À la défense de l'éducation en français
En parcourant l'édition du 13 mars 2017, je me suis arrêtée brusquement en lisant le titre de l'article « Nathalie Pender : Le programme d'immersion française est un système extraordinaire ». Je dois avouer que j'étais curieuse alors je me suis mise à lire l'article. Cependant, plus je lisais, plus je me fâchais. Je m'explique…
Je suis présidente du Comité de parents de l'ouest du Labrador depuis plus de 5 ans et je passe mon temps à défendre l'éducation en français. L'article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés me permet d'envoyer mes enfants à l'école francophone. Habitant dans une communauté où le français est une minorité, c'est un défi de m'assurer que mes enfants apprennent un français correct. En dehors des heures d'école, tout est en anglais alors c'est à moi que revient le travail d'apprentissage de la langue et de transmission de la culture francophone.
Je comprends que le programme d'immersion est un programme idéal pour les enfants de tout parent qui n'est pas ayant droit, mais quant à dire que c'est un système extraordinaire, je pense que c'est exagéré. Madame Pender avoue elle-même que ses enfants ne sont pas bilingues. J'entends souvent des gens dire qu'ils ont passé dans le système d'immersion, mais ils ne sont pas capables de parler un mot de français. Où se trouve le côté extraordinaire? Ne serait-il pas plus juste d'indiquer que le programme d'immersion est adéquat?
L'immersion française est un programme de la majorité. Il n'a pas été conçu avec la transmission de la culture comme objectif. Les parents se sont battus férocement pour que voie le jour un programme de français langue première dans notre province. Si le programme d'immersion était si extraordinaire, ne pensez-vous pas que ces mêmes parents se seraient épargné tous ces efforts?
Je ne reproche pas au journal de parler de la réalité de tous les francophones de notre province. Ce que je lui reproche, c'est de louer dans un grand titre un programme tout à fait ordinaire et insuffisant pour faire vivre le français. Si c'était le cas, vu l'intérêt pour l'immersion et le nombre de gradués depuis sa mise en place, nous devrions vivre dans une province bilingue. Je crois qu'il est évident que c'est loin d'être le cas.
Sur votre site web, il est expliqué que Le Gaboteur est utilisé comme matériel pédagogique dans les écoles de la province et je sais qu'au Centre éducatif l'ENVOL, les professeurs s'en servent. Il ne faudrait pas que nos jeunes assez vieux pour lire ces articles soient encouragés de changer de l'école francophone au programme d'immersion. Nous avons déjà de la peine avec la rétention au niveau secondaire.
Bravo à Madame Pender d'avoir, avec les moyens à sa disposition dans sa région, choisi la seule option possible pour que ses enfants acquièrent une base de leur langue maternelle. Il est désolant que ceuxci pourront dire à leurs propres enfants que leur grand-maman était une Française… en anglais, évidemment. Comité de parents francophones de l’ouest du Labrador