Le Devoir

Les dangers des achats impulsifs sur Internet

Restaurant­s, bars, cafés et gyms appréhende­nt les complicati­ons que va engendrer la mise en place du fameux sésame

- ROXANE LÉOUZON

De nombreux restaurant­s, bars, cafés et gyms s’attendent à des journées mouvementé­es avec l’entrée en vigueur mercredi du passeport vaccinal au Québec.

« Depuis que le gouverneme­nt a annoncé qu’il y aurait un passeport vaccinal, je pense à ça jour et nuit. Ça fait peur », lance d’entrée de jeu le copropriét­aire du Canard Café, Pierre Robidoux, tablette électroniq­ue à la main.

Au comptoir de ce café d’HochelagaM­aisonneuve, les employés demanderon­t : « Pour ici ou pour emporter ? » Si les clients souhaitent manger sur place, c’est là que le processus de vérificati­on va s’enclencher. Ils devront exhiber leur passeport vaccinal, électroniq­ue ou papier, qui sera évalué à l’aide de l’applicatio­n VaxiCode Vérif sur la tablette électroniq­ue du commerçant. Après avoir contrôlé l’identité de la personne, les employés apposeront un tampon sur la facture de cette dernière, en guise d’approbatio­n, lui permettant ainsi de s’asseoir pour boire son thé ou manger son sandwich.

Le processus devra être similaire et obligatoir­e dans tous les cafés, tous les bars et tous les restaurant­s pour accéder aux salles à manger et aux terrasses, selon les nouvelles règles du gouverneme­nt du Québec. En soi, ces tâches supplément­aires ne sont pas très compliquée­s, mais elles prendront du temps et allongeron­t les files d’attente, croit M. Robidoux. Pour gérer la chose, il devra probableme­nt ajouter du personnel.

Comme plusieurs autres restaurate­urs, il craint aussi la réaction d’une partie de la clientèle. Il sait qu’il perdra les individus non vaccinés de même que ceux qui sont en désaccord avec le passeport vaccinal. L’homme d’affaires s’attend aussi à rencontrer certaines personnes mal informées, réfractair­es ou frustrées, comme ce fut le cas lors de l’instaurati­on de précédente­s mesures sanitaires. « Je veux que les gens comprennen­t qu’on n’est pas le gouverneme­nt. Nous ne décidons pas des règles », dit l’homme au béret.

Une lourde tâche

L’Associatio­n Restaurati­on Québec (ARQ) croit effectivem­ent que la gestion de la clientèle sera très lourde. « On invite les consommate­urs à être patients et compréhens­ifs. S’ils font des réservatio­ns, ils doivent s’assurer que tous les participan­ts auront leur passeport vaccinal », indique François Meunier, vice-président aux affaires publiques pour l’ARQ.

M. Meunier estime que la période d’ajustement de deux semaines, durant laquelle il n’y aura pas de distributi­on de constats d’infraction, est plus que bienvenue.

Par ailleurs, certains commerçant­s se demandent quoi faire si des clients insistent pour entrer sans passeport, présentent des documents inconnus provenant d’autres pays ou qui semblent falsifiés, ou sont agressifs. C’est le cas de Pierre Thibault, président de la Nouvelle Associatio­n des bars du Québec. « On va faire ce qu’on pense. Mais on est laissés à nous-mêmes », déplore-t-il.

Selon la présidente des gyms Énergie Cardio, il est difficile de savoir, pour le moment, quelle proportion des membres est adéquateme­nt vaccinée. Mais sa priorité est d’offrir des options à tous. « Pour nos membres non vaccinés, il y aura la possibilit­é de se tourner vers le virtuel. Ensuite, il y a celle de suspendre ou d’arrêter leur abonnement. Ça va dépendre des besoins de chacun », dit Claire Tremblay.

Le personnel et le système informatiq­ue des 27 gyms sont prêts, affirme-telle. Le passeport sanitaire des personnes vaccinées n’aura pas à être validé à chaque visite, puisque l’informatio­n pourra être inscrite à leur dossier et être associée à leur carte de membre.

Ouvert ou fermé ?

Malgré l’aspect désagréabl­e de ces démarches, la majorité des commerces touchés semblent soulagés de rester ouverts, contrairem­ent à l’automne dernier. Mais ce n’est pas le cas de tous. Quelques restaurant­s à travers le Québec ont indiqué sur leurs réseaux sociaux qu’ils fermeraien­t dès mercredi leurs salles à manger, invoquant soit la lourdeur des tâches, soit leurs conviction­s personnell­es.

Le propriétai­re de Vincent Sousmarins Montréal-Nord est fermement opposé au passeport sanitaire. « Je ne suis ni pour ni contre le vaccin, mais je ne veux pas dire à certains clients qu’ils ne peuvent pas manger ici, explique Joey Vigliotti. C’est leur vie privée, leur décision. Ma porte est ouverte pour tout le monde ou fermée pour tout le monde. »

M. Vigliotti va donc maintenir seulement le service de livraison et le comptoir pour emporter. « J’ai 25 places à l’intérieur et 20 à l’extérieur, souligne-t-il. C’est donc un pourcentag­e de mon chiffre d’affaires que je suis prêt à perdre. »

Je veux que les gens comprennen­t qu’on n’est pas » le gouverneme­nt. Nous ne décidons pas des règles. PIERRE ROBIDOUX

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ?? MARIE-FRANCE COALLIER LE DEVOIR ?? Le processus de vérificati­on amène des tâches supplément­aires qui prendront du temps et allongeron­t les files d’attente. Mais malgré l’aspect désagréabl­e de ces démarches, la majorité des commerces touchés semblent soulagés de rester ouverts, contrairem­ent à l’automne dernier.
MARIE-FRANCE COALLIER LE DEVOIR Le processus de vérificati­on amène des tâches supplément­aires qui prendront du temps et allongeron­t les files d’attente. Mais malgré l’aspect désagréabl­e de ces démarches, la majorité des commerces touchés semblent soulagés de rester ouverts, contrairem­ent à l’automne dernier.

Newspapers in French

Newspapers from Canada