Le Devoir

Toutes les places en garderie au même prix, dit Anglade

La cheffe du PLQ propose de changer la « vision » libérale des services de garde

- MARIE-MICHÈLE SIOUI À ORFORD

La cheffe de l’opposition officielle, Dominique Anglade, veut marquer un « changement de vision » au Parti libéral du Québec en inscrivant dans la loi l’obligation, pour l’État, de fournir des services de garde à un tarif unique.

À l’ouverture du caucus de son parti, à Orford, Mme Anglade a annoncé son intention de déposer un projet de loi qui « reconnaî[t] l’accès à un service de garde comme un droit ». Cette obligation existe déjà dans la Loi sur les services de garde éducatifs à l’enfance, mais à certaines conditions que les libéraux souhaitent abolir.

Si la propositio­n libérale est acceptée, « tout le monde va payer le même prix » au terme d’une période de transition de cinq ans, a fait valoir la cheffe libérale. « Il n’y aura pas de places à 80 $ et de places à 8,50 $. Ce sera un seul prix », a-t-elle assuré. Et « à 85 %, les places à ajouter seraient des places en CPE (Centres de la petite enfance) ».

Cette propositio­n de Mme Anglade marque un tournant par rapport aux politiques de ses prédécesse­urs. Entre 2009 et 2016, le nombre de places en garderies privées non subvention­nées avait connu une expansion de près de 1000 %, principale­ment sous des gouverneme­nts libéraux. « C’est clair que c’est un changement de vision par rapport au passé présenté par le Parti libéral », a d’ailleurs reconnu la cheffe devant les journalist­es. « La vision que l’on propose n’en est pas une où il va y avoir différents systèmes en parallèle. On veut un système qui soit équitable pour tous. »

En fait, sa propositio­n rendrait contraire à la loi une décision comme celle prise par son prédécesse­ur, Philippe Couillard, qui a mis fin à l’universali­té des services de garde éducatifs à l’enfance. « Exactement », a-t-elle répondu lorsque ce scénario hypothétiq­ue lui a été présenté. « Évidemment, il y aurait de l’indexation. [Mais] il n’y aurait pas de modulation : ce serait le même prix pour tout le monde. »

Le PLQ estime que l’État aurait à réserver 1,2 milliard de dollars par année pour concrétise­r son engagement. « Si on est sérieux, on va mettre les ressources associées à ça », a insisté Mme Anglade. Son plan consiste non seulement à « compléter le réseau », mais aussi à convertir les places non subvention­nées en places subvention­nées, à bonifier les salaires de « toutes les personnes qui oeuvrent en service de garde » et à mettre sur pied « une formation accélérée » afin de contrer les effets de la pénurie de maind’oeuvre. « On va trouver des personnes avec la valorisati­on et le rehausseme­nt des conditions », a-t-elle dit.

En réaction à son annonce, le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, a rappelé que « la déclaratio­n de principe selon laquelle chaque enfant a droit à une place est déjà dans la loi ». « Ça n’a pas empêché le PLQ de freiner le développem­ent pendant 15 ans », a-t-il ajouté, en disant être « déjà au travail pour compléter le réseau et offrir une place à chaque enfant ».

Un « cri du coeur » des anglophone­s

Mme Anglade a par ailleurs « condamné vigoureuse­ment » les propos de la Commission scolaire English-Montréal (CSEM) au sujet de la nation québécoise. Mardi, le Journal de Québec a révélé que la CSEM souhaite que la Cour suprême se prononce sur la légalité de la réforme de la langue française du gouverneme­nt Legault. Elle reproche aussi au gouverneme­nt de « réécrire unilatéral­ement la Constituti­on pour reconnaîtr­e le Québec comme une nation où la seule langue est le français ».

La députée libérale Jennifer Maccarone, qui était auparavant à l’Associatio­n des commission­s scolaires anglophone­s du Québec, accompagna­it Mme Anglade lors de son annonce. Elle a dit reconnaîtr­e que le Québec est une nation, mais ajouté que les propos de la CSEM constituai­ent un « cri du coeur » parce que « le gouverneme­nt actuel ne prend pas en considérat­ion leurs préoccupat­ions ».

Ni l’une ni l’autre des élues libérales n’a voulu dire si elle appuyait — en tout ou en partie — l’offensive constituti­onnelle de la Coalition avenir Québec. « Ce sera un débat pour une autre journée », a proposé Mme Maccarone.

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ADIL BOUKIND LE DEVOIR Le PLQ estime que l’État aurait à réserver 1,2 milliard de dollars par année pour concrétise­r son engagement.

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