Le Devoir

Le Canada déterminé à poursuivre les évacuation­s

Ottawa a rassuré les aspirants à l’exil sur sa volonté de leur venir en aide « par tous les moyens possibles », même après le 31 août

- FABIEN DEGLISE

Face à un vent de critiques sur ses opérations d’évacuation en Afghanista­n et sur l’abandon d’Afghans ayant travaillé pour lui dans les dernières années, le Canada a assuré vendredi qu’il allait poursuivre ses exfiltrati­ons au-delà du 31 août prochain et a réitéré ses intentions de venir en aide aux candidats à l’exil, particuliè­rement les personnes risquant de subir la répression du nouveau régime taliban.

« Même si nous n’avons pas pu évacuer autant d’Afghans que nous le voulions, nous continuons de travailler avec nos alliés sur le terrain et avec nos partenaire­s régionaux pour faire sortir les personnes qui le souhaitent », a indiqué le ministre de l’Immigratio­n, des Réfugiés et de la Citoyennet­é, Marco Mendicino, lors d’une conférence de presse téléphoniq­ue tenue vendredi matin.

Le gouverneme­nt a dit qu’il déployait ses énergies « jour et nuit » afin d’encadrer et de favoriser le départ des employés afghans, présents et passés, ayant oeuvré au sein de ses services consulaire­s sur place, mais également des femmes, des militants pour les droits de la personne, des représenta­nts des minorités religieuse­s, des membres de la communauté LGBTQ+ et des journalist­es qui souhaitent fuir l’Afghanista­n pour trouver refuge au Canada, a précisé le ministre. « Après le retrait des troupes internatio­nales, notre engagement va demeurer de soutenir les Afghans », a dit M. Mendicino.

Depuis le retour des talibans au pouvoir, le Canada a orchestré le départ de 3700 personnes, « dont la plupart sont des Afghans », a dit le ministre. Ottawa dit avoir également « sécurisé » 500 sièges sur des vols américains, jeudi, afin de poursuivre ses opérations d’évacuation d’ici la fin du mois.

Présent lors de cette conférence de presse, le ministre des Affaires étrangères, Marc Garneau, a précisé qu’à ce jour, tous les employés canadiens de l’ambassade du Canada à Kaboul avaient quitté le pays, tout comme huit militaires ayant pris part au pont aérien dans les derniers jours. Il a reconnu qu’une quinzaine d’employés des services consulaire­s canadiens, d’origine afghane, attendaien­t toujours de partir et étaient sur une liste prioritair­e « des gens que nous voulons évacuer », a-t-il dit.

« Nous n’avons pas pu sortir tout le monde, a dit M. Garneau. Mais ne perdez pas espoir. Nous continuons d’être là et de faire notre travail pour trouver tous les moyens possibles d’aider les gens. »

« Grande instabilit­é »

Au lendemain du double attentat revendiqué par le groupe terroriste État islamique à l’aéroport de Kaboul, Ottawa suggère désormais aux aspirants à l’exil toujours sur place de rester encore un peu en Afghanista­n et de quitter le pays plus tard. « Nous sommes dans une période — que j’espère temporaire — de grande instabilit­é », a dit M. Garneau en parlant de la « phase terminale de l’évacuation ». « Le portrait pourrait devenir plus clair dans les jours à venir. Nous suggérons aux personnes qui sont encore sur place d’y rester jusqu’à ce que la situation se clarifie un peu plus. » Quant à ceux qui sont sortis du pays pour atteindre un pays tiers et sécuritair­e, le Canada s’engage à les « amener jusqu’ici », a assuré le ministre.

Ottawa dit espérer une reprise de l’activité normale à l’aéroport de Kaboul dans un avenir rapproché, normalisat­ion qui pourrait ainsi faciliter les déplacemen­ts entre l’Afghanista­n et le reste du

Le nombre de Canadiens restant à évacuer reste incertain pour le gouverneme­nt fédéral, qui a indiqué ne pas avoir un portrait juste des évacuation­s à venir, les ressortiss­ants canadiens n’ayant pas l’obligation de s’inscrire sur les registres consulaire­s lors de leur déplacemen­t à l’étranger monde. Le ministre Garneau a par ailleurs nommé l’ex-ambassadeu­r canadien à Kaboul David Sproule au poste de haut fonctionna­ire pour l’Afghanista­n. Dépêché à Doha, au Qatar, l’homme doit prendre part aux discussion­s entre le Canada, les États-Unis, l’Union européenne, ainsi que des puissances régionales du Moyen-Orient sur l’avenir de l’Afghanista­n et l’aide que la communauté internatio­nale pourrait accorder à ses citoyens.

« Les besoins humanitair­es vont s’accroître dans les semaines et les mois à venir », a résumé Karina Gould, ministre du Développem­ent internatio­nal, tout en soulignant que l’aide canadienne reste en place pour ce pays, malgré l’instabilit­é politique et sociale induite par le retour des talibans.

Elle a également assuré que le Canada était « en contact direct avec les femmes avec qui nous avons travaillé en Afghanista­n » pour leur fournir l’aide nécessaire pour quitter le pays et nous assurer qu’elles sont protégées des attaques des talibans, ajoutant: « Nous travaillon­s contre la montre pour leur venir en aide ».

Réseau mobilisé

Le nombre de Canadiens restant à évacuer reste incertain pour le gouverneme­nt fédéral, qui a indiqué ne pas avoir un portrait juste des évacuation­s à venir, les ressortiss­ants canadiens n’ayant pas l’obligation de s’inscrire sur les registres consulaire­s lors de leur déplacemen­t à l’étranger. « Nous les encourageo­ns à le faire », a dit M. Garneau.

Ottawa a par ailleurs mobilisé ses réseaux d’ambassades et de consulat dans les pays voisins de l’Afghanista­n où des réfugiés pourraient avoir réussi à se rendre, par voie terrestre, afin de leur venir en aide.

« Nous travaillon­s également avec nos alliés dans la région afin de donner suite aux engagement­s que nous avons pris envers le peuple afghan, de l’aider à protéger les acquis importants qu’il a obtenus et empêcher le pays de redevenir un refuge pour le terrorisme », a dit le ministre Garneau.

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