Le Devoir

Less Toches, lauréat de la 17e édition des Syli d’or

Le quintette est d’emblée invité à faire danser le public du Festival Nuits d’Afrique, quelque part entre le 9 et le 21 juillet, à Montréal

- PHILIPPE RENAUD COLLABORAT­EUR

La compétitio­n musicale Les Syli d’or de la musique du monde, organisée par les Production­s Nuits d’Afrique, a couronné jeudi soir dernier, au théâtre La Tulipe, l’ensemble de musique aux racines latino-américaine­s Less Toches, d’emblée invité à faire danser le public du Festival Nuits d’Afrique, quelque part entre le 9 et le 21 juillet prochain, au centre-ville de Montréal.

Comme quoi la simplicité rapporte : le quintette Less Toches ne réinvente pas la roue musicale, mais performe avec brio et, surtout, avec une énergie contagieus­e. Au menu, la cumbia à la colombienn­e et une touche de rythmes afro-colombiens en ouverture et quelques coups de hanche du côté de la bachata.

Percussion­s colombienn­es, basse électrique, accordéon et chant, c’est tout ce que ça a pris à l’orchestre pour faire la démonstrat­ion de son talent et donner le sourire au public votant aux côtés d’un panel de juges de l’industrie musicale. Des trois concurrent­s ayant atteint la finale, après dix-huit soirées préliminai­res et trois demi-finales mettant en scène pas moins de 36 formations, Less Toches paraissait le plus cohérent et le plus expériment­é.

Le Syli d’argent fut décerné au jeune auteur-compositeu­r-interprète Boubé, originaire du Niger, établi dans notre métropole depuis peu. Vêtu du costume traditionn­el touareg et armé de ses guitares (acoustique en début de performanc­e, électrique pour la suite), le musicien s’est entouré de trois collaborat­eurs pour offrir ce qu’aucun autre Montréalai­s sur la scène musicale ne propose : de l’authentiqu­e blues désertique, à l’image de celui promu par Mdou Moctar (son nouvel album Funeral for Justice paraît la semaine prochaine) et Bombino, deux artistes auprès desquels il a appris le métier en tournée.

Certes, l’orchestre n’avait pas la même intensité que ceux des stars du genre susmention­nées, ni le même niveau de raffinemen­t, Boubé étant par exemple laissé à lui-même au microphone, chantant des refrains (parfois en français, sinon en ce qui devait être le tamachek) qui auraient demandé une réponse de ses accompagna­teurs. Non seulement la propositio­n était prometteus­e, mais elle enrichit la mosaïque musicale montréalai­se — quel privilège d’avoir auprès de nous un authentiqu­e représenta­nt de la scène touarègue !

Enfin, la compositri­ce, pianiste et chanteuse Shahrzad a terminé l’épreuve en remportant le Syli de bronze. On l’écoutait chanter au milieu de son imposant ensemble d’une douzaine de musiciens (dont trois cuivres) en s’exclamant : il n’y a qu’à Montréal qu’existe un projet de jazz latin mené par une musicienne d’origine iranienne ! Aperçue déjà sur les planches du repaire des jazzophile­s l’Upstairs, Shahrzad Sabzehali propose une rencontre entre les rythmes afro-cubains et la salsa, le jazz et la musique perse — cette dernière influence apparaissa­nt avec parcimonie lors du concert présenté à La Tulipe.

En plus de la prochaine édition du Festival internatio­nal Nuits d’Afrique, la formation Less Toches sera invitée à participer au Festival Musique du bout du monde de Gaspé, au Festival internatio­nal Rythmes du monde de Saguenay ainsi qu’au Festival des traditions du monde de Sherbrooke.

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