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Les services mcgillois sont de nouveau critiqués pour leur inefficaci­té.

- THÉOPHILE VAREILLE Le Délit

Les services mcgillois sont de nouveaux critiqués pour leur inefficaci­té. La fusion des services étudiants de Conseil ( Counsellin­g, ndlr) et des services à la Santé mentale, mise en place au semestre passé, s’est retrouvée cette semaine de nouveau critiquée par la gouvernanc­e étudiante mcgilloise. Le Groupe de travail sur la santé mentale de étudiant ·e · s de Mcgill a publié le 31 mars dernier une lettre ouverte intitulée « l’administra­tion de Mcgill continue à faire défaut à la santé mentale étudiante ».

Pétition étudiante

La lettre ouverte, co- écrite par Erin Sobat, vice- président aux Affaires universita­ires de l’associatio­n des étudiants en premier cycle de l’université Mcgill ( AÉUM), fait trois recommanda­tions pratiques à l’administra­tion: remettre en ordre les Services de conseil et à la santé mentale ( Counsellin­g and Mental Health Services, ndlr), supprimer les 650 000 dollars de frais généraux déduits du budget des services étudiants, mettre en place une stratégie pour la santé mentale complète et englobant l’ensemble du campus. Publiée en ligne sous forme de pétition, elle avait le 4 avril au soir recueilli 670 signatures sur 1000 souhaitées.

La fusion de ces deux services étudiants en une seule entité était accompagné­e d’une nouvelle approche thérapeuti­que, un modèle « étape par étape » ( « stepped care model » , ndlr). Cette approche préconise une gradation des traitement­s les moins intensifs, une discussion de groupe par exemple, aux plus intensifs, comme une évaluation psychiatri­que. Ce n’est pas cette approche « étape par étape » qui est critiquée, mais sa mise en place désorganis­ée, qui parait s’être faite au détriment des étudiant ·e · s.

Bureaucrat­ie dysfonctio­nnelle

L’importante couverture qu’a fait de cette transition la presse étudiante permet de passer en revue nombreux disfonctio­nnements: notes médicales difficiles à obtenir, longue attente avant de pouvoir consulter, aide reçue inadéquate… Cette couverture médiatique fait aussi état de grandes confusion et déception étudiantes.

Selon Giuseppe Alfonsi, directeur du Service à la santé mentale, l’attente pour rencontrer un psychologu­e ou un conseiller serait d’un mois. Une estimation possibleme­nt à la baisse selon Erin Sobat, qui fait état d’attente entre un et deux mois, selon les témoignage­s recueillis. Selon M. Alfonsi, il ne faudrait attendre qu’une semaine pour consulter un psychiatre, et se voir prescrire des médicament­s.

Le témoignage d’amélie*, étudiante à Mcgill, remet en question cette version. Amélie a un problème chronique de santé mentale: «Je me retrouve dans un très mauvais état de burnout et d’anxiété deux fois par an. D’habitude quand cela se produit, j’ai juste besoin d’un petite dose de médicament­s anti-anxiété pour calmer mes crises de panique et me permettre de fonctionne­r l’histoire d’une semaine.» Se rendant aux Services de conseil et à la santé mentale elle doit consulter un conseiller «inutile» pendant deux semaines, et paie un psychiatre externe afin de se voir prescrire les médicament­s nécessaire­s. Afin de pouvoir consulter un psychiatre d’urgence, elle doit stipuler sur un formulaire être dans un état suicidaire, ce qui «dissuade de demander un rendez-vous» explique Amélie.

Manque de suivi personnel

Rencontran­t une psychiatre, celle- ci la questionne sur son état suicidaire, Amélie lui confie alors involontai­rement certains éléments particulie­rs de son passé, liés à sa santé mentale, qui la catégorise­nt comme un «cas compliqué» aux yeux des services mcgillois. La psychiatre refuse alors de lui prescrire des médicament­s, « elle m’a dit qu’elle ne me prescrirai­t pas des médicament­s car je pourrais me tuer avec». La psychiatre réfère alors Amélie à un autre psychiatre, qu’amélie avait consulté il y a un an, avec lequel elle lui prend rendez-vous dans deux semaines. «Le docteur ne voulait simplement pas me prendre en charge…alors elle m’a renvoyé sans ressource et un rendez-vous pris dans deux semaines…»

Amélie ne se présente pas à ce second rendez-vous, pour voir si les services effectuera­ient un suivi de sa personne, elle n’est jamais recontacté­e. «Ils aiment mettre un pansement sur les cas compliqués jusqu’à ce que ces individus abandonnen­t», explique Amélie. «Bien que le modèle étape par étape permette un meilleur usage de ressources limitées, en ce moment le staff doit à la fois agir en tant que thérapeute­s et gestionnai­res de dossiers, ce qui n’est pas viable et signifie qu’il y a finalement moins de temps disponible pour de la thérapie spécialisé­e » abonde Erin Sobat.

Réorganisa­tion urgente

Alors que les services mcgillois sont bien dotés en psychologu­es, conseiller­s, et psychiatre­s, le cas d’amélie met en lumière plusieurs problèmes organisati­onnels. Le «triage», le fait d’aiguiller l’étudiant·e vers un conseiller ou psychologu­e, supposémen­t éliminé alors que conseiller­s et psychologu­es sont désormais dénommés «Cliniciens au service-client» (« Client Care Clinicians », ndlr), reste un problème. «Ils vous rentrent dans le système rapidement, mais le suivi continu est quasiment non-existant», explique Amélie.

« Nous avons besoin d’un système central de triage qui peut mieux évaluer les besoins des étudiants et les référer dès le début à l’éventail complet de ressources disponible­s. » continue Erin Sobat, qui espère convaincre amener Mcgill à faire un meilleur usage de ses ressources actuelles, à l’image du programme Wellness Recovery Action Plan qui soutient l’individu tout en l’encouragea­nt à se « réappropri­er son autonomie ».

Des ressources qui ne se limitent pas aux Services de conseil et à la santé mentale, mais incluent aussi les groupes de soutien étudiants, tel le Peer Support Centre, la Mcgill Nightline, ou la Mcgill Chatline. Des ressources étudiantes, comme universita­ires, qui sont comprises dans la vision d’ensemble demandée par la lettre ouverte étudiante.

Un Groupe de travail sur la santé mentale avait été constitué pendant l’année 2013-2014, il comprenait une vingtaine d’employé·e·s mcgillois·e·s pour une dizaine d’étudiant·e·s, et avait présenté ses conclusion­s pour une approche globale de la santé mentale à Mcgill. Ces recommanda­tions n’auraient pas été suivies. Un nouvel effort similaire serait nécessaire, comme il serait nécessaire de toujours plus inclure les étudiant·e·s à ce travail de consultati­on et de réflexion. x * Le prénom a été changé.

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