Plusieurs ressources disputées entre Terre-Neuve-et-Labrador et le Québec
Dans son discours célébrant le renouvellement de l’Accord sur la francophonie entre Terre-Neuve-et-Labrador et sa province, le ministre québécois Jean-Marc Fournier a glissé quelques mots sur des collaborations possibles entre les deux provinces autour de
Parlez-nous de cette collaboration Terre-Neuve-et-Labrador - Québec abordée le 11 décembre pour le secteur minier.
La frontière Québec - TerreNeuve-et-Labrador chevauche une fosse, autrement dit un sous-sol qui est des deux côtés pour lequel il y a des intérêts miniers: c'est la fosse du Labrador. L'objectif des premiers ministres Philippe Couillard et Dwight Ball, convenu l'été dernier au Conseil de la Fédération, a été de voir comment ils pouvaient travailler ensemble à mettre en valeur l'exploration et l'exploitation de cette fosse. Il y a donc des équipes de chaque gouvernement qui sont en train d'analyser comment on peut travailler ensemble pour la mettre en valeur. Cela veut dire maximiser l'attraction d'investisseurs pour créer des emplois dans le domaine minier dans la fosse du Labrador. C'est aussi simple que ça.
Sur quel type d'infrastructure porterait cette collaboration ? Exploiter ça veut dire des accès routiers, des chemins de fer et autres. Il s'agit donc de voir comment on peut se mettre ensemble pour que chacun y gagne; plutôt que de multiplier des infrastructures chacun de son côté. Peut-être qu'on est capable de partager des infrastructures pour que tout le monde y gagne : le Québec a convenu de terminer la route 138, la province de Terre-Neuve-et-Labrador la 510. Le but ? Essayer de mettre nos routes en plus grande interconnexion pour favoriser des interactions plus nombreuses : on est voisins; on devrait multiplier ce genre de choses.
Il y a pourtant encore des conflits entre ces deux voisins, par exemple sur l'hydroélectricité...
Ma position personnelle est connue: l'avenir devrait être regardé de façon gagnant-gagnant. On ne doit pas regarder juste le passé, il faut regarder l'avenir. Il y a toujours une cause devant la Cour suprême du Canada de Nalcor contre Hydro Québec, d'ailleurs elle a été plaidée très récemment. On ne va pas s'immiscer dans une affaire devant la justice mais forcément après la Cour suprême, il n'y en a plus d'autres après. A partir du jour où le jugement sera rendu, je crois qu'il serait donc utile qu'on puisse regarder des formules gagnant-gagnant.
Je comprends très bien la réaction à Terre-Neuve-et-Labrador : on peut avoir des façons de voir le dossier qui sont différentes, ça veut pas dire qu'on n'est pas au courant des réactions et des perceptions que cela crée dans les populations respectives. Maintenant il y a peut-être une opportunité de regarder l'avenir de façon différente que la façon dont on a regardé le passé.
Alors gagnant-gagnant ou les tribunaux ?
Il s'agit plutôt de se poser la question : est-ce qu'on se paralyse par les dossiers sur lesquels on n'est pas sur la même longueur d'onde au détriment de dossiers sur lesquels on serait sur la même longueur d'onde ? La fosse du Labrador, les routes, la francophonie, ce sont des dossiers qu'on est capable de faire avancer parce qu'on s'entend. Alors, là où on s'entend, donnons suite à nos ententes. Là où on ne s'entend pas, acceptons de suivre des processus qui sont ceux des tribunaux : en donnant du temps au temps.
Et le projet de gisement Old Harry, entre Québec, TerreNeuve-et-Labrador, et la Nouvelle-Écosse ?
C'est un projet excessivement complexe : on est en plein golfe du Saint-Laurent là. C'est un dossier qui n'est plus théorique certes, mais on est encore loin de l'exploitation et franchement j'espère que quand on en arrivera là, on sera capable de le regarder là aussi sous un angle de gagnant-gagnant. A l'avenir, chacun de ces projets énergétiques doit être regardé de manière à ce que chacun puisse y trouver un intérêt commun.
Comment définiriez-vous ce terme « gagnant-gagnant » ?
Je vais vous donner un exemple : malgré le conflit énergétique Nalcor-Hydro Québec, on a deux premiers ministres qui sont capables de s'entendre pour dire « lorsqu'on peut convenir de quelque chose qui est dans l'intérêt de nos populations respectives, faisons-le. » C'est le projet minier dont nous avons parlé. Je sais que c'est une position que monsieur Ball a présenté en premier et que monsieur Couillard partage cette approche. C'est que j'appelle en résumé des formules gagnant-gagnant.