Le Devoir

Un tabloïd à scandales pour clore la première semaine du procès Trump

Cela pourrait être la seule des quatre affaires pénales qui menacent Donald Trump à se dérouler avant l’élection présidenti­elle

- ANDRÉA BAMBINO À NEW YORK

La première semaine de débats au procès pénal de Donald Trump à New York s’est achevée vendredi, les liens d’intérêts entre la campagne victorieus­e de Donald Trump en 2016 et un tabloïd à scandales ayant été au coeur des audiences.

Comme lors des quatre journées précédente­s du procès, l’ex-président a vu les 12 jurés et 6 suppléants marcher devant lui jusqu’à leurs bancs, sans lui adresser un regard.

Le candidat républicai­n à la présidenti­elle de novembre est jugé pour dissimulat­ion dans les comptes de son groupe Trump Organizati­on du versement de 130 000 dollars, juste avant le scrutin de 2016, à l’ancienne star de films X Stormy Daniels.

La transactio­n aurait eu pour but d’acheter son silence sur une relation sexuelle qu’elle affirmait avoir eue avec lui en 2006, alors qu’il était déjà marié à son épouse actuelle, Melania. Une relation que le milliardai­re dément.

À moins de sept mois de la présidenti­elle de novembre, il risque la première condamnati­on au pénal d’un ancien président dans l’histoire des États-Unis et encourt en théorie une peine de prison.

Juste avant d’entrer dans le prétoire, il a souhaité devant les caméras un joyeux anniversai­re à son épouse et a encore brocardé un procès « horrible et inconstitu­tionnel », qui l’oblige à passer ses journées dans une salle d’audience « gelée » plutôt que de faire campagne.

Puis, il a assisté pendant des heures, souvent attentif, parfois affaissé dans son fauteuil, l’air assoupi, au récit-fleuve du premier témoin de l’accusation.

Après une pause, l’audience s’est poursuivie vendredi après-midi.

Contre-interrogat­oire

Depuis lundi, David Pecker, ancien patron du tabloïd National Enquirer, a détaillé comment, après une rencontre à la Trump Tower en août 2015 à New York avec son « ami Donald » et son avocat de l’époque, Michael Cohen, il s’était mis à leur service lors de la campagne présidenti­elle de 2016 pour étouffer de possibles scandales en achetant l’exclusivit­é des droits.

Une opération menée à deux reprises : 30 000 dollars américains pour étouffer les allégation­s — fausses — d’un portier de la Trump Tower sur l’existence d’un enfant caché de Donald Trump, puis 150 000 dollars pour acquérir l’histoire de Karen McDougal, mannequin du magazine Playboy, qui disait avoir eu une aventure avec le milliardai­re.

« On a acheté cette histoire pour qu’elle ne soit pas publiée ailleurs. On ne voulait pas qu’elle gêne M. Trump ou qu’elle affecte sa campagne », a expliqué David Pecker.

Cet homme fluet de 72 ans, front dégarni et cheveux blancs coiffés en arrière, a raconté comment Donald Trump s’était inquiété plusieurs fois du silence de Karen McDougal. « Comment va notre fille ? » aurait-il demandé à David Pecker en le recevant à la Trump Tower après sa victoire. Question réitérée lors d’un autre rendez-vous à la Maison-Blanche.

Mais depuis jeudi, la défense de Donald Trump a soumis David Pecker, qui a obtenu une immunité en collaboran­t avec la justice, à un contre-interrogat­oire serré.

Banal

Donald Trump voit déjà planer la menace d’une condamnati­on pour outrage au tribunal

M. Pecker a dû préciser vendredi que, lors d’une conversati­on sur Karen McDougal, Donald Trump lui avait dit « je n’achète pas les histoires », ajoutant « vois avec Michael [Cohen] ». L’avocat de Donald Trump, Emil Bove, s’est aussi employé à démontrer que ces opérations appelées « catch and kill » aux États-Unis étaient banales.

David Pecker a concédé qu’il avait déjà « acheté » des histoires sur Arnold Schwarzene­gger ou Tiger Woods, pour ne pas les publier.

Tout au long de la semaine, son témoignage a permis à l’accusation de planter le décor de l’affaire.

De son côté, Donald Trump voit déjà planer la menace d’une condamnati­on pour outrage au tribunal, à la demande des procureurs, pour ses attaques, sur Internet et les réseaux sociaux, contre les témoins et les jurés. Le juge Juan Merchan doit encore statuer.

Donald Trump est poursuivi pour 34 chefs de falsificat­ion de documents comptables de la Trump Organizati­on, qui auraient servi à dissimuler les paiements à Stormy Daniels, sous couvert de « frais juridiques ».

Sa défense invoque leur légalité et nie tout « complot » pour fausser l’élection de 2016, assurant que la protection de la réputation d’un candidat relève du fonctionne­ment normal de la démocratie.

Le procès est d’autant plus important qu’il pourrait être le seul, parmi les quatre affaires pénales qui menacent Donald Trump, à se dérouler avant l’élection présidenti­elle.

Son procès considéré comme le plus important, relatif aux accusation­s de tentatives illégales de faire annuler les résultats de l’élection de 2020, devrait encore être retardé après l’examen du jeudi 25 avril par la Cour suprême de la question d’une éventuelle immunité pénale.

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YUKI IWAMURA ASSOCIATED PRESS Donald Trump devant la Trump Tower vendredi, à New York

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