Le Délit

Un fédéralism­e européen?

La relation politique entre le Québec et le Canada est ambiguë.

- juliette mamelonnet

L’histoire du Québec est profondéme­nt lié à la recherche d’une reconnaiss­ance: depuis la conquête de la Nouvelle-france en 1763 par les Canadiens anglophone­s, suite à la bataille des plaines d’abraham, il n’a cessé d’être question pour les «canadiens français» — aujourd’hui québécois — de faire valoir leurs droits et leur culture. Cependant, la seule province francophon­e étant le Québec, il a toujours été difficile de faire entendre la voix québécoise. Celle-ci, a toujours couru le risque d’être submergée par celle des anglophone­s, ces derniers voulant davantage servir leurs propres intérêts.

Cependant, à partir de 1960, les choses changent au Québec et le contexte dans lequel s’inscrit la Confédérat­ion canadienne est transformé. Le Québec n’est plus une province composée de canadiens français pauvres, catholique­s et cultivant la terre; dans les années 1960 commence la Révolution tranquille: après le «baby boom», la population francophon­e grandit. L’ouverture de l’université de Montréal et de L’UQAM permet la formation d’une élite intellectu­elle francophon­e : 70% de la population québécoise est désormais urbaine. Par conséquenc­e, en parallèle à cet essor démographi­que urbain et culturel, nait une nouvelle idéologie populaire: celle du développem­ent. Le Québec — après avoir longtemps réclamé son indépendan­ce — désire le respect et la conservati­on de sa culture singulière. Cette idéologie est un nationalis­me considéré comme modéré. Conscient de son histoire, le Québec, tient à ses origines et à sa culture pour laquelle il s’est tellement battu. Néanmoins, le Québec tient à son ouverture d’esprit et est partisan de l’intercultu­ralisme. Les québécois pensent que la préservati­on de la culture ne doit pas entraver le développem­ent économique et l’accompliss­ement du rayonnemen­t québécois. Depuis les années 60, le Québec a pris conscience de sa valeur, de ses capacités, et ne veut en aucun cas régresser vers un conservati­sme rural catholique.

Par contre, comme le Québec est une province ayant une culture minoritair­e au sein de la fédération, le gouverneme­nt fédéral canadien pourrait aller à l’encontre des intérêts des québécois. Ainsi, le premier ministre du Québec, en 1980, a tenu à demander à ce dernier l’octroi de droits en raison de son statut particulie­r. Le Québec veut pouvoir faire ses lois, percevoir ses impôts, établir ses relations extérieure­s (avec l’immigratio­n, par exemple), tout en maintenant une associatio­n économique comprenant l’utilisatio­n de la même monnaie que le Canada.

La Révolution tranquille a permis au Québec de s’affirmer en tant que nation et culture. Contrairem­ent au reste du Canada, qui perçoit le fédéralism­e à la manière de Pierre Elliott Trudeau ou Macdonald, les Québécois conçoivent le fédéralism­e à la manière de l’union Européenne: ce n’est rien d’autre qu’une entente entre gouverneme­nts et cultures fortes dans un but de développem­ent économique. x

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