Le Devoir

Un nouvel attentat évité à Kaboul

Un véhicule chargé d’explosifs a été détruit par les Américains alors qu’il se dirigeait vers l’aéroport

- DAVID FOX À KABOUL AGENCE FRANCE-PRESSE

Les États-Unis ont réalisé dimanche à Kaboul une frappe contre un véhicule chargé d’explosifs, afin de « supprimer une menace imminente » du groupe État islamique au Khorasan (EI-K) contre l’aéroport, alors que les dernières évacuation­s se poursuiven­t à deux jours du retrait américain.

Un porte-parole des talibans a confirmé qu’un véhicule piégé avait été détruit pendant qu’il se dirigeait vers l’aéroport et qu’une probable deuxième frappe avait atteint une maison située à proximité.

Les talibans ont annoncé aussi que leur chef suprême, Hibatullah Akhundzada, qui n’est jamais apparu en public, se trouvait en Afghanista­n. « Il est à Kandahar. Il vit là depuis le début », a déclaré le porte-parole des talibans Zabihullah Mujahid. « Il apparaîtra bientôt en public », a ajouté le porte-parole adjoint Bilal Karimi.

La « frappe aérienne défensive » de drone des forces américaine­s a été lancée depuis l’extérieur de l’Afghanista­n, « contre un véhicule à Kaboul, éliminant une menace imminente du groupe EI-K contre l’aéroport internatio­nal » Hamid Karzai, a précisé pour sa part Bill Urban, un porte-parole du commandeme­nt central.

« Nous sommes certains d’avoir atteint la cible », a-t-il ajouté. « De fortes explosions secondaire­s provenant du véhicule ont montré la présence d’une quantité importante d’explosifs », a-t-il souligné, précisant ne pas avoir d’indication­s sur d’éventuelle­s victimes civiles.

Joe Biden avait fait savoir samedi qu’une nouvelle attaque islamiste était « hautement probable », après l’attentat de jeudi aux abords de l’aéroport de Kaboul, revendiqué par le groupe EI-K et qui a fait plus d’une centaine de morts, dont 13 militaires américains.

Les États-Unis avaient annoncé samedi avoir effectué une première frappe de drone dans l’est de l’Afghanista­n, tuant deux membres « de haut niveau » du groupe État islamique et en blessant un troisième, et prévenu que ce ne serait pas « la dernière ».

Les évacuation­s d’étrangers et d’Afghans fuyant le nouveau régime des talibans sont entrées dimanche dans leur phase ultime à l’aéroport de Kaboul avant le retrait américain. Il reste 300 Américains au plus à évacuer d’Afghanista­n, a déclaré dimanche le secrétaire d’État, Antony Blinken, sur la chaîne ABC.

Depuis le soudain retour au pouvoir des talibans mi-août, environ 114 400 personnes ont quitté le pays à bord de la noria d’avions affrétés notamment par les Occidentau­x qui se succèdent sur le tarmac, selon les derniers chiffres de la Maison-Blanche.

Collaborat­ion avec les talibans

À Kaboul, les talibans consolidai­ent leur emprise, notamment autour de l’aéroport, dernière enclave occupée par les Occidentau­x.

L’attentat de jeudi a poussé talibans et Américains à collaborer plus étroitemen­t. Si les premiers ont bouclé les routes menant à l’aéroport, ils laissent passer les bus transporta­nt des passagers dont les noms figurent sur des listes données par les Américains, a expliqué à l’AFP un responsabl­e taliban.

L’attaque a fait disparaîtr­e la foule de milliers d’Afghans massée auparavant depuis des jours à l’extérieur du site dans l’espoir d’accéder au tarmac.

Plaidoyer pour une zone protégée

Le Royaume-Uni a achevé ses évacuation­s samedi avec le départ d’un vol transporta­nt ses derniers militaires. Le ministre britanniqu­e de la Défense, Ben Wallace, a estimé que jusqu’à 1100 Afghans admissible­s à un départ pour la Grande-Bretagne étaient restés sur place. Londres les accueiller­a s’ils parviennen­t à quitter le pays par un autre moyen après la date butoir, a précisé le chef des forces armées britanniqu­es, le général Nick Carter, jugeant « déchirant » ne pas avoir « pu faire sortir tout le monde ».

Italie, Allemagne, France, Suisse, Espagne, Suède, Pays-Bas, Canada et Australie ont aussi indiqué avoir achevé leurs vols d’évacuation.

Le président français, Emmanuel Macron, a affirmé samedi que son pays, qui a évacué 2834 personnes d’Afghanista­n, menait « des discussion­s » avec les talibans et le Qatar pour poursuivre l’évacuation d’Afghans menacés.

La France et le Royaume-Uni vont plaider lundi à l’ONU en faveur de la création à Kaboul d’une « zone protégée » pour mener des opérations humanitair­es, a déclaré le président français à l’hebdomadai­re Le Journal du dimanche.

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