Fracture sur le climat et la santé
Les chefs de parti se sont soumis à une première séance de questions en direct
Justin Trudeau qui ne renie aucune de ses politiques et défend le bilan environnemental de ses six années au pouvoir ; Erin O’Toole qui précise qu’il n’imposera pas de pipeline au Québec. Une série d’interviews avec les chefs en direct sur le plateau de Radio-Canada n’a toutefois pas permis d’obtenir des réponses à toutes les questions.
Au sujet des aides aux compagnies pétrolières, Justin Trudeau assure être « en train de mettre fin aux subventions », tout en maintenant que les sommes accordées actuellement sont importantes pour faire diminuer les émissions de cette industrie. Le pipeline Trans Mountain, dit-il, est compatible avec cet objectif de réduction des émissions. S’il n’a toujours pas planté les deux milliards d’arbres promis, c’est pour des considérations horticoles. « On ne peut pas que planter des graines, il faut planter des arbustes. »
Vêtu sobrement d’un complet gris assorti d’une cravate foncée, le premier ministre Justin Trudeau a été le premier chef bombardé de questions par les journalistes Anne-Marie Dussault, Patrice Roy et Céline Galipeau. La télévision publique a organisé, dimanche soir, une série d’interviews avec les cinq principaux chefs de partis fédéraux.
Au moment où cette édition partait sous presse, seuls les segments avec les chefs libéraux et conservateurs avaient été diffusés.
Le premier ministre n’a rien promis au sujet de la demande des provinces de bonifier les transferts en santé, commençant par un versement unique de 28 milliards. « On va en discuter,
« Nous sommes encore amis avec elle », maintient-elle.
La candidate souligne aussi que ce changement d’allégeance n’a pas eu d’effet sur la vitalité des verts. Pour preuve, la course à l’investiture qu’elle a remportée dans Fredericton s’est faite contre deux autres candidats. « Les actions d’une personne ne vont pas arrêter le mouvement que nous construisons depuis des années », martèle-t-elle.
Le Nouveau-Brunswick est un terrain fertile pour les verts au niveau provincial. Aux dernières élections en 2020, 3 députés ont été élus sur 49 sièges, et le parti a récolté plus de 15 % des voix.
C’est à Fredericton-Sud que David Coon, le chef du parti, a été élu pour la première fois en 2014. Depuis, il a toujours remporté ses élections.
La campagne actuelle reçoit des dons d’un peu partout au pays, et la candidate espère le passage de la cheffe de son parti. « Elle concentre ses efforts pour gagner Toronto-Centre », dit-elle. « Nous avons entendu qu’elle viendrait cette semaine, mais, en fin de compte, ils regardent pour la semaine prochaine », ajoute-t-elle, l’air un peu agacé. Lorsque Le Devoir l’a contactée dimanche, la candidate a mentionné que Mme Paul ne se déplacerait finalement pas cette semaine.
Lors de notre passage au bureau de campagne des verts au centre-ville de Fredericton, quelques bénévoles étaient assis dans le grand local, au téléphone avec des électeurs. Devant la porte, une jeune femme distribuait des dépliants aux passants. D’autres militants frappaient aux portes pour faire du pointage et installaient des pancartes. Au centre du local trône le bureau de la directrice de campagne, Anthea Plummer, concentrée devant son ordinateur et parfois interrompue par un appel ou un militant. « Je pense que nos chances sont bonnes, nous avons un gros bassin d’électeurs verts, et c’est visible au niveau provincial et fédéral », dit-elle.
Les libéraux confiants
La circonscription n’est toutefois pas gagnée. Jenica Atwin, 34 ans, avait délogé le député libéral mais, historiquement, Fredericton alterne entre les libéraux et les conservateurs. Le Parti conservateur a terminé deuxième par près de 1600 voix et les libéraux, troisièmes. Le site de projection 338Canada y prédisait une lutte serrée la semaine dernière, mais indique maintenant que les conservateurs sont les plus enclins à l’emporter.
Lorsque nous accompagnons la députée dans une séance de porte-à-porte, elle aborde son changement de camp sans donner trop de détails. « J’ai fait quelques changements », dit-elle simplement à tous ceux qui ouvrent la porte. Les électeurs libéraux avec qui elle discute lui disent qu’elle a fait le bon choix.
Cet après-midi-là, elle frappe aux portes d’une rue où sont entassées des petites maisons pâles construites sur le même modèle, au gazon et aux jardins bien entretenus. Ce sont principalement des retraités qui y vivent. Albert Murray avait voté pour elle lors des dernières élections. « Je ne suis pas une personne de parti politique. J’aime ce que vous dites et je vote pour ça », lui lance-t-il, en ajoutant qu’elle avait son vote.
« Les élections nous diront plus exactement combien de verts me suivront », souligne la députée. « J’espère qu’ils seront nombreux parce que je suis la même personne. Les mêmes choses sont importantes pour moi, et je vais me battre pour les mêmes valeurs », souligne-t-elle.
Des électeurs divisés
C’est au centre-ville, où les électeurs verts abondent, qu’elle devra convaincre. La députée est appréciée, mais les opinions sont divisées, souligne Luke Randall, 44 ans. L’homme a été candidat au provincial pour le Parti vert en 2020 et, avec son mari, il tient un magasin au centre-ville. Leurs drapeaux LGBT sont bien visibles à l’extérieur, à quelques mètres du bureau de campagne de la candidate conservatrice.
« Nous gardons l’oreille ouverte, et les gens sont confus. Des gens soutiennent publiquement quelqu’un, mais disent en privé qu’ils vont voter pour un autre parti. Beaucoup se sentent déchirés et ne savent pas quoi faire », confie Luke Randall.
Pour Sofia Mehlitz, une étudiante de 21 ans croisée dans un bar du centreville et qui a voté vert aux dernières élections, la décision de Jenica Atwin est une « trahison ». « Nous n’avons pas voté pour les libéraux, mais pour le Parti vert », lance-t-elle.
Mais verts comme libéraux doivent aussi courtiser les communautés rurales, où les conservateurs ont un bon bassin d’électeurs, selon une employée avec qui Le Devoir a discuté. La direction de la campagne a refusé nos demandes d’entrevue, affirmant que la candidate Andrea Johnson était « trop occupée ».
Sur les routes entourées de forêt à l’extérieur de la ville, les pancartes du Parti conservateur dominent. Comme chez Robin Mockler, 66 ans, qui réside à Noonan et qui a des mots durs envers Justin Trudeau. « L’économie est en difficulté et il y a une énorme pénurie de main-d’oeuvre à cause de ses politiques », lance-t-elle. Elle ajoute qu’ils sont plusieurs à penser comme elle, signe que le parti est une force à ne pas négliger.