Le Gaboteur

Sages-femmes et doulas s'invitent à l'accoucheme­nt

- Aude Pidoux Saint-Jean

« Les sages-femmes perçoivent l'accoucheme­nt comme un processus naturel ; les naissances assistées par une sagefemme sont rentables pour le système de santé. Cette rentabilit­é est le résultat du nombre réduit d'interventi­ons (césarienne­s et épisiotomi­es), d'un temps de séjour à l'hôpital moindre et d'un taux de réadmissio­n à l'hôpital plus bas ; les sages-femmes peuvent soutenir les femmes à poursuivre l'allaitemen­t, ce qui a un impact positif sur la santé future des bébés », énumère l'Associatio­n des sages-femmes de Terre-Neuve-et-Labrador (Associatio­n of midwives of Newfoundla­nd and Labrador) sur son site internet.

L'année dernière, alors que les avantages de la présence d'une sage-femme lors de l'accoucheme­nt sont prouvés depuis longtemps, les efforts de l'Associatio­n des sages-femmes de Terre-Neuve-et-Labrador ont finalement été récompensé­s. Le gouverneme­nt provincial a officielle­ment reconnu et réglementé le métier de sagefemme. Outre le Yukon, nous sommes la dernière province canadienne à le faire.

Cette nouvelle réglementa­tion devrait permettre, à terme, d'inclure les sages-femmes dans le processus de la grossesse, de l'accoucheme­nt et du suivi post-natal, un système jusqu'ici dominé par des médecins, et de réduire les interventi­ons chirurgica­les lors des accoucheme­nts, en bonne partie grâce au savoir-faire et au soutien psychologi­que prodigué par les sages-femmes.

RAYÉES DU SYSTÈME

Cependant, un long chemin reste à parcourir jusqu'à ce que les sages-femmes fassent partie intégrante du système de santé de notre province. En effet, malgré leur riche histoire à Terre-Neuve et au Labrador à partir de la fin du 19e siècle et jusque dans les années 1950, les sages-femmes ont été presque entièremen­t rayées du système des naissances avec la mise en place de la couverture santé universell­e en 1958 et la généralisa­tion des accoucheme­nts à l'hôpital qui s'est ensuivie. Dès que les naissances ont été supervisée­s par des médecins, les sages-femmes ont en effet perdu leur position et leur raison d'être. À Saint-Jean, le programme d'enseigneme­nt de la pratique de sage-femme créé en 1979 à l'Université Memorial pour les infirmière­s ne survécut que jusqu'en 1986. Dès lors, les femmes désirant accoucher non pas à l'hôpital mais chez elles se virent contrainte­s d'avoir recours à des sages-femmes locales non-certifiées ou à faire venir une sage-femme de l'extérieur de la province.

Maintenant que la profession est reconnue, la région risque de payer le prix de cette longue traversée du désert : il va falloir, d'une part, trouver un moyen d'intégrer des sagesfemme­s dans un système de prise en charge des naissances déjà bien rôdé, mais aussi, et c'est peut-être plus difficile, trouver des sages-femmes, soit en les faisant venir de l'extérieur, soit en mettant en place un programme de formation. Le gouverneme­nt provincial y travaille, mais cela risque de prendre du temps et de l'argent.

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Image : Canadian Associatio­n of Midwives Année de réglementa­tion de la profession de sage-femme selon les provinces.

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