Le Devoir

Un avenir incertain

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Depuis 15 ans, Angel Mota guidait des touristes hispanopho­nes et italiens lors de voyages organisés au Canada. Ceux-ci étant pratiqueme­nt inexistant­s depuis le début de la pandémie, le père de famille s’est retrouvé avec un horaire complèteme­nt vide. « Je me rends compte que je dois me recycler. Mais dans quoi ? » se demande-t-il.

Le quinquagén­aire dit avoir envoyé des dizaines de fois son CV dans l’espoir d’obtenir un emploi de bureau, de recherche ou de rédaction, notamment, sans recevoir de réponse. « J’ai même postulé pour travailler à la réception d’hôtels ou à l’accueil d’un restaurant. Mais je n’ai aucune expérience là-dedans. Il y a sans doute des emplois en tourisme en région, mais je ne peux pas tout laisser pour déménager », dit-il. Depuis le début de la pandémie, il n’a trouvé que deux contrats de deux mois comme animateur dans un musée pendant l’été. Il a bénéficié tour à tour de la PCU, de l’assurance-emploi et maintenant de prestation­s de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité au travail (CNESST) après une chute à vélo survenue dans le cadre de son contrat estival. Puisque la PCRE touche à sa fin, il se croise les doigts pour être admissible à l’assurancee­mploi dans les prochaines semaines.

M. Mota a bien peur de ne jamais retrouver son emploi de guide accompagna­teur. Est-ce que les touristes vont de nouveau vouloir se masser dans des autobus pour découvrir un pays étranger ? Rien n’est moins sûr. « C’est très déprimant, je suis une personne active, je déteste être là à ne rien faire », se désole-t-il.

Il croit que le gouverneme­nt devrait encourager le retour des touristes internatio­naux — ou alors aider davantage les entreprise­s qui ont besoin de leur présence.

Du côté de l’Alliance touristiqu­e du Québec, on souligne qu’il y a une pénurie de main-d’oeuvre dans les hôtels, les restaurant­s et les activités touristiqu­es un peu partout au Québec. Son p.-d.g., Martin Soucy, réclame donc la fin de la PCRE pour favoriser le recrutemen­t. Il reconnaît toutefois que des régions comme Montréal dépendent davantage de la clientèle internatio­nale. « La subvention salariale d’urgence, qui vient aider des entreprise­s à embaucher, donne du souffle en attendant que les frontières et les touristes internatio­naux reviennent à leur plein potentiel et que le tourisme d’affaires reprenne. C’est plus des mesures de création d’emplois qui sont importante­s », croit-il.

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ADIL BOUKIND LE DEVOIR Angel Mota

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