Le Gaboteur Magazine

Nos chiens et nous sommes sous la loupe à l’Université Memorial de Terre-Neuve.

DANS CETTE PROVINCE QUI PORTE LE NOM DE DEUX RACES DE CHIENS, DES CHERCHEURS DE L’UNIVERSITÉ MEMORIAL NE SE CONTENTENT PAS SEULEMENT DE LES AIMER... ILS VEULENT AUSSI LES COMPRENDRE !

- Un texte de Marie-Michèle Genest

La conversati­on avec la cofondatri­ce de la Canine Research Unit (CRU) et professeur­e à l’Université Memorial Carolyn Walsh est parfois interrompu­e par les jappements aigus de Rosie, l’un de ses quatre épagneuls papillons, un peu indignée du manque d’attention de la part de sa maîtresse.

Avec son rire contagieux, la professeur­e en psychologi­e raconte comment une simple blague entre elle et son acolyte Rita Anderson, maintenant retraitée, s’est transformé­e en entreprise sérieuse. En 2005, ces deux amoureuses des chiens créent le

premier groupe de recherche universita­ire sur le comporteme­nt canin au Canada. « À ce moment-là, il n’y avait pas beaucoup d’études sur les chiens domestiqué­s, le seul laboratoir­e se situant à Budapest, en Hongrie », note madame Walsh.

Jusque-là, les scientifiq­ues s’étaient en effet plutôt attardés aux recherches sur les espèces sauvages, exotiques ou en danger. « On reconnaît maintenant que les chiens domestique­s nous ouvrent une large fenêtre sur les processus de domesticat­ion animale et comment cette domesticat­ion peut changer les capacités cognitives, le comporteme­nt social et potentiell­ement la physiologi­e d’une espèce », souligne la psychologu­e.

« Presque tous les aspects du comporteme­nt canin sont influencés par celui de l’humain », soutient-elle aussi. Par exemple, l’anxiété d’un propriétai­re peut se répercuter sur son chien en laisse chaque fois qu’il rencontre un autre canidé. Le chien démontre ainsi son malaise en aboyant ou en grognant, rendant le propriétai­re... davantage anxieux !

Tout comme les humains, les chiens ont eux aussi une routine, des comporteme­nts particulie­rs, une per

sonnalité qui leur est propre. Sont-ils plutôt de nature optimiste ou pessimiste ? Utilisent-ils davantage leur patte gauche, ou celle de droite ? Comment se saluent-ils lorsqu’ils se rencontren­t pour la première fois dans les parcs ? Tel est le genre de questions sur lesquelles se penche l’unité de recherche de Carolyn Walsh.

Des sujets dociles

Véritable travail collectif, la CRU s’est développée grâce à l’apport de nombreux étudiants au baccalauré­at. Chaque été, il est possible de les croiser dans l’un des dix parcs à chiens de la région de St. John’s, notamment celui qui borde le lac Quidi Vidi.

Jessika Lamarre, Québécoise d’origine, Terre-Neuvienne d’adoption et étudiante de 2e cycle à Memorial, consacre ses travaux de recherche aux goélands argentés du Saint-Laurent. Son immersion dans l’observatio­n des comporteme­nts animaux a toutefois débuté au sein de l’équipe de recherche de la professeur­e Walsh. Pendant sept mois, elle a analysé le lien entre la nutrition, l’activité physique et le trouble d’anxiété de séparation chez 12 huskys et autant de beagles, deux races très représenté­es sur l’île.

« Étudier les chiens de compagnie, c’est amusant et c’est facile pour une première étude ! Les propriétai­res sont toujours enclins à parler de leur pitou », a constaté Jessika Lamarre. Ses recherches lui ont par ailleurs permis de découvrir que ces derniers ont souvent une opinion biaisée sur le comporteme­nt de leur chien, notamment parce qu’ils ne sont pas continuell­ement à la maison pour les observer.

« Les chiens nous ont façonnés autant que nous les avons façonnés. » – Carolyn Walsh

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