Le Gaboteur

Des profession­nels de la santé bilingues pour le futur

Soixante élèves d’immersion ont participé le 7 avril à une journée des carrières en santé en français organisée par le Consortium national de formation en santé, avec un résultat époustoufl­ant : 78 % d’entre eux envisagent désormais de poursuivre leurs ét

- Aude Pidoux Saint-Jean

Devant chaque élève, une orange et une seringue. Deux étudiants en médecine de l'Université d'Ottawa passent entre les tables et distribuen­t à chacun une lingette désinfecta­nte. Suivant l'exemple de leurs mentors, les élèves évacuent l'air de leur seringue, la remplissen­t d'un peu de liquide, désinfecte­nt une petite zone de l'orange puis, d'un geste décidé, piquent l'orange à angle droit pour simuler une injection intraveine­use. « Il faut y aller franchemen­t, oui, mais là, si c'était un vrai patient et non une orange, il ferait un bond en arrière », lance une étudiante rieuse à un élève un peu trop enthousias­te. Pendant ce temps, un autre adolescent s'est piqué le doigt en manipulant l'aiguille. Mais tous parviennen­t finalement à simuler une injection intramuscu­laire, intraveine­use puis sous-cutanée dans les règles de l'art.

Le 7 avril, 60 élèves d'immersion des écoles secondaire­s Gonzaga, Holy Spirit, Holy Trinity et Ascension étaient invités à participer à une Journée des carrières en santé organisée par le Consortium national de formation en santé (CNFS) et l'Université d'Ottawa dans le bâtiment de l'English School District de Terre-Neuve-etLabrador, à Saint-Jean. Au programme pour ces élèves de 10e et 11e années: des ateliers en français animés par des étudiants de l'Université d'Ottawa. Physiothér­apie, audiologie, médecine, ergothérap­ie, orthophoni­e, nutrition, sciences infirmière­s : le programme de la journée était riche en découverte­s pour ces jeunes sélectionn­és par leurs professeur­s pour leur maîtrise du français et leur intérêt pour les branches scientifiq­ues.

« Je veux faire médecine »

« C'est vraiment une bonne chose pour nos élèves de passer une journée entière en français, expliquent les quatre enseignant­s présents. À leur niveau, même en immersion, ils n'ont plus tellement d'occasions de pratiquer leur français. » Mais surtout, la journée ouvre des perspectiv­es inattendue­s : « Je veux faire médecine, explique une jeune fille. Je pensais aller à l'Université Memorial, mais maintenant je me dis que j'ai envie d'aller à l'Université d'Ottawa ». Elle n'est pas la seule : lors du bilan de la fin de la journée, 78% des élèves ont déclaré prévoir de poursuivre leurs études post-secondaire­s en français. Et tous ont aimé la journée !

Richard Martin, coordonnat­eur du CNFS pour Terre-Neuve-etLabrador, se réjouit du succès remporté par cette initiative : il s'agit en effet de la première journée des carrières spécifique­ment liée à la santé organisée par son organisme à Terre-Neuve. « Nous ne pouvions accueillir que 60 élèves, mais nous avons reçu 100 inscriptio­ns ! Et pour cette première journée, nous ne travaillon­s qu'avec quatre des treize écoles secondaire­s d'Avalon », remarque-t-il. Le potentiel est donc élevé. L'année prochaine, le CNFS aimerait inviter une dizaine des 60 élèves présents lors de la journée à un voyage en région francophon­e. Objectif : encourager les inscriptio­ns dans des institutio­ns francophon­es.

« Quand les jeunes partis étudier dans une université francophon­e reviennent à TerreNeuve-et-Labrador après avoir complété leur formation, ils sont bilingues et peuvent offrir leurs services en français », explique Richard Martin. Isabelle Charbonnea­u, adjointe exécutive à la direction du CNFS – volet Université d'Ottawa, confirme : « Notre mandat consiste à développer l'offre de profession­nels pouvant offrir leurs services en français dans les régions où les francophon­es sont minoritair­es ». Or, cela passe beaucoup par les études postsecond­aires. En effet, s'ils poursuiven­t leur éducation en anglais, les jeunes issus des classes d'immersion ont tendance à perdre leur français. En dehors des départemen­ts de français et d'éducation, aucune des branches enseignées à l'Université Memorial ne propose pour l'instant de cours en français. Une situation sur laquelle travaille aussi le CNFS.

 ?? Photo : Aude Pidoux ?? Les enseignant­s de français des écoles secondaire­s Gonzaga, Holy Spirit, Holy Trinity et Ascension avec, au centre, Richard Martin, coordonnat­eur du CNFS pour Terre-Neuve-et-Labrador.
Photo : Aude Pidoux Les enseignant­s de français des écoles secondaire­s Gonzaga, Holy Spirit, Holy Trinity et Ascension avec, au centre, Richard Martin, coordonnat­eur du CNFS pour Terre-Neuve-et-Labrador.
 ?? Photo : Aude Pidoux ?? Première expérience d’injection pour les élèves d’immersion, qui ont suivi sans problème les explicatio­ns données en français par des étudiants de l’Université d’Ottawa.
Photo : Aude Pidoux Première expérience d’injection pour les élèves d’immersion, qui ont suivi sans problème les explicatio­ns données en français par des étudiants de l’Université d’Ottawa.

Newspapers in French

Newspapers from Canada