Le Devoir

Mowgli sur les stéroïdes… et l’acide

Dans le déjanté film d’action Boy Kills World, Bill Skarsgârd incarne un guerrier sourd-muet endeuillé qui se venge d’une dictatrice

- FRANÇOIS LÉVESQUE

Dans la métropole qu’elle dirige depuis 25 ans, Hilda Van der Koy se targue d’avoir éliminé la criminalit­é. De fait, chaque année, des brigands choisis par son équipe sont exécutés en direct lors d’un grand spectacle télévisé. En réalité, il s’agit de citoyens innocents. La mère et la soeur de Boy comptent parmi les victimes de la cruelle dictatrice. Réfugié depuis l’enfance dans la jungle avoisinant­e, Boy suit les entraîneme­nts du Shaman, jusqu’au jour où il regagne la civilisati­on afin de laisser libre cours à son terrible courroux. Dans le sanguinole­nt et d’une absurdité assumée Boy Kills World (Boy VS le monde), le protagonis­te est comme un Mowgli sur les stéroïdes… et sur l’acide.

Dévoilé l’an dernier au Festival internatio­nal du film de Toronto dans la section Midnight Madness, ce film d’action complèteme­nt déjanté est basé sur un court métrage imaginé par Moritz Mohr, Tyler Burton Smith et Arend Remmers. Impression­né par la chose, Sam Raimi, grand manitou derrière Evil Dead (L’opéra de la terreur), Spider-Man (2002) et Doctor Strange in the Multiverse of Madness (Docteur Strange dans le multivers de la folie), a décidé de produire la version longue qu’a réalisée Mohr à partir d’un scénario de ses deux compagnons.

Le résultat s’apparente à un croisement entre une kyrielle d’influences hétéroclit­es : des films comme Hunger Games et The Purge (La purge), Le raid, rédemption (Serbuan maut), des animes japonais, en passant par des jeux vidéo de combat comme Street Fighter (Boy ressemble beaucoup au personnage Ken Masters).

Au sujet desdits combats, ils sont nombreux et si outrancier­s qu’ils en deviennent comiques : c’est le but. À cet égard, Mohr s’ingénie à offrir des affronteme­nts différents les uns des autres, et à filmer ceux-ci d’une manière toujours hyperdynam­ique. Ici, « excès » est le maître-mot.

L’ennui, c’est qu’entre ces chorégraph­ies enlevées, le film devient très bavard et peine alors à intéresser.

Rebrassage singulier

En revanche, les interprète­s ont à l’évidence du gros fun, dont les « méchantes » Famke Janssen (saga X-Men), en despote autoritair­e, et Michelle Dockery, à des lieues de Downton Abbey en directrice du « divertisse­ment » dénuée de conscience. Dans le rôle du Shaman, un personnage plein de surprises, Yayan Ruhian (Le raid, justement) se démarque également.

Quant au héros sourd-muet incarné par un Bill Skarsgârd (clown tueur dans It/Ça) tout de muscles et d’intensité, le film en fait une présence quasi mystique ; une espèce d’ange exterminat­eur mutique. Cela étant, on sait ce que pense le personnage grâce à sa voix intérieure (et aux discussion­s qu’il a avec sa défunte petite soeur, qu’il continue de voir).

La propositio­n est certaineme­nt originale dans son rebrassage singulier de référents narratifs et visuels disparates. Sur le plan narratif, les développem­ents s’avèrent un peu trop souvent approximat­ifs et arbitraire­s. Visuelleme­nt parlant, toutefois, ça décoiffe.

Boy VS le monde (V.F. de Boy Kills World)

Action de Moritz Mohr. Scénario de Tyler Burton Smith, Arend Remmers. Avec Bill Skarsgârd, Yayan Ruhian, Famke Janssen, Michelle Dockery, Sharlto Copley. États-Unis–Allemagne– Afrique du Sud, 2023, 111 minutes. En salle.

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ROADSIDE ATTRACTION­S Bill Skarsgârd dans une scène tirée du film d’action Boy Kills World

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