VaxiCode, nouveau sésame des lieux publics non essentiels
Les organisateurs de grands événements extérieurs souhaiteraient qu’une évaluation de la transmission du virus soit effectuée
VaxiCode et VaxiCode Vérif, les deux applications mobiles qui incarneront le système de passeport vaccinal québécois, seront rendues disponibles au courant des prochains jours. Après avoir mené des projets « très concluants » au cours des dernières semaines, Québec a dévoilé mardi les détails du laissez-passer électronique qui entrera en vigueur dès le 1er septembre.
Selon la procédure décrite en point de presse par le ministre de la Santé, Christian Dubé, les commerçants recourront à une première application, VaxiCode Vérif, pour scanner les téléphones des clients. Ces derniers devront s’en remettre à une seconde application, VaxiCode, pour faire valider leur statut vaccinal. Si tout est conforme, l’écran s’affichera en vert. Le nom des clients paraîtra sur le lecteur pour permettre aux employés de vérifier leur identité, mais aucune autre information ne sera partagée, assure le gouvernement. Toute l’opération se déroule sans connexion Internet.
Les deux applications pourront être téléchargées sur les appareils d’Apple dès mercredi. Les propriétaires de téléphones fonctionnant avec Android pourront obtenir leur passeport vaccinal dans les jours suivants.
Cette preuve vaccinale sera obligatoire pour fréquenter les lieux publics dont la vocation n’est pas essentielle comme les bars, les restaurants, les gyms, les festivals et les salles de spectacle, mais également pour exercer plusieurs sports et accéder à de nombreuses activités parascolaires.
Les jeunes de 13 ans et moins sont exemptés de cette nouvelle procédure. Ils devront cependant montrer une pièce d’identité prouvant leur âge.
À ses côtés, le ministre responsable de l’Accès à l’information et de la Protection des renseignements personnels, Éric Caire, a défendu les applications qui, insiste-t-il, « ne représentent aucun danger de vol de renseignements ».
« Le code QR que nous fournissons ne peut pas être falsifié, ne peut pas être modifié, ne peut pas être copié », a-t-il fait valoir. Ceux qui seraient tentés de contourner les règles s’exposent à des sanctions sévères, car « c’est un acte criminel de falsifier un document » de santé publique, a renchéri le ministre Dubé.
Pour les commerçants qui refuseraient de se conformer à la directive, le gouvernement prévoit des sanctions similaires à celles pour le non-respect des autres règles sanitaires, c’est-à-dire des amendes variant entre 1000 $ et 6000 $. La santé publique peut également exiger la fermeture d’un établissement récalcitrant. Mais Québec ne prévoit pas appliquer de sanctions avant le 15 septembre.
Un code QR en format papier sera aussi offert pour les citoyens sans téléphone portable. Quant aux adultes non autorisés à recevoir de vaccin pour des raisons médicales, le directeur de la campagne de la vaccination contre la COVID-19 au Québec, Daniel Paré, a expliqué que les médecins peuvent remettre « un formulaire type » pour autoriser ces gens à obtenir leur laissez-passer. Les personnes qui ont souffert de la COVID-19 et qui obtenu une dose de vaccin verront aussi leur écran passer au vert, a-t-il précisé.
Les employés ne seront pas tenus d’être vaccinés pour travailler dans les commerces non essentiels, car le Code du travail n’autorise pas cet impératif, a expliqué Christian Dubé. Les visiteurs de l’extérieur du Québec pourront simplement présenter une preuve vaccinale de leur pays ou de leur province d’origine ainsi qu’une pièce d’identité pour entrer dans les commerces d’ici.
Aucune modification aux restrictions sanitaires n’est prévue pour les clients vaccinés une fois à l’intérieur des lieux fermés. « En octobre, après l’effet de la rentrée, on va voir où on va être rendus au Québec », a prévenu le directeur national de santé publique, Horacio Arruda.
La plupart des organisations culturelles se sont dites déçues, sans être surprises, des annonces autour du passeport vaccinal faites mardi par le ministre de la Santé du Québec, Christian Dubé.
En dehors des bibliothèques et des musées, qui en sont exemptés, l’ensemble du milieu culturel est visé par la mise en application du passeport vaccinal. Ces mesures sont en place jusqu’à la mi-octobre et pourraient être allégées ensuite, si « la rentrée n’est pas une catastrophe sanitaire », dit Catherine Voyer-Léger, directrice générale du Conseil québécois du théâtre (CQT).
En ce qui a trait aux sorties scolaires, un flou subsiste quant à l’application des mesures pour les publics des cégeps et des universités, ainsi que les publics les plus âgés du niveau secondaire, qui fréquentent généralement les salles en mixité avec le public adulte. Les jeunes publics du primaire et du secondaire, qui participent aux sorties de jour, en groupes scolaires fermés, ne sont pas visés par le passeport vaccinal.
« Les représentants nous ont dit qu’ils allaient nous revenir sur cette question, mais je ne vois vraiment pas quelle pourrait être la solution », dit Catherine Léger-Voyer. « On ne peut pas mélanger les publics », ajoute Charlotte Bocquillon, des relations de presse du Réseau indépendant des diffuseurs d’événements artistiques unis (RIDEAU).
Défis d’application
Par ailleurs, le gouvernement a avisé les organismes que des contraventions pourront être données, passée une période de grâce de deux semaines suivant la mise en vigueur du passeport. Le RIDEAU attendait des précisions mardi soir quant à savoir qui, du promoteur ou du locateur d’une salle, devrait ultimement payer des contraventions dans le cas de salles de spectacle louées.
À l’Association des salles de spectacles indépendantes du Québec (ASSIQ), le président, Michel Sabourin, se disait inquiet des capacités de ses membres à contrôler les publics récalcitrants vis-à-vis de la nouvelle mesure sanitaire. « Je vous inviterais à aller voir un spectacle de hip-hop au Club Soda, ce sont des publics qui ne sont pas faciles à gérer », dit-il.
Au Regroupement des événements majeurs internationaux (RÉMI), on se désole que des assouplissements ne soient prévus, sous réserve, qu’à la mi-octobre, puisque la plupart des événements majeurs auront déjà eu lieu à ce moment-là. « En ce qui nous concerne, la saison va être finie. Ça n’est pas nous qui allons en profiter », dit Martin Roy, p.-d.g. du RÉMI. À titre d’exemple, le Festival de montgolfières de Gatineau prend l’affiche le week-end de la fête du Travail, ainsi que le Festival de musique émergente de l’Abitibi-Témiscamingue. Le Festival de jazz de Montréal ainsi que les Francos sont pour leur part prévus à la mi-septembre, sur la place des Festivals.
« Ils ont déjà prévu accueillir 2500 personnes par scène, soit 5000 personnes sur l’ensemble du site », dit Martin Roy, qui souhaiterait par ailleurs que des mesures permettant d’évaluer la transmission lors des événements extérieurs soient mises en place rapidement par les autorités, même si les concertstests qui devaient avoir lieu miseptembre ont été annulés.
Exemptions saluées
De son côté, la Société des musées du Québec (SMQ) se réjouit que le gouvernement « reconnaisse que les institutions muséales sont des lieux très sécuritaires, avec tous leurs protocoles sanitaires, et par le fait qu’on y déambule », comme l’a indiqué son directeur général, Stéphane Chagnon. « On a constaté que les musées vont souvent un peu plus loin que ce que les normes sanitaires exigent. »
À la connaissance de la SMQ, aucune éclosion n’a été recensée parmi ses lieux membres. « Maintenant, les musées ne sont plus limités dans leur capacité d’accueil », résume M. Chagnon, « mais on demande toujours aux musées de faire respecter la distanciation et le port du masque. » Les réservations ne sont plus de mise, même si les grandes institutions, et quelques moyennes, continuent de les suggérer.
L’Association des bibliothèques publiques du Québec (ABPQ) avait demandé au ministère de la Culture que les bibliothèques soient des endroits qu’on puisse fréquenter sans passeport vaccinal. « Les bibliothèques sont essentielles, notamment pour l’étude, et par la philosophie au coeur de la mission, qui veut qu’elles soient accessibles pour tous, vraiment », rappelle la directrice générale, Eve Lagacé.
Selon Mme Lagacé, aucune éclosion n’a été recensée dans les bibliothèques membres de l’Association, « mais il n’y avait pas d’animations non plus. On a vu une contamination entre employés, dans une seule bibliothèque. C’est tout. »
Le gouvernement a avisé les organismes que des contraventions pourront être données, passée une période de grâce de deux semaines suivant la mise en vigueur du passeport