Un deuxième trimestre pas aussi fort qu’on le pensait
Statistique Canada a rapporté mardi qu’on avait eu droit à un recul du produit intérieur brut réel de 1,1 %
Une chute de la revente de maisons et les perturbations des chaînes d’approvisionnement ont infligé un recul surprise à l’économie canadienne au deuxième trimestre.
Les économistes s’attendaient à ce que la période de trois mois se terminant au 30 juin dernier se boucle par une croissance de 2,5 % en rythme annualisé. À la place, Statistique Canada a rapporté mardi qu’on avait eu droit à un recul du produit intérieur brut (PIB) réel de 1,1 %, soit le premier repli après trois trimestres consécutifs d’expansion.
La surprise des économistes est moins venue d’un dernier mois de juin beaucoup plus désastreux qu’ils ne l’avaient anticipé que d’une révision à la baisse par Statistique Canada de ses estimations de la croissance des deux mois précédents, a observé dans une analyse l’économiste en chef de la Banque de Montréal, Douglas Porter. « Ce renversement de situation doit aussi être un choc pour l’agence de statistique. »
Le repli économique a notamment été causé par le secteur immobilier qui est devenu, depuis la seconde moitié de l’année dernière, « le principal facteur qui contribue à l’activité
La pénurie de micropuces et d’autres perturbations dans les chaînes d’approvisionnement ont forcé les constructeurs à réduire leurs productions
économique ». Ce n’est pas que l’investissement dans des logements neufs (+3,2 %) ou la rénovation domiciliaire (+ 2,4 %) n’ont pas encore augmenté au dernier trimestre, c’est que ces augmentations n’étaient pas suffisantes pour compenser le ralentissement du marché de la revente de maisons, dont l’ensemble des retombées économiques générées a diminué de 17,7 %.
Mais même avec ce repli, l’investissement moyen en logement pour les quatre derniers trimestres reste supérieur à la moyenne des cinq dernières années, note Statistique Canada. Ainsi, les ménages canadiens qui avaient contracté 62,3 milliards de dollars de dette hypothécaire résidentielle au cours de la deuxième moitié de 2020 en ont ajouté 84,2 milliards au cours de la première moitié de 2021.
L’autre facteur à avoir plombé la croissance au dernier trimestre a été la pénurie de micropuces et d’autres perturbations dans les chaînes d’approvisionnement qui ont notamment forcé les constructeurs à réduire leurs productions, et par conséquent, leurs ventes de voitures neuves (-7,2 %) et de camions, fourgonnettes et véhicules utilitaires sport neufs (-1,6 %) ainsi que leurs exportations (-18,9 %).
De la 3e à la 4e vague
De leur côté, les ménages ont maintenu le niveau de leurs dépenses, l’augmentation des prix de nombreux biens durables les incitant toutefois à privilégier les services (+1,8 %), notamment de restauration (+4,3 %) qui profitaient de l’assouplissement des restrictions sanitaires.
Si les matériaux de construction et les produits énergétiques ont poussé l’ensemble des prix à la hausse de 2,2 % d’un trimestre à l’autre, cela a été compensé en partie par une hausse des salaires de 1,4 % (2,8 % au Québec).
Freinés dans leur train de vie par les restrictions sanitaires et le climat d’incertitude, les ménages ont vu leur taux d’épargne se situer dans les deux chiffres (14,2 %) pour le cinquième trimestre consécutif.
Ces résultats décevants et une estimation provisoire qui laisse entrevoir un recul sur un mois de 0,4 % en juillet suggèrent que l’économie canadienne n’a pas traversé la 3e vague de la pandémie aussi facilement qu’on le pensait, a noté l’économiste de la CIBC, Royce Mendes. « Et voilà qu’on se retrouve maintenant avec une 4e vague qui s’apprête à tester l’économie de nouveau. »