20 ans de luttes et de gains pour le secteur de la santé
En 20 ans d’action sur le terrain, l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) peut se targuer de s’être retroussé les manches année après année : deux négociations locales, cinq négociations nationales, deux fronts communs et deux réformes, bientôt trois, du réseau de la santé. Tout cela a été possible grâce à une volonté commune des techniciens et des professionnels de la santé de vouloir décider eux-mêmes de leur avenir, selon Robert Comeau, président du syndicat. « Pour moi, c’est ça le grand accomplissement de l’APTS, cette volonté de vouloir être à part des centrales syndicales », dit-il.
Le syndicat est d’ailleurs né d’un besoin, rappelle M. Comeau. En mars 2004, la Centrale des professionnelles et professionnels de la santé fusionne avec l’Association professionnelle des technologistes médicaux du Québec pour former l’APTS, qui regroupe alors 15 000 membres. Le gouvernement Charest vient alors d’adopter deux projets de loi qui transforment complètement le réseau de la santé et des services sociaux. L’un crée les nouveaux établissements, les CSSS, et l’autre crée de nouvelles unités de négociations en réduisant le nombre de catégories de personnel syndiqué à quatre par établissement. « Ç’a forcé les organisations syndicales à se repositionner, puis à fusionner entre elles et à redéfinir leur communauté d’intérêts », explique le président. S’ensuit une longue période de maraudage pour le tout nouveau syndicat.
Dès l’automne de la même année, l’APTS doit entreprendre des négociations locales, un premier test pour le tout nouveau syndicat. Le résultat est probant. Sur 116 conventions collectives, 95 sont conclues par la négociation, une vingtaine en ayant recours à un médiateur et une seule par décision arbitraire, en faveur du syndicat. Dix ans passent et le syndicat double son effectif. En 2015, d’autres réformes surviennent. Cette fois-ci, c’est le gouvernement Couillard qui abolit les agences régionales pour créer les CISSS et les CIUSSS. Une autre période de maraudage est enclenchée pour l’APTS qui sera accréditée dans 20 des 21 nouveaux établissements et représentera 88 % des salariés de la catégorie 4, les professionnels techniciens de la santé et des services sociaux. D’autres négociations de conventions collectives arrivent rapidement, elles seront longues et laborieuses, mais apporteront une majorité de succès.
Équité salariale
Pour Robert Comeau, nul doute que le gain principal que l’APTS a remporté pour ses membres, c’est l’équité salariale. La majorité de ses membres sont des femmes. « Lors de l’adoption de la première entente, l’équité salariale, c’était vraiment une victoire syndicale importante.
Pas seulement pour l’APTS, mais pour les femmes en général », estime-t-il. Encore aujourd’hui, il décrit l’APTS comme étant une entité qui défend des questions sociales, reflet des préoccupations de ses membres, comme la place des femmes dans la société et la diversité culturelle et sexuelle.
Quand il évoque l’avenir, Robert Comeau dit espérer que le syndicat saura maintenir sa capacité à rester proche de ses membres, dans un ensemble qui est de plus en plus grand. « Nous, dans notre façon de faire, on présente notre vision des choses et on est proche de nos membres, on est dans leur réalité et on les consulte », précise-t-il, ajoutant que le syndicat ne comporte pas beaucoup d’échelons, ce qui facilite la transmission des messages.
Les défis à venir
L’APTS sort tout juste de négociations de renouvellement de convention collective. Elle se prépare déjà aux prochains défis. Et il y en a déjà un de taille qui se prépare en chemin, avec une nouvelle réforme du système de santé du ministre Christian Dubé. L’employeur, Santé Québec, regroupera en son sein les CISSS et les CIUSSS. Pour les syndicats aussi, cela veut dire du changement. Les accréditations syndicales seront fusionnées et une liste d’ancienneté unique va être instaurée, pour faciliter la mobilité du personnel d’une région à une autre. « Notre objectif va être de subsister, puis de garder cette alternative aux centrales syndicales, avec un syndicalisme professionnel axé sur la reconnaissance des professions, les relations de travail et la reconnaissance des techniciens professionnels de la santé, qui en ont grandement besoin », souligne M. Comeau.
« Quand Santé Québec sera pleinement mis en oeuvre, l’APTS va être présent dans deux catégories d’emploi principalement. Donc, cela veut dire deux votes pour nos membres. Soit on perd, soit on gagne », annonce-t-il. Mais il se dit confiant, notamment parce que les membres sont informés, selon lui. Malgré tous ses gains en 20 ans de vie, l’APTS ne tient toutefois pas ses membres pour acquis, ajoute le président.
Son souhait pour les prochaines années de l’APTS ? « Être capable de trouver nos points communs, toujours dans le bien-être de nos membres. On a cette capacité de travailler en intersyndical, et c’est une grande force qu’on a réussi à développer », dit-il. Robert Comeau ajoute qu’il garde toujours en tête les intérêts et les alliances possibles pour faire en sorte que les membres du syndicat aient un rapport de force plus grand et une voix qui soit plus audible lors de négociations à venir.
« Lors de l’adoption de la première entente, l’équité salariale, c’était vraiment une victoire syndicale importante. Pas seulement pour l’APTS, mais pour les femmes en général. »