Toutes les places en garderie au même prix, dit Anglade
La cheffe du PLQ propose de changer la « vision » libérale des services de garde
La cheffe de l’opposition officielle, Dominique Anglade, veut marquer un « changement de vision » au Parti libéral du Québec en inscrivant dans la loi l’obligation, pour l’État, de fournir des services de garde à un tarif unique.
À l’ouverture du caucus de son parti, à Orford, Mme Anglade a annoncé son intention de déposer un projet de loi qui « reconnaî[t] l’accès à un service de garde comme un droit ». Cette obligation existe déjà dans la Loi sur les services de garde éducatifs à l’enfance, mais à certaines conditions que les libéraux souhaitent abolir.
Si la proposition libérale est acceptée, « tout le monde va payer le même prix » au terme d’une période de transition de cinq ans, a fait valoir la cheffe libérale. « Il n’y aura pas de places à 80 $ et de places à 8,50 $. Ce sera un seul prix », a-t-elle assuré. Et « à 85 %, les places à ajouter seraient des places en CPE (Centres de la petite enfance) ».
Cette proposition de Mme Anglade marque un tournant par rapport aux politiques de ses prédécesseurs. Entre 2009 et 2016, le nombre de places en garderies privées non subventionnées avait connu une expansion de près de 1000 %, principalement sous des gouvernements libéraux. « C’est clair que c’est un changement de vision par rapport au passé présenté par le Parti libéral », a d’ailleurs reconnu la cheffe devant les journalistes. « La vision que l’on propose n’en est pas une où il va y avoir différents systèmes en parallèle. On veut un système qui soit équitable pour tous. »
En fait, sa proposition rendrait contraire à la loi une décision comme celle prise par son prédécesseur, Philippe Couillard, qui a mis fin à l’universalité des services de garde éducatifs à l’enfance. « Exactement », a-t-elle répondu lorsque ce scénario hypothétique lui a été présenté. « Évidemment, il y aurait de l’indexation. [Mais] il n’y aurait pas de modulation : ce serait le même prix pour tout le monde. »
Le PLQ estime que l’État aurait à réserver 1,2 milliard de dollars par année pour concrétiser son engagement. « Si on est sérieux, on va mettre les ressources associées à ça », a insisté Mme Anglade. Son plan consiste non seulement à « compléter le réseau », mais aussi à convertir les places non subventionnées en places subventionnées, à bonifier les salaires de « toutes les personnes qui oeuvrent en service de garde » et à mettre sur pied « une formation accélérée » afin de contrer les effets de la pénurie de maind’oeuvre. « On va trouver des personnes avec la valorisation et le rehaussement des conditions », a-t-elle dit.
En réaction à son annonce, le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, a rappelé que « la déclaration de principe selon laquelle chaque enfant a droit à une place est déjà dans la loi ». « Ça n’a pas empêché le PLQ de freiner le développement pendant 15 ans », a-t-il ajouté, en disant être « déjà au travail pour compléter le réseau et offrir une place à chaque enfant ».
Un « cri du coeur » des anglophones
Mme Anglade a par ailleurs « condamné vigoureusement » les propos de la Commission scolaire English-Montréal (CSEM) au sujet de la nation québécoise. Mardi, le Journal de Québec a révélé que la CSEM souhaite que la Cour suprême se prononce sur la légalité de la réforme de la langue française du gouvernement Legault. Elle reproche aussi au gouvernement de « réécrire unilatéralement la Constitution pour reconnaître le Québec comme une nation où la seule langue est le français ».
La députée libérale Jennifer Maccarone, qui était auparavant à l’Association des commissions scolaires anglophones du Québec, accompagnait Mme Anglade lors de son annonce. Elle a dit reconnaître que le Québec est une nation, mais ajouté que les propos de la CSEM constituaient un « cri du coeur » parce que « le gouvernement actuel ne prend pas en considération leurs préoccupations ».
Ni l’une ni l’autre des élues libérales n’a voulu dire si elle appuyait — en tout ou en partie — l’offensive constitutionnelle de la Coalition avenir Québec. « Ce sera un débat pour une autre journée », a proposé Mme Maccarone.