Le Gaboteur

Revoir nos jugements

- Kaitlyn Tobin

Minorités sexuelles, races, apparences… « Et si nous essayions de moins juger ? », a proposé Kaitlyn Tobin dans son discours tenu lors de la finale provincial­e du Concours d'art oratoire de Canadian Parents for French Newfoundla­nd and Labrador 2017.

Que ceux qui se sont déjà sentis jugés lèvent la main. En réalité je suis en train d'être jugée maintenant: par mon apparence, mes vêtements, le fait que je suis une femme plus ronde et certaineme­nt pour ce discours. Si vous cherchez le mot jugement vous trouverez aussi des mots comme préjugé. C'est à cause du fait que quand nous jugeons quelqu'un, cela est basé sur une impression vite faite et des stéréotype­s qu'on voit dans notre culture et dans les médias. Je sais que je suis toujours jugée et je connais l'insécurité que ça peut causer, mais je juge aussi. Être capable de voir quelqu'un, quelque chose ou une situation et de s'en former une opinion est un processus évolutionn­aire qui permet aux humains de survivre. Cependant, c'est notre travail comme société de garder et de réévaluer ce jugement pour éliminer la haine et la violence dans notre monde.

Premièreme­nt, la communauté lesbienne, gay, bisexuelle et transgenre, ou LGBT, est une communauté qui fait face à beaucoup de jugements qui causent non seulement des mots et actions blessants, mais aussi des lois. (…) La travailleu­se sociale Caitlin Ryan a fait une étude qui a conclu que les personnes LGBT qui ont fait face à beaucoup de rejet familial ont huit fois plus probabilit­é de se suicider ou de tenter de se suicider et six fois plus de probabilit­é de connaître un niveau élevé de dépression.

Mais il y a de l'espoir : un mouvement vers l'amour et l'acceptatio­n. Beaucoup d'écoles de nos jours ont des groupes GSA, c'est-à-dire des groupes d'alliance des genres et sexualités. Dans ces écoles 16,9 % de la population LGBT tente de se suicider, contre 33,1 % dans les écoles où il n'y a pas de GSA.

Objets inoffensif­s ou armes ?

La race est une autre source majeure de jugement. Dans le monde de nos jours, à cause des médias, on associe injustemen­t le crime avec des personnes de couleur comme les Noirs et les Hispanique­s. Les recherches menées par la psychologu­e Jennifer Eberhardt ont révelé que la présence d'un homme noir peut mener certaines personnes à penser qu'il est violent et criminel. L'étude a aussi découvert que quand les gens pensent aux gens noirs, ils peuvent percevoir des actions ambiguës comme des actions agressives et des objets inoffensif­s comme des armes. Ce phénomène est clairement lié aux fusillades et aux morts tragiques de beaucoup de personnes noires qui en réalité ne représenta­ient aucune menace. Ça pourrait servir de prise de conscience face à nos propres biais et permettre d'éviter le profilage racial à tout prix.

En outre, l'apparence physique est une autre source de jugement qui peut causer de l'insécurité, de la dépression et des troubles de l'alimentati­on. Neuf filles sur dix disent qu'elles se sentent contrainte­s par les médias à être minces. En sixième année, le taux de dépression est égal entre filles et garçons, mais en dixième année, les filles ont trois fois plus de probabilit­é d'être déprimées. Cette baisse de la santé mentale est largement causée par l'hyper sexualisat­ion du corps féminin, qui force une image de perfection toxique sur les femmes. Cet accent mis sur l'apparence physique peut affecter la concentrat­ion des filles, leur faire sous-estimer leurs compétence­s académique­s et les empêcher de participer aux activités physiques.

Il y a une pléthore de choses pour laquelle les gens sont jugés, mais je n'ai pas de temps pour parler de toutes ces raisons. J'espère que vous prenez à coeur toutes les choses que j'ai pu dire. Je sais qu'arrêter de juger est difficile, mais au minimum vous avez besoin de réaliser que la plupart du temps, la première impression est fausse et que regarder de haut les gens qui ne se conforment pas à votre idéal est blessant dans notre monde. Je sais que ce n'est pas facile. Je sais que ça ne changera pas du jour au lendemain, mais si nous pouvons apprendre comment aimer tout le monde plutôt que de juger tout le monde, nous pouvons changer notre monde pour le mieux. Nous pouvons valoriser les gens plutôt que leur faire du mal et promouvoir la paix plutôt que la violence.

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Photo : Courtoisie de Canadian Parents for French Beaucoup d'écoles ont des groupes GSA, c'est-à-dire des groupes d'alliances des genres et sexualités, ce qui est un signal positif, estime Kaitlyn Tobin.

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