Le Devoir

Le vaccin de Pfizer pleinement approuvé par la FDA

Davantage d’institutio­ns américaine­s pourraient imposer à leur personnel de se faire vacciner

- LUCIE AUBOURG À WASHINGTON

Les États-Unis ont pleinement approuvé lundi un premier vaccin contre la COVID-19, celui de Pfizer-BioNTech, une décision qui pourrait permettre d’aider à convaincre certains hésitants, mais aussi pousser davantage d’institutio­ns à imposer la vaccinatio­n, dans un pays où le variant Delta fait rage.

Première conséquenc­e visible : le Pentagone a annoncé dans la foulée que tous les membres des forces armées américaine­s devraient être vaccinés.

L’Agence américaine des médicament­s, la FDA, a approuvé la formule de l’alliance germano-américaine pour les personnes de 16 ans et plus, a-t-elle déclaré dans un communiqué. Elle continue d’être disponible pour les adolescent­s de 12 à 15 ans en vertu d’une autorisati­on d’urgence.

« Même si des millions de personnes ont déjà reçu de façon sûre des vaccins contre la COVID-19, nous reconnaiss­ons que pour certains, cette autorisati­on pourra donner plus de confiance dans la vaccinatio­n », a déclaré la cheffe par intérim de la FDA, Janet Woodcock, citée dans le communiqué.

Selon un sondage de la Kaiser Family Foundation, en juin, environ un adulte américain non vacciné sur 10 avait déclaré qu’il serait plus enclin à recevoir une injection si l’une des formules était complèteme­nt approuvée par les autorités sanitaires. « L’un des arguments du mouvement anti-vaccin, qui clamait à tort qu’il s’agissait d’un vaccin expériment­al, a été balayé », s’est félicité auprès de l’AFP le Dr Amesh Adalja, du centre Johns Hopkins pour la sécurité sanitaire.

Vers la vaccinatio­n obligatoir­e ?

Cette décision des autorités sanitaires pourra aussi permettre à certaines autorités d’imposer la vaccinatio­n sans crainte de recours légaux.

Le président Joe Biden a d’ailleurs demandé à « davantage d’entreprise­s » d’imposer une obligation vaccinale à leurs employés.

Une autorisati­on complète permet par ailleurs aux médecins, comme pour tout médicament, de prescrire un remède hors des recommanda­tions. Cela pourrait donc conduire certains profession­nels à décider d’administre­r le vaccin à des enfants fragiles de moins de 12 ans pour lesquels il n’est pas encore autorisé, même en urgence. Cette pratique devrait toutefois rester rare, sachant que des données d’essais cliniques sont attendues rapidement pour cette population.

Pfizer a annoncé en mars avoir entamé des essais sur des milliers d’enfants âgés de 6 mois à 11 ans, qui se poursuiven­t actuelleme­nt. Si les résultats s’avèrent concluants, Pfizer espère être le premier à déposer une demande d’autorisati­on en urgence du vaccin pour les 5-11 ans en septembre.

Plus de 200 millions de personnes, soit près de 61 % de la population américaine, ont reçu au moins une dose de vaccin — en majorité celui de Pfizer-BioNTech.

Si le rythme des vaccinatio­ns avait très fortement ralenti entre début avril et début juillet, la courbe des injections quotidienn­es est, depuis plusieurs semaines, de nouveau en hausse. Le nombre d’immunisati­ons croît notamment dans les États enregistra­nt le plus grand nombre de cas quotidiens — une flambée due au variant Delta hautement contagieux.

Données scientifiq­ues

L’autorisati­on de la FDA se fonde sur des essais cliniques comprenant environ 20 000 personnes de 16 ans et plus ayant reçu le vaccin, et 20 000 ayant reçu un placebo.

Environ 12 000 personnes ont été suivies au minimum six mois, précise l’agence. « Nous avons évalué les données scientifiq­ues et les informatio­ns incluses dans des centaines de milliers de pages » et « avons conduit notre propre analyse de la sûreté et de l’efficacité » du vaccin, a détaillé Peter Marks, responsabl­e scientifiq­ue au sein de la FDA. Il a précisé que le processus de production du vaccin avait également été vérifié, y compris via des visites d’usines.

L’autorisati­on comprend un avertissem­ent sur un risque accru de myocardite, une inflammati­on du muscle cardiaque, après la vaccinatio­n. Ce risque est plus élevé chez les jeunes hommes, dans les sept jours suivant la deuxième injection.

Newspapers in French

Newspapers from Canada