Le Délit

De l’autre côté du miroir

Le cri des Guyanais, maltraités par leur gouverneme­nt.

- Margot Hutton Le Délit

Difficile de s’imaginer qu’un départemen­t de la France est présente en Amérique du Sud, et pourtant, elle se nomme la Guyane. Un océan la sépare de la métropole, et cet isolement a des répercussi­ons assez sévères sur la vie de ces habitants. Certains se plaignent souvent du coût des université­s à Montréal, ou au Québec en général. Même si ce n’est pas donné, ils y ont accès. Ce qui n’est pas forcément le cas pour les Guyanais·e·s.

Système éducatif déficient

En effet, beaucoup moins de jeunes en Guyane ont un diplôme comparé à leurs homologues métropolit­ains, et même aux Québécois. Le Québec est pourtant la province canadienne fréquentan­t le moins les bancs de l’université ( La Presse, 2012). Aussi, il n’y a pas assez de personnel enseignant pour instruire les jeunes de ce pays. Alors qu’en métropole, les effectifs ont augmenté au cours des dernières décennies, la Guyane semble être laissée à l’abandon en termes d’éducation. Lors des manifestat­ions d’ampleur historique ayant eu lieu la semaine passée, les Guyanais·es demandaien­t la constructi­on d’établissem­ent scolaires, l’ouverture de plus de classes, des structures plus adaptées, ainsi que la création de nouveaux postes de professeur­s. Le départemen­t d’outre-mer étant dans une position de pauvreté extrême, le système scolaire en subit les conséquenc­es. Le taux de délinquanc­e et de criminalit­é est assez élevé, le taux d’homicide étant plus de dix fois supérieur qu’en métropole, joue aussi énormément sur le décrochage scolaire. Le mouvement lancé par le collectif des 500 frères, dénonçant l’insécurité et le crime trop présent en Guyane a été suivi de près par le Syndicat national unitaire des instituteu­rs professeur­s des écoles et Pegc (Snuipp) et la Fédération syndicale unitaire (FSU), mobilisant ainsi les enseignant­s dans ces mouvements contestata­ires. La situation est urgente en Guyane. Beaucoup d’enfants n’ont pas accès à l’éducation, alors qu’ailleurs en France, ce problème est inexistant. Les Guyanais·es sont conscient·e·s de cette réalité, et c’est en cela qu’ils ou elles se sentent laissé·e·s à l’abandon par leur gouverneme­nt. L’océan séparant la métropole de son territoire ultra-marin semble avoir creusé un fossé plus profond que de simples différence­s culturelle­s.

«Nou bon ké sa»

Beaucoup d’étudiants se sont déplacés pour les manifestat­ions ayant eu lieu en début de semaine passée. Malgré la diversité culturelle qui divise la Guyane, tous ont marché ensemble, unis car tous sont dans la même situation, tous ont les mêmes revendicat­ions pour leur avenir, réclamant l’attention du gou- vernement, ainsi que leurs excuses. Dans l’attente d’un futur incertain, ils ne peuvent que se rassembler sous ce qui les unis: le jaune, le vert, et l’étoile rouge.

Le gouverneme­nt français a promis un milliard d’euros pour améliorer les conditions de vie en Guyane. Mais n’oublions pas ce que les Guyanais·es ont fait pour obtenir leur attention. Il aura fallu paralyser le départemen­t en entier pendant presque deux semaines pour que le cri se fasse entendre. x

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SOFIA ENAULT DE CAMBRA

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