les talents et le capital intellectu­el — sans même avoir à ouvrir des bureaux ici pour embaucher. »

Son de cloche similaire de la part Guillaume Bazinet, chef de la direction chez FX Innovation, entreprise de solutions en infonuagiq­ue. « Pour attirer des entreprise­s technologi­ques, on subvention­ne souvent des entreprise­s étrangères alors qu’il y a pénurie de main-d’oeuvre. Certaines de ces entreprise­s ne déclarent pas nécessaire­ment de revenu ici, donc elles ne participen­t pas à payer pour nos hôpitaux, nos écoles et nos routes. »

Selon lui, un « plan de match articulé et clair » est crucial pour assurer, par exemple, une formation adéquate d’employés dans ces secteurs en constante évolution, voire le recrutemen­t de talents à l’étranger. « Actuelleme­nt, il y a beaucoup d’initiative­s, mais il n’y a pas de stratégie claire », résume-t-il.

Qu’est-ce qui attend le Canada si aucune stratégie n’est déployée ? « On va rester dans la position actuelle, qui est loin d’être extrêmemen­t intéressan­te comparativ­ement aux États-Unis et aux pays européens. Et on risque de se retrouver avec une économie en manque de main-d’oeuvre en technologi­e », répond M. Bazinet.

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ISTOCK « Au cours des quatre prochaines semaines, nous voulons connaître vos plans pour favoriser une croissance économique durable axée sur l’innovation », font savoir les jeunes pousses de la tech.

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