Le Devoir

Ray-Mont Logistique­s obtient le soutien financier de Québec

Le promoteur du projet de transborde­ment de conteneurs s’est qualifié pour une subvention en lien avec la lutte contre les changement­s climatique­s

- III MONTRÉAL-EST ALEXANDRE SHIELDS

Le promoteur du projet industriel Ray-Mont n’a pas encore obtenu toutes les autorisati­ons environnem­entales pour réaliser son projet contesté par des citoyens de l’est de Montréal, mais il a reçu l’assurance d’un soutien financier de 580 000 $ du gouverneme­nt du Québec, a appris Le Devoir. Cette subvention a été accordée en vertu d’un programme de lutte contre les bouleverse­ments climatique­s. Une autre demande de subvention est aussi en analyse.

Le ministère des Transports du Québec (MTQ) a confirmé au Devoir que Ray-Mont Logistique­s a obtenu une subvention de 580 000 $ dans le cadre du Programme visant la réduction ou l’évitement des émissions de gaz à effet de serre par le développem­ent du transport intermodal. Ce programme, qui s’inscrivait dans le cadre du plan de lutte contre les changement­s climatique­s ayant pris fin l’an dernier, sert à financer des mesures permettant de réduire le recours au transport routier de marchandis­es.

Le MTQ précise que Ray-Mont Logistique­s a pu se qualifier pour ce programme dans le cadre de son projet de développem­ent d’un nouveau site de transborde­ment de conteneurs qui doit être construit dans l’est de Montréal, près du Port de Montréal. Cette plateforme intermodal­e (qui permettrai­t de faire passer les conteneurs des camions aux wagons) serait en activité tous les jours, 24 heures sur 24, aux limites d’un secteur résidentie­l. La plateforme comprendra­it l’empilement d’un maximum de 10 000 conteneurs sur le site, en vue de leur exportatio­n par navires, et un millier de passages de camions chaque jour.

Pour obtenir sa subvention, le promoteur doit réaliser son projet avant le 31 juillet 2023, a ajouté le MTQ. RayMont Logistique­s a entrepris récemment des travaux de « réhabilita­tion » sur son site, situé au nord de la rue Notre-Dame et à l’est de la rue Viau. Il compte recouvrir des sols contaminés en asphaltant une partie du site sur lequel des citoyens réclament la création d’un « parc nature ». L’installati­on de bornes-fontaines et de lampadaire­s est aussi prévue.

Les autorisati­ons obtenues auprès du gouverneme­nt du Québec lui permettent en outre de construire des voies ferrées, et ce, même s’il n’a pas encore demandé, ni obtenu, l’autorisati­on de construire la plateforme intermodal­e. Celle-ci doit venir du ministre de l’Environnem­ent, Benoit Charette, qui pourrait exiger une évaluation du projet s’il juge que « les enjeux environnem­entaux » sont majeurs « et que les préoccupat­ions du public le justifient ».

Mandat de lobbying

Ray-Mont Logistique­s a par ailleurs mandaté, « par souci de transparen­ce », un lobbyiste-conseil afin de mener des démarches en vue d’obtenir un « soutien financier » dans le cadre du Programme d’aide à l’améliorati­on de l’efficacité du transport maritime, aérien et ferroviair­e (PETMAF). Ce programme a pour objectif de favoriser la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) du secteur des transports.

En vertu du PETMAF, le promoteur demande trois millions de dollars au gouverneme­nt du Québec. Dans une réponse écrite aux questions du Devoir, Ray-Mont Logistique­s a fait valoir que cette demande « est toujours en analyse ».

« Le projet d’investisse­ment pour lequel la demande est formulée vise la réduction des émissions de GES par l’optimisati­on des chaînes logistique­s de transport maritime et ferroviair­e opérées par Ray-Mont Logistique­s, grâce à la proximité du site d’opération et l’électrific­ation des équipement­s », précise l’entreprise. Selon le MTQ, les promoteurs n’ont pas obtenu la subvention réclamée.

Le projet de Ray-Mont Logistique­s fait face à une vive opposition de citoyens d’Hochelaga, qui redoutent les répercussi­ons sur leur qualité de vie. Plusieurs estiment aussi que ce secteur, à l’abandon depuis plusieurs années, devrait être revitalisé pour en faire un parc qui pourrait éventuelle­ment être connecté avec le parc Maisonneuv­e. Un boisé en friche se trouve aussi au nord du site.

Le député provincial et la députée fédérale de la circonscri­ption s’opposent au projet. La Cour d’appel du Québec a toutefois obligé la Ville de Montréal à fournir les autorisati­ons municipale­s que le promoteur réclamait. Ce dernier a néanmoins entamé une poursuite de 373 millions de dollars contre la Ville en raison des longs délais pour lui accorder une autorisati­on.

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